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Critique : Les Adieux à la Reine
Après Au Fond des Bois sorti en 2010 avec Isild le Besco, film couronné pour la musique de Bruno Coulais, le cinéaste Benoit Jacquot revient mercredi prochain dans les salles avec un nouveau long-métrage.
Cette fois, le réalisateur s’intéresse (lui aussi) aux dernières heures de Marie Antoinette à Versailles. Mais plutôt que de se focaliser sur la reine, il va nous offrir le point de vue de sa liseuse en adaptant le roman éponyme de Chantal Thomas.
Critique royale.
Les Adieux à la Reine – Sortie le 21 mars 2012
Réalisé par Benoît Jacquot
Avec Léa Seydoux, Diane Kruger, Virginie Ledoyen
En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide, nobles et serviteurs s’enfuient… Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés.
Marie-Antoinette d’Autriche a été l’épouse du Roi de France Louis XVI. Personnalité controversée, connue pour ses dépenses et sa vie festive à la cour de Versailles, elle a eu droit à de nombreuses interprétations au cinéma. La première comédienne à avoir interprété le personnage était Louise Delamare en 1938 dans le film de Jean Renoir La Marseillaise et vous vous souvenez sans doute de Kirsten Dunst dans le film de Sofia Coppola sorti en 2006, version rock n roll et très anachronique.
Pour cette nouvelle interprétation, Benoit Jacquot s’est intéressé à l’entourage de la reine, choisissant d’adapter le roman de Chantal Thomas lauréat du Prix Fémina en 2002 racontant lui-même les dernières heures de Marie-Antoinette à Versailles.
On va donc suivre Sidonie Laborne, jeune lectrice royale et tout le film sera raconté de son point de vue. Le réalisateur de Au Fond Des Bois livre ici une sublime mise en scène, ne lâchant jamais son personnage principal. Passant de plans très serrés à des plans larges nous montrant Versailles (où le film a réellement été tourné pour la plupart des scènes), de scènes intimistes à d’autres ayant plus d’envergures, Jacquot s’amuse et met en valeur aussi bien les décors que les costumes d’époque, allant jusqu’à filmer certaines scènes à la lumière naturelle des bougie comme Kubrick en son temps.
Les plans serrés et le choix des cadrages offrent aussi un film sans esbroufe. On est dans la demeure royale, certes, mais ce sont d’abord les gens qui intéressent le metteur en scène, et pas seulement l’ambiance festive comme Sofia Coppola avait pu nous le montrer.

Sidonie est une jeune femme dévouée corps et âme à Marie Antoinette. Elle ne vit que pour elle et cette admiration sans borne va parfois un peu au-delà. Et s’il y avait un peu d’amour dans tout cela, de la même manière que la reine s’entiche de la délicieuse Gabrielle de Polignac ? Sidonie va être … confrontée à l’Histoire tout simplement, ne se doutant pas de ce qui est train de se mettre en marche à Paris, ne craignant pas la prise de la Bastille. Dévouée, d’un caractère bien trempé mais dont la passion pour l’Autrichienne va la rendre bien trop naïve… La Révolution est en marche, toile de fond d’une passion féminine mais pas seulement puisque les événements y sont bien expliqués et que le spectateur sait ce qu’il va se passer…
Sidonie, c’est Léa Seydoux. On s’est souvent gentiment moqué de la carrière américaine de la jeune comédienne, s’interrogeant sur ses choix. Mais quand elle en fait un bon, elle le montre. L’actrice vue récemment dans Mission Impossible porte le film avec brio, montrant dans un rôle à sa mesure qu’elle a beaucoup de talent. Face à elle, Virginie Ledoyen est discrète mais toujours aussi séduisante. Quand à Diane Kruger, elle est parfaitement à sa place et il suffit de revoir en plus Pour Elle de Fred Cavayé pour mesurer l’étendue de son talent.
Au final, Les Adieux à la Reine n’est pas une énième version de l’histoire de Marie-Antoinette à Versailles. Grâce à son point de vue, ses comédiennes et sa mise en scène, c’est un très beau film qu’il serait dommage de rater.
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