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Critique : Moonlight

Après avoir fait le tour des festivals où il a remporté une brouette de prix, Moonlight se lance dans la course aux récompenses avec cinq nominations aux Golden Globes (et une récompense, celle du meilleur film dramatique) et huit aux Oscars, où il aura la lourde tâche de faire office de challenger face à La La Land et ses potentielles douze statuettes.

Mais vaut réellement le film de Barry Jenkins ?

 

LA CRITIQUE

Adapter une pièce de théâtre au cinéma n’est jamais chose aisée car il faut adapter l’histoire afin de changer le découpage en scènes et en actes et pouvoir jongler sur d’avantage de décors. Il faut travailler l’ensemble pour qu’on ait pas l’impression de voir simplement du théâtre filmé mais bien un vrai film de cinéma avec des idées de mise en scène. Après avoir écrit et réalisé Medicine for Melancholia en 2008 pour un budget de 15 000 dollars seulement, Barry Jenkins a choisi de porté à l’écran « In Moonlight Black Boys Look Blue » de Tarell Alvin McCraney. Avec difficultés.

Le film suit, à trois époques différentes (les fameux trois actes du théâtre), le jeune Chiron surnommé Little ou Black par son entourage. On va le découvrir enfant, maltraité par ses « camarades » de classe et pris sous son aile par un dealer alors qu’il se faisait poursuivre par des gamins. On va ensuite le découvrir ado, et voir son amitié avec Kevin se renforcer. Puis on le découvrira plus tard, adulte accompli qui est parti vivre ailleurs mais revient en Floride sur les traces de son passé.

Sur le papier, l’idée est intéressante et permet de dresser un portrait de la jeunesse afro-américaine en difficulté. Dans la pratique, c’est moins évident. Moonlight est composé d’interminables tunnels de dialogues et montre un personnage qui n’évolue jamais à l’écran. Il faut attendre les fondus au noir et l’avancée dans le temps pour le découvrir changé. Passif, subissant l’action et ne cherchant jamais à s’en sortir face au spectateur qui l’observe en espérant qu’il finisse par se bouger, Chiron a le défaut majeur d’être un personnage inintéressant.

Qui plus est, on ne peut s’empêcher de penser à Dope, le film qui a donné à Rick Famuyiwa l’opportunité d’être embauché sur l’adaptation de The Flash (qu’il a ensuite quitté) et qui cherche aussi à dresser un portrait de la jeunesse, mais qui parvient à le faire de manière rythmée et intéressante. Moonlight rappelle également The Wire pour le coté « on est des jeunes coincés dans notre univers et on n’arrivera jamais à en sortir » mais là aussi il ne parvient jamais à égaler la série. On imaginait que Chiron affronterait le racisme, la drogue ou le rejet des gays mais seul ce dernier point est traité sans jamais parvenir à décoller.

Tout n’est pas pour autant foiré dans Moonlight puisque les scènes entre Chiron et Kevin sont réussies, en particulier celles où ils sont adolescents et se découvrent physiquement (mention bien aux deux comédiens Ashton Sanders et Jharrel Jerome) mais ce n’est pas suffisant pour nous tenir éveillé. Dommage.

Moonlight, de Barry Jenkins – Sortie le 1er février 2017

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