Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Under the Skin

Présenté ce dimanche en avant-première au Champs Elysées Film Festival, Under the Skin déboulera dans les salles le 25 juin prochain.

Sur le pied, le film a tout pour séduire. Imaginez 1h47 pendant lesquelles la sublime Scarlett Johansson incarne une créature venue d’ailleurs qui séduit les hommes pour mieux les faire disparaitre. La Mutante version cinéma indé, mise en scène par Jonathan Grazer qui a cherché d’avantage l’expérience sensorielle que le blockbuster sexy.

Reste à voir si le film tient ses promesses.

 

Les apparences sont souvent trompeuses, et particulièrement lorsqu’il est question d’Under the Skin. Il y est question d’une femme attirante qui ramène des hommes chez elle pour les faire disparaître. Trompées par l’apparence sensuelle de la femme, les victimes du film peuvent être comparées au spectateur, dont le pitch simple pourrait faire croire à une énième série B vaguement horrifique ou de SF, là où le nouveau film de Jonathan Glazer s’inscrit dans une envie d’utiliser le genre avec parcimonie à des fins plus humanistes et sensorielles. Vous êtes prêt à voir le monde avec un regard nouveau ?

On ne saurait dire précisément ce qu’est Scarlett Johansson dans le film, robot, extra-terrestre ou autre. Toujours est-il que cette « chose », dont la mission sur terre est d’attirer et tuer, débute le film en étant étrangère à l’expérience terrestre, et observe notre monde en essayant de le comprendre tant bien que mal. L’expérience acquise au fil des hommes croisés va l’influencer et déclencher de nouveaux enjeux par la suite mais on s’arrêtera là pour vous laisser la surprise.

Toujours est-il qu’Under the Skin se rêve en film ultra sensitif, jouant de la fascination du public pour son héroïne déphasée au point de vue vierge afin de nous immerger dans son univers autre, où la sensualité laisse place à un vide glaçant.
L’idée est loin d’être inintéressante, seulement Jonathan Glazer a mis en place un dispositif de mise en scène qui trouve très rapidement ses limites, en plus d’être parfois contradictoire avec ses intentions d’origines.
Le long-métrage est censé être un objet formellement obsédant, ce qui impose une rigueur dans chacun des cadres pour proposer constamment des images stimulantes et à la beauté certaine. Or une partie du récit a été filmée en caméra cachée, lorsque Scarlett traverse l’Ecosse en camion en demandant son chemin aux passants ou en traversant une rue bondée dans laquelle son véhicule gène les passants qui ne manquent pas de jeter des regards noirs à la conductrice, sans savoir qu’ils sont face à une actrice de renom et à un tournage. Cette quête d’authenticité se traduit par des images capturées avec de minuscules caméras dont le rendu est assez terne. Les cadrages figés, qui découlent des placements les plus discrets possibles des objectifs, appuient cette sensation d’une production sous contraintes, quasi documentaire, bien loin de l’objet plastique léché auquel prétend le film à d’autres moments.

Dans son générique d’introduction ou à chaque fois qu’ « Elle » ramène un homme dans son antre, Under the Skin joue la carte de l’épure totale, d’une esthétique dépouillée où le vide relatif des décors donne la sensation d’être véritablement dans un autre monde, un autre esprit, un autre temps, en tout cas un espace où l’imaginaire peut se projeter en toute liberté. Musique lancinante, lenteur des déplacements, et composition millimétrée, les scènes en question transforme l’érotisme en arme implacable. Pour les personnages du film du moins, tant le procédé s’avère froid et surtout répétitif.
Dans sa première demi-heure, le nouveau Jonathan Glazer montre 3 fois la même scène, sans changer d’un iota la formule, ce qui finit par vite provoquer l’ennui par la routine. Et quand l’intrigue bouge vers des thématiques existentielles et une recherche d’émotion, la réalisation manque de chien, ou en tout cas d’idées, pour traduire en image et en mouvement l’état psychologique de son personnage censé être le cœur grandissant du récit. Sans parler du peu de mythologie qui l’entoure à la base, trop schématique pour présenter un réel intérêt. Le reste du film repose alors sur les épaules de Scarlett Johansson, qui parvient d’un côté à jouer précisément le caractère perdu de son personnage, mais au prix d’un manque total de chaleur. Or, pour un personnage censé dégager une sexualité folle et captiver, cette attitude très fade limite l’identification et surtout la fascination qu’on est supposé avoir pour elle.
Excepté la toute fin du film où la bizarrerie revient au galop et prend une forme étonnante, tout le déroulement de Under the Skin se résume à une chasse au magnétisme, à l’envoûtement, à la séduction, sans jamais réussir à provoquer la moindre réaction.

Sous couvert d’une simplicité radicale dans son récit et son esthétique, Under the Skin cherche à provoquer l’hypnose pour nous plonger dans un état second proche de celui de son personnage. Manque de bol, le manque d’ardeur dont il fait preuve et sa tenue visuelle loin d’être aussi folle que prévue finissent par le rendre aussi prévisible que moribond. Reste une jolie coquille, laissant totalement indifférent…

 

Under the Skin – Sortie le 25 juin 2014
Réalisé par Jonathan Glazer
Avec Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay
Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître.

Voir les commentairesFermer

1 commentaire

Laisser un commentaire