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La Proie : Rencontre avec Stéphane Debac

En juillet dernier, je rencontrais Stéphane Debac pour parler de son rôle dans le film Djinns de Hugues et Sandra Martin. On concluait alors l’interview sur son « prochain » film, La Proie.

A l’époque, le comédien avait été discret sur son rôle. Il me semblait donc normal qu’on se croise à nouveau pour en discuter maintenant puisque le film d’Eric Valette arrive dans les salles et que le public va faire la connaissance de Jean-Louis Maurel (voir ma critique).

Voici donc la 2e interview de Stéphane Debac réalisée il y a quelques jours à proximité de Montmartre.
La Proie sort le 13 avril.

Avant de parler de La Proie, je voulais revenir sur Djinns pour faire le lien avec notre précédente rencontre. Le film a été mal distribué, a eu des critiques mitigées. Quel bilan ca t’inspire ?
Les critiques et l’environnement médiatique post-sortie d’un film ne touchent en rien mon enthousiasme, donc je suis toujours aussi heureux et fier d’avoir fait ce film.
Après, je ne peux pas m’empêcher de regretter amèrement une distribution absolument nulle.
Le distributeur a d’abord vendu le film à l’étranger, ce qui sentait moyennement bon… Quand on commence par vendre un film à petits budgets dans d’autres pays avant même sa sortie sur notre territoire, et que celui-ci engrange un bénéfice intéressant, en tant que commerçant, il est naturel pour le distributeur de ne pas prendre le risque sur la France d’essuyer un échec commercial et de perdre donc de l’argent.
C’est dommage parce que le distributeur n’a pas été à la hauteur de l’énergie des réalisateurs Hugues et Sandra Martin, des producteurs, des acteurs et de l’équipe qui ont fait ce film à petit budget, « à crédit », si j’ose dire.
Je suis déçu mais le film a trouvé son chemin en DVD. Les ados se sont approprié Djinns et j’ai reçu des tas de mots très gentils de mômes qui ont vu le film, qui ont adoré. Il y a même une jeune fille qui m’a contacté car elle faisait un exposé dans sa classe sur Djinns.
C’est bien que le film fasse son chemin autrement. Je trouve qu’il est de qualité, d’ailleurs Eric Valette l’a vu et il m’a dit avoir trouvé le film super.
C’est dommage mais j’espère que Hugues et Sandra sauront rebondir et avancer, parce que c’est quand même une excellente carte de visite pour eux.

Comment peux-tu présenter La Proie ?
On peut voir ça comme une rencontre entre le Fugitif et Peur Sur La Ville. C’est un thriller d’action plutôt nerveux et à la fois original dans sa narration. Eric s’est inspiré d’un cinéma des années 70 qu’il aime pour mettre en images ce scénario d’aujourd’hui.

Et Jean-Louis Maurel alors. Qui est-il ?
Ah, Jean Louis ! Jean Louis, c’est un type ordinaire, qui se fond dans la masse, un garçon au dessus de tout soupçon. C’était intéressant de l’aborder comme tel, comme un monsieur tout-le-monde qui n’a pas le physique de l’horreur qui l’habite.
Jean-Louis, c’est un peu « méfiez vous de vos voisins qui vous invitent à un barbecue, on ne sait jamais ce qui peut se cacher derrière »

Est- ce que tu prends un plaisir particulier à jouer un personnage comme ça ?
Un plaisir immense ! C’est très jouissif parce qu’il y a, dans la première partie du film, une sorte de fébrilité, une forme de gentillesse. On dirait un petit oiseau tombé du nid. Mais c’est en fait la force des fous. Quand ses nerfs prennent le pas, il y a une sorte de force destructrice qui apparait. J’étais intéressé de jouer les différents niveaux du personnage. A la fois la façade sympathique et l’arrière boutique abjecte du personnage.

Qu’est ce que tu penses du personnage à l’écran ? Pour donner mon avis, et en mettant le coté sombre de coté, je l’ai trouvé assez insupportable dans son quotidien, maniéré et j’ai eu envie de lui foutre des baffes.
C’est cette quotidienneté un peu exacerbée et son rythme, débonnaire, lent qui font qu’on a envie de lui mettre des gifles. Il a un petit coté où il se fout tout doucement de la gueule des autres, il ricane sous cape. Je suis ravi que tu me dises ça, ça veut dire que ça transparait bien.

