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Critique : La Planète des Singes L’Affrontement
Calés entre des robots géants chevauchant des dinosaures et des Gardiens d’une Galaxie bien lointaine, le troisième blockbuster américain de l’été met en scène des singes.
Réalisé cette fois par Matt Reeves (Cloverfield, Let me In), qui a déjà signé pour un troisième volet, l’Affrontement met en scène Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, ou encore la trop rare Keri Russell.
Les Origines était une incroyable surprise. Sa suite tient-elle la comparaison ?
En 2008, la 20th Century Fox choisit de relancer la franchise La Planète des Singes. Mais au lieu de adapter une nouvelle fois le roman de base de Pierre Boule (ce qu’avait déjà fait Tim Burton), le studio veut quelque chose de plus contemporain et de plus réaliste. Sur le papier, ça ressemblait à une nouvelle volonté de faire du crédible avec quelque chose qui ne peut pas l’être et aurait pu se révéler agaçant. Mais le film, Les Origines, s’est révélé être une excellente surprise grâce à l’intelligence de son scénario et au travail des comédiens, James Franco et Andy Serkis en tête. Pour beaucoup, il était tout simplement un des meilleurs films de 2011.
Le film de 1968 avec Charlton Heston racontait l’histoire d’humains sur une planète gouvernée par des singes. A la fin, ils découvraient la Statue de la Liberté effondrée et comprenaient qu’ils étaient sur Terre dans un futur lointain, où la race humaine était éteinte. Partant de cette idée, Les Origines a entrepris de raconter comment le premier singe est devenu intelligent et comment les humains ont commencé à disparaitre sans pour autant chercher à coller avec la saga originale. L’Affrontement se déroule plus tard : les singes se sont installés au delà du pont de San Francisco dans une forêt où ils vivent loin de ce qui reste de l’humanité. Ils finiront quand même par vite rencontrer un groupe d’humains, chargés de remettre en état un barrage se trouvant sur leur territoire leur permettant d’avoir à nouveau de l’électricité. La rencontre va logiquement mener au conflit.

Contrairement à beaucoup de sagas se présentant comme une seule et même histoire découpée en chapitres, L’Affrontement n’est pas la suite directe des Origines d’abord parce que le film se passe bien plus tard mais surtout parce que personne du casting original humain n’est de retour. Exit James Franco et Freida Pinto. On sent une volonté de la part de la Fox de raconter plusieurs histoires bien distinctes centrées autour d’un personnage, le singe César porté par Andy Serkis, seul acteur de retour.
Le comédien livre d’ailleurs une incroyable performance, sans doute la meilleure de sa carrière. A moins de ne pas comprendre à quoi sert et comment fonctionne la performance capture et de croire à de l’animation pure, il faut bien admettre que le comédien brûle la pellicule à chacune de ses apparitions. Certes, il faut aussi créditer les équipes dédiées aux effets spéciaux qui ont fait un remarquable travail de rendu réaliste mais on sent le formidable jeu du comédien dans chacun de ses gestes, chacune de ses mimiques. Si avec ça les sceptiques de la technologie le sont encore, c’est à ne plus rien y comprendre.
Et si l’histoire est assez simple dans son déroulement (après tout, Mark « Die Hard 5 » Bomback a collaboré au scénario…), Matt Reeves fait un incroyable boulot de mise en scène et enchaine les moments forts, insistant sur l’intime coté des singes (d’ailleurs d’avantage mis en avant que les humains) tout en étant capable de grands moments d’action, à l’image de la scène finale dans l’immeuble en chantier. Utilisant comme il faut le relief, porté par les thèmes de Michael Giacchino, le réalisateur prouve qu’il a les épaules solides et livre quelques séquences particulièrement réussies. On pense notamment à un plan circulaire de bataille où la caméra est posée sur un tank qui tourne, vous comprendrez en salles…

Au delà du divertissement pur, L’Affrontement est aussi un film à la thématique riche. Comme Andy Serkis l’avait longuement expliqué lors de son passage à Paris, le film cherche à traiter avec une égalité parfaite les hommes et les singes et leur volonté réciproque de cohabitation. En réalité la balance penchera du coté de César et de ses petits camarades, sûrement plus intéressants à suivre que les humains (le personnage de Gary Oldman, par exemple, n’a pas grand intérêt) et plus exposés qu’eux. Néanmoins, le film traite effectivement les deux camps comme il se doit, sans chercher à en faire un blanc et un noir et tout en montrant qu’à l’intérieur même de chaque groupe les choses ne sont pas si simples qu’elles y paraissent. Le film de Matt Reeves est un film sur la tolérance et l’acceptation de l’autre, sur la place qu’on peut donner à l’autre. Le sujet était déjà d’actualité à l’époque de Charlton Heston. Il l’est encore près de 50 ans plus tard.
La Planète des Singes prouve comme son prédécesseur qu’avec un peu de jugeote et de talent on peut rebooter une franchise connue et le faire bien. Il démontre également toute la puissance de la performance capture. Il y a de fortes chances que, dans la bataille des blockbusters de l’été, il l’emporte, battant déjà haut la main, puisqu’il enterre déjà les robots de Michael Bay. Et on peut d’ores et déjà faire confiances à Matt Reeves pour finir son histoire dans un troisième volet.
La Planète des Singes, L’Affrontement – Sortie le 30 juillet 2014
Réalisé par Matt Reeves
Avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman
Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains qui a survécu au virus dévastateur qui s’est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante sur Terre.
2 Comments
par Poterne
Je pense que les acteurs qui tournent sous performance capture ne seront jamais vraiment reconnu par le grand public. Le grand public commence a avoir une petite idée de ce représente la performance capture, mais c’est assez dure de s’identifier aux personnages. Ce n’est que mon avis.