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La critique qui suit spoile la scène post-générique.
Venom contre Carnage au cinéma, c’est sûrement un fantasme de producteurs. Mais est-ce une envie de spectateur ? Déjà en 2007 Avi Arad pressait Sam Raimi d’introduire le symbiote dans un film qui n’en avait pas besoin. De l’eau a coulé sous les ponts jusqu’à la mise en chantier du premier volet de Venom, porté par Tom Hardy et mis en scène par Ruben Fleischer. Blockbuster générique au possible, dégueulant de VFX datant d’une autre époque, le film était raté. Ca ne l’a pas empeché de faire 850 millions de dollars au box office mondial, histoire d’inciter tout Sony à faire une suite. Ratée, elle aussi.
Que raconte la rencontre entre Venom et Carnage ? Y a-t-il des personnages charismatiques et des scènes d’actions mémorables, des rebondissements en série et un final grandiose ? Non, il n’y a rien. Il n’y a littéralement rien. Le film, scénarisé par Kelly Marcel et pour lequel Tom Hardy est crédité à l’histoire, nous brieffe vite fait sur le personnage qui deviendra Carnage. Woody Harrelson est un tueur en série dont la copine (Shriek, qui a un pouvoir autour du son) a été emprisonnée. Pour raconter son histoire avant d’être condamné à mort, il choisit Eddie Brock.
De là, découle un fantastique échange psychologie entre le journaliste et le prisonnier comme aurait pu l’écrire Thomas Harris. Non, on déconne. Pourquoi lui ? Pourquoi faire ? Rien, pardi. Il y a bien quelques pistes esquissées (un début d’enquête) mais rien n’aboutit jamais. La rencontre est juste un prétexte pour qu’Harrelson devienne Carnage. Pendant près d’une heure, on va voir des personnages discuter, discuter et discuter encore. Surtout Eddie Brock et Venom qui ne sont rien d’autre qu’un couple. Ils se chamaillaient, se séparent et se retrouvent comme un couple. Là aussi, il y a des tentatives de (Venom a besoin de manger des humains, ils pourraient donc manger des méchants) mais aucune idée ne va nulle part, si ce n’est au face à face.
Filmé sans âme, monté en dépit du bon sens, Venom Let There Be Carnage ne se rattrape même pas pour son action puisqu’il faut attendre 60 minutes pour voir les deux monstres s’affronter enfin, dans un final n’importe-quoi-esque où Andy Serkis va même réutiliser des plans plusieurs fois. On vous défie de nous dire qui est où dans la cathédrale où se déroule la scène et pourquoi certains personnages parfois agissent et parfois restent inertes. Et pour que le film réussisse comme le premier au box office, il faut qu’il soit tout public. Il n’y a donc pas une goutte de sang. Si au moins Serkis avait pu pousser les curseurs pour faire un film gore. Non, décidément, rien ne fonctionne.
Évidemment, il y a une scène post-générique. Évidemment, elle introduit Spider-Man, ce que Amy Pascale doit attendre depuis bien longtemps. Pour en faire quoi ? Nous, on mise sur une utilisation du multiverse pour rassembler les Sinister Six. Entre Venom qui sera donc de là partie, le Doc Ock version Raimi et probablement le Bouffon Vert, le retour d’Electro version Marc Webb, il y aura dans Spider-Man No Way Home la possibilité de monter une équipe de méchants à moindre frais, puisque la plupart d’entre eux ont été introduits dans des sagas précédentes.
Tout cela pour vous dire ne pas aller voir Venom Let There Be Carnage. Regardez plutôt la pluie tomber par la fenêtre. C’est plus divertissant.
Venom Let There Be Carnage, d’Andy Serkis – Sortie en salles le 20 octobre 2021