On est pas très loin par moment de la caricature… As-tu fait quelque chose pour éviter qu’on tombe dedans ?
Je ne suis pas d’accord avec le coté caricatural parce que c’est subjectif. On a donné un aspect visuel au personnage, avec son petit pull sur ses épaules, sa banane et ses Sebago aux pieds. C’est une dégaine que je connais, que j’ai vu quand j’ai grandi à Lyon en banlieue, en vacances…
On croise des types dans la rue qui sont des caricatures, de beau gosse, de gendre idéal, de bourgeois, de cagole pour les filles. On en croise tout le temps donc le personnage s’inscrit dans quelque chose qui nous parle avec Eric Valette. Il a voulu raconter un film dans un contexte de province, qui se passe dans un milieu « middle class » peu exploité dans le cinéma actuel.
Je n’ai donc pas essayé de me démarquer de ça, je suis solidaire de ce qui a été défini. Ca me plait beaucoup et, d’ailleurs, je suis venu aux essais avec des lunettes dans le genre de celles qu’il porte dans le film.
Après, je l’ai nourri d’autre chose pour qu’on oublie cette enveloppe au profit de choses plus intérieures.

J’ai eu l’impression en sortant de la salle qu’on tenait sans doute un méchant un peu inédit. Est-ce qu’il y a d’autres personnages qui t’ont inspiré ?
On me pose souvent la question. Moi, quand je travaille, je m’appuie sur mon imaginaire qui se nourrit de ce que j’ai vécu, de ce que je vois, de l’actualité de plein de choses. Mais je n’ai pas cherché à m’inspirer d’un serial killer ayant existé, je ne me suis pas documenté sur Fourniret par exemple. J’ai plutôt travaillé sur un degré d’absence de morale, sur sa capacité à séduire, à enrôler sous couvert d’une espèce de naïveté. Il trimballe un aspect inoffensif mais il le construit. Il fallait donc jouer quelqu’un joue. Je pense que Jean-Louis Maurel s’amuse beaucoup avec les gens qui l’entourent et ses potentielles victimes. Il joue un peu au con.
Pour moi, le méchants le plus charismatique, c’est Buffalo Bill dans Le Silence des Agneaux. On en parle jamais mais Ted Levine est un acteur énorme, qui aurait largement mérité l’oscar qu’a eu Jodie Foster pour le film. Mais pour autant, je ne peux pas m’inspirer de ça. Maurel est un vrai méchant français.

Comment es-tu arrivé sur le rôle ?
J’avais lu le scénario six moins avant que la production ne commence et je voulais le rôle, parce qu’il me plaisait beaucoup. Ensuite, mon agent a proposé à Luc Bossi, producteur et co-scénariste, qu’on fasse des essais. On a donc fait des essais avec Albert sous la direction d’Eric Valette. Ensuite, Eric a validé ma proposition avec le producteur et Studio Canal. J’étais évidemment très heureux au final d’être choisi !

Tu as le rôle le moins physique dans le film. Ça ne t’a pas manqué ?
Maintenant, je ne rêve que de ca. J’espère avoir cette chance un jour, courir, être poursuivi, poursuivre et me mettre au service de cette énergie-là. J’avais déjà cette envie avant Jean-Louis Maurel. J’ai un fantasme d’acteur, c’est de courir au cinéma. Cela peut paraître un peu pauvre dit comme ça, mais c’est une envie de gosse…
J’espère avoir l’occasion d’avoir un rôle physique un jour, on en reparlera.

Tenté par les cascades aussi ?
Ayant fait La Proie, j’ai vu que tout était encadré et qu’on pouvait s’amuser. On n’est pas là pour se faire mal et prendre des risques imbéciles. Ce serait absurde.
Regarder le travail d’Albert, et après avoir bavardé avec les cascadeurs, je me rends compte qu’on peut vraiment y prendre du plaisir. C’est suffisamment protégé et chorégraphié. Donc c’est quelque chose qui m’attire maintenant.

Comment s’est passée la collaboration avec Albert Dupontel ?
Très bien ! On a fait des essais ensemble et il a été un vrai bon partenaire disponible dès ce moment là. Sur le tournage, ca s’est extrêmement bien passé. Je crois qu’on s’est bien renvoyé le ballon. C’est pas quelqu’un a qui on tape dans le dos, ça tombe bien, je ne le fais pas trop. On a travaillé d’acteur à acteur. Ca s’est passé très simplement.

Et comment va Alice Taglioni ?
Elle va bien ! On a eu un joli fou rire ensemble. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, c’est une super fille que je suis très content de revoir de temps en temps au rythme de la promo du film et des quelques avants premières en province.

