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Critique : Désigné Coupable

Initialement prévu pour le début de l’année, Désigné Coupable s’est trouvé une place dans les sorties du mois de juillet, calé entre Benedetta et Fast&Furious 9. Le film avec Tahar Rahim sera dans les salles ce mercredi 14.

LA CRITIQUE

Le Dernier Roi d’Ecosse. L’Aigle de la Neuvième Légion. Black Sea. Le réalisateur Kevin McDonald multiplie les genres mais il le fait toujours avec beaucoup de soin. Son nouveau long métrage est ce qu’on appelle un « legal drama », un film de procès avec tout ce que ça implique de procédure. C’est aussi une histoire vraie, celle de Mohamedou Ould Slahi.

Quelques semaines après le 11/9, Mohamedou Ould Slahi est arrêté en Mauritanie et transféré à Guantanamo. Quatre ans plus tard, une célèbre avocate découvre qu’il est emprisonné sur l’ile de Cuba et décide de s’intéresser à son cas. Comme elle n’a pas la possibilité de l’interroger sur place, ils mettent au point un stratagème : il peut raconter son histoire dans de longs courriers, protégés par le secret client/avocat. Ces lettres sont devenues par la suite « Les Carnets de Guantanamo » publiés en France chez Michel Lafont.

On pourrait donner l’impression de spoiler la résolution du long métrage mais, dès le début, The Mauritanian prend parti : Mohamedou Ould Slahi est innocent, il a été enfermé, questionné et même torturé hors du cadre légal des USA, sur l’ile de Cuba, comme des dizaines d’autres après les attentats qui ont vu la chute du World Trade Center.

Ce qui va intéresser le réalisateur Kevin McDonald, c’est de montrer le camps de Guantanamo et ce qui va autour, des actes de torture horrible aux procédures les plus ubuesques. Pour cela, il va mettre face à face Jodie Foster et Benedict Cumberbatch, pour la défense et la partie civile. Chacun défend son camps mais tous les deux n’auront qu’un seul but : savoir ce qui s’est réellement passé à Guantanamo pour défendre du mieux possible son client. Le réalisateur n’est pas dupe, il a confié les rôles principaux à deux pointures et Foster en particulier est formidable.

Pour compenser l’aspect procédural (dans la pratique, une grande partie du film est de montrer Foster en train de lire des textes), Kevin McDonald raconte l’histoire du Mauritanien en flashbacks, et Tahar Rahim est exceptionnel dans un rôle qui va évoluer au fil des ans passés derrière les barreaux. Le personnage étant présenté comme sympathique dès le départ, l’empathie envers lui sera forte non seulement grâce aux talents du comédien mais aussi grâce à un twist au deux tiers qu’on se gardera bien de dévoiler.

La recette fonctionne alors. Car il n’est pas évident de rendre un film de procédures (le procès n’est qu’une infime partie) passionnant. Le diable étant dans les détails, Kevin McDonald les soigne et donne du rythme à son long métrage pour qu’on ne s’ennuie jamais.

Le 11 septembre, c’était il y a vingt ans, une période à la fois lointaine et proche de nous, comme Désigné Coupable nous le montre en avançant dans le temps jusqu’à se terminer sur des images contemporaines du vrai Mohamedou. C’est un film important, qui ne réinvente certes pas la roue, mais qui mérite d’être vu pour son sujet encore trop d’actualité.

Désigné Coupable, de Kevin McDonald – Sortie le 14 juillet 2021

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