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Critique : Un Monstre à Paris

La plupart des élèves fraichement diplômés des écoles d’animation françaises comme Les Gobelins ne rêvent que de traverser l’Atlantique pour aller travailler, si ce n’est chez Pixar, au moins pour Dreamworks.

Eric « Bibo » Bergeron, lui, a décidé de faire le voyage inverse après une expérience chez nos amis américains et de tenter sa chance dans l’Hexagone. Arrive donc Un Monstre à Paris, soutenu par Mathieu Chédid et Vanessa Paradis, aussi bien à la bande originale qu’au doublage vocal.

Malheureusement, si on en croit la critique d’Alex, la notion d’histoire à raconter s’est un peu perdue en route…

 

Un Monstre à Paris – Sortie le 12 octobre 2011
Réalisé par Eric Bergeron
Avec Vanessa Paradis, Mathieu Chédid, Gad Elmaleh
Dans le Paris inondé de 1910, un monstre sème la panique. Traqué sans relâche par le redoutable préfet Maynott, il demeure introuvable… Et si la meilleure cachette était sous les feux de « L’Oiseau Rare », un cabaret où chante Lucille, la star de Montmartre au caractère bien trempé ?

 

Ah l’animation française, un sous-genre presque à part entière tant on en voit régulièrement, avec en moyenne 3 ou 4 films par an. Et pourtant on peine à en retenir beaucoup : ces dernières années on se souvient de l’immense L’illusionniste, de Mia et le Migou, Chasseurs de dragons (passé inaperçu, malheureusement) ou de Persepolis. Et puis? Et puis pas grand chose : la majorité des films d’animations français tournent vers le médiocre, surfant sur la vague dépassée de Shrek (Blanche-Neige, la suite, Le vilain petit canard et moi…) avec une animation douteuse et un scénario à la mord moi l’noeud, ou encore Gros Luc et ses Minimoys. Quand Eric Bergeron annonce revenir sur les devants de la scène après Gang de Requins en 2004 et en France, un mélange de crainte et de joie arrive ici. En effet, comme montré juste avant, l’animation française n’est pas loin d’être désastreuse (on se souvient de l’attente engendrée par Prodigies et le résultat médiocre qui s’ensuivit), mais d’un autre côté, Bergeron a suffisamment de talent et d’expérience pour livrer quelque chose d’intéressant, surtout à la vue du premier teaser, qui révélait une ambiance très bohème.


Une fois n’est pas coutume, l’ensemble de nos attentes se sont avérées vraies. Un monstre à Paris n’est pas mauvais, mais n’est pas très bon pour autant. En effet, c’est bel et bien le scénario qui pose problème puisqu’il tient sur un timbre poste : après une expérience qui a mal tourné, un monstre sème la terreur à Paris et est en réalité gentil. Lucile le prend sous son aile et elle et ses amis Raoul, Emile et Maude vont tout faire pour prouver l’innocence de Francoeur (c’est le nom de la grosse bête) au maire de la ville le grand méchant Maynott. Le monstre ne sait pas parler mais est doté d’une sublime voix lorsqu’il chante. Mais le gros problème d’Un monstre à Paris c’est bel et bien son identité puisqu’il n’en a pas. Bien sûr, un tel sujet n’aurait pas évité les clins d’oeil aux films engageant déjà le même thème (un monstre gentil terrorise une ville), là ce ne sont même plus des références, c’est du véritable pompage en bonne et due forme. L’histoire oscille entre King Kong et Le fantôme de l’Opéra. On retrouve d’autant plus ça à plusieurs reprises, notamment sur la fin (Francoeur qui grimpe sur la Tour Eiffel tel Kong sur l’Empire State Building) et surtout dans le traitement du Monstre qui rappelle jusque dans ses vêtements le Fantôme, surtout qu’il possède également le même emblématique masque blanc. Et non content d’aller pomper allégrement dans ces deux œuvres, Bergeron n’hésite pas à aller lorgner en vrac, du côté de l’Etrange Noël de Monsieur Jack, Coraline, Up, Scrooge et surtout un plagiat total de Tempête de Boulette géante tant le singe est identique à Steve. Enfin, l’histoire aurait pu un temps soit peut relever le niveau avec l’humour, mais en France, visiblement, l’animation ne peut pas être tout public puisque les blagues visent les enfants de moins de 10 ans.

On ne reprochera pas à Bibo Bergeron son design assez simple très Dreamworks puisque c’est son école. Cependant, il aurait peut être prendre le parti pris par Antoine Charreyron de ne pas essayer de faire un rendu photo-réaliste dû à un budget restreint. De part ce fait, Un monstre à Paris est visuellement pauvre. En effet, aussi bien le design des humains que Francoeur a été déjà vu à peu près partout (qui a dit « comme tous les personnages Dreamworks » ?). Mais surtout, c’est bel et bien l’arrière plan qui n’a pas du tout été travaillé. Pourtant il est clair que cela aurait pu avoir un très fort impact visuel si tout le film avait pris le parti d’une seule scène, certainement le passage le plus beau du film : le passage musical que l’on peut apercevoir dans la bande annonce (ici). Mais non, le rendu photo-réaliste (qui ne l’est pas) accentué par une 3D tout bonnement inutile (bah oui, puisque les décors ne sont pas travaillés, l’intérêt baisse) et les textures foireuses en font un film qui se place du même niveau graphique que Shrek, sorti il y a 10 ans… C’est d’autant plus désolant quand on voit le générique de fin et ses sublimes artworks, et on se dit que le film aurait été parfait en animation classique. Bergeron aurait pu également faire preuve d’une ingénieuse réalisation, et là encore, c’est là que le bat blesse, pas grand chose n’en ressort tant tout est plat. Mais heureusement, il y a la musique. Faire appel à des artistes aussi talentueux que Vanessa Paradis et M est probablement la meilleur idée qu’il soit dans ce film puisque c’est bel et bien la musique qui tient le film sur ses épaules. Véritable personnage à part entière, la mélodie (et surtout la chanson « La Seine ») permet de créer une ambiance très particulière proche de celle de Moulin Rouge, bourgeoise bohème, qui fait que ce film a énormément de charme.

Et heureusement parce que sans la musique, le film serait proche du désastre. Scénario inexistant, parfois à la limite du plagiat, réalisation banale et visuellement pauvre, Un monstre à Paris ne relève pas le niveau de l’animation française. Il est cependant à voir, ne serait-ce que pour les talents de Vanessa Paradis et de M. Les enfants vont adorer. Pour le reste, on se tourne vers le projet d’Alexandre Heboyan et Benoit Philippon : Mune.

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