La Proie sort au moment où le cinéma d’action renait. Le genre te manquait ?
Oui ! Je suis de ceux qui se sont intéressés à des films avec Delon, Gabin ou Ventura mais gamin j’aimais les buddy movies, ces comédies d’action : Le flic de Beverly Hills, 48 heures, Le Fugitif…
Je suis content que ça revienne, comme si ce genre de cinéma avait enfin gagné une sorte légitimité. C’est pour d’autres genres pareil, on le voit avec les comédies comme Tout Ce Qui Brille présent aux Césars par exemple… Cette diversité est très rassurante mais aussi portée par un souffle générationnel. Les réalisateurs comme Valette, Richet ou Cavayé font le cinéma qui leur plait. J’espère que ça durera et que d’autres genres trouveront aussi leur place, sans que le spectateur ait besoin de voir un film étranger pour trouver son compte.

Un souvenir particulier du tournage ?
La scène du tunnel quand je pars à la recherche de la jeune fille. C’est le moment où j’étais les mains dans la merde par rapport à Maurel. Ce n’est plus le gentil gars qui joue au con, c’est du premier degré, avec l’objectif de choper cette fille. En plus il y va calmement, déterminé. C’était d’ailleurs un moment que j’étais impatient de tourner parce que ça montre cette facette du personnage, ça permet d’aller au bout. On ne pouvait pas se contenter d’effleurer l’horreur.

Et si tu devais trouver un défaut au film ?
C’est difficile parce que je suis encore dans l’enthousiasme de la sortie et dans l’envie de partager mon plaisir avec les gens. J’aimerais vraiment t’en trouver un ! Je te propose qu’on s’en reparle au cours d’une prochaine interview, un peu comme tu l’as fait pour Djinns.

Tu fais une tournée en province pour La Proie. Comment est accueilli le film ?
Les gens prennent beaucoup de plaisir et passent un bon moment. L’ensemble fonctionne. Je suis très anxieux et excité d’aller en province. Ce sont les moments que je préfère, aller à la rencontre des gens…

Sans appréhension ?
Si . Toujours. On ne sait pas, le vent tourne vite…

Un mot sur La Croisière ?
Pascale Pouzadoux m’a proposé le rôle de Diego quand je débutai le tournage de La Proie. J’étais enthousiaste à l’idée de faire une comédie tout de suite derrière. Elle m’a proposé le rôle de chef de la sécurité du bateau qui court après un clandestin joué par Antoine Dulhéry. Je lui ai proposé que ce mec-là se prenne pour Bruce Willis, ce qui n’était pas écrit au départ. Retrouver le clandé du bateau devient donc son Die Hard. On a donc retravaillé le personnage en ce sens et je me suis beaucoup amusé à jouer ce décalage.
C’est une vraie comédie familiale qui n’a pas d’autre prétention que de divertir. C’est avec Charlotte De Turckheim, Nora Arnezeder, Armelle. Et Marilou Berry que j’ai eu le plaisir de rencontrer sur le bateau et qui est devenu une amie depuis.

Est-ce que tu as tourné depuis ?
Non, je n’ai pas tourné depuis La Croisière. Les propositions qu’on m’a faite ne m’ont pas enthousiasmé.

Du coup, des projets ?
Il y a un film sur lequel je me suis engagé réalisé par Samuel Tudela, un premier long-métrage, une comédie policière.
Je devrais retravailler avec Eric Valette sur un autre film, plus sec encore que La Proie, à côté duquel La Proie est un paquet de fraises Tagada. C’est dire !

Un coup de cœur ciné récent ?
Aucun ! Je n’ai pas vraiment vu de films récemment. Je consomme beaucoup de DVD.

Une attente alors ?
Je suis un nerd moi. Je ne peux pas m’empêcher d’aller voir des films de super héros ! Je pense que Thor va être bien pourri, au niveau du design, des fringues en latex… J’attends le X-Men et Captain America surtout. J’aime les adaptations de super héros. J’ai grandi avec Strange et les publications Semic.
Je regrette que ce ne soit pas dans la culture française, qu’on n’ait pas la légitimité d’en adapter.

Tu lis des comics alors ?
Moins aujourd’hui, mais J’aime beaucoup un artiste qui s’appelle Alex Ross, il a su créer un Superman quinquagénaire, rugueux… C’est un peu esthétisant, mais j’apprécie beaucoup son travail.

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2 Comments

  • par Florian
    Posté vendredi 8 avril 2011 16 h 44 min 0Likes

    Très bonne interview ! :) Faut faire la prochaine en axant sur le Comics ^^

  • par Pokies
    Posté vendredi 22 novembre 2013 16 h 26 min 0Likes

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