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Critique : Annihilation

Alex Garland aurait-il tous les talents ? Auteurs des romans La Plage et 28 Jours Plus Tard qu’il a ensuite adapté pour Danny Boyle, scénariste de Never Let Me Go de Mark Romanek ou encore de Dredd (qu’il aurait parait-il réalisé) de Pete Travis, le voici désormais aux manettes d’un nouveaux long métrage trois ans après Ex Machina.

Annihilation rassemble Natalie Portman, Jennifer Jason Leigh, Gina Rodriguez, Tessa Thompson et Oscar Isaac.

 

LA CRITIQUE

Annihilation est le premier volet d’une trilogie de romans écrits par Jeff VanderMeer et publié en 2014 (et 2016 pour la VF). Alors que seul le premier tome était sorti, le réalisateur et scénariste Alex Garland (Ex-Machin) en a acheté les droits. Le film, au départ prévu en salles, a fait peur à Paramount qui a préféré le céder à Netflix. En France, pas de possibilité de le voir sur grand écran alors que le métrage l’aurait mérité. Mais c’est tout à l’avantage de la plate-forme de vidéo qui propose ici son meilleur film inédit.

On y suit Lena, une biologiste passée par l’armée. Son mari a disparu pendant une expédition. Elle le croit mort et tente de vivre sans lui quand il réapparait mystérieusement pour mieux s’effondrer dans ses bras. Lui finit dans un centre médical militaire et elle découvre alors ce qui lui est arrivé : une partie de la cote sud américaine est sous l’emprise « du miroitement », sorte de bulle de savon géante à l’intérieur de laquelle se passent des choses inexpliquées. Plusieurs missions ne sont jamais revenus et le mari (incarné par Oscar Isaac, qui a tourné ses scènes pendant la production de Star Wars) est bien en mal en point. Lena décide donc d’accompagner les quatre femmes qui avaient prévu une nouvelle expédition.

Avec son équipe de scientifiques armés partis explorer une zone inconnue, Annihilation a un petit air de déjà vu dans sa première partie. Mais le talent de conteur et de réalisateur d’Alex Garland balaye la sensation d’un revers de la manche, le tout aidé par des décors et des visuels soignés (et malgré quelques CI pas toujours parfaits). L’univers est suffisamment bien pensé et les personnages suffisamment intéressants pour qu’on se rende vite compte qu’on est face à une vraie proposition inédite, chose rare ces temps-ci au cinéma.
Si le bouquin raconte l’histoire à travers le journal de la biologiste, Garland le fait en déconstruisant son récit, puisque les actes sont découpés par Lena qui raconte son histoire à des scientifiques en flash forward, tout en nous faisant découvrir sa relation avec le personnage d’Oscar Isaac à travers quelques courts flashbacks aussi beaux (la scène du verre d’eau !) que réussis.

Le réalisateur profite de son sujet pour nous offrir une multitudes de thèmes à explorer, sous couvert d’un film de science fiction à tendance parfois horrifique. On pense à The Last of Us ou au Monsters de Gareth Edwards – voir même à la série The 100 – pour évoquer le fait que la nature reprend ses droits sur l’homme dans les endroits qu’il a déserté, à travers une flore incroyable, et des plans du réalisateur qui font parfois penser à des tableaux. Votre serviteur a parfois eu l’impression de voir des œuvres impressionnistes tant le travail sur les visuels est impressionnant.
Garland profite de ce cadre exceptionnel, le fameux « miroitement » pour littéralement mettre les personnages face à eux-même, face à leurs craintes, leurs peurs, leurs envies, leurs espoirs… jusqu’à un final un peu trop long, qu’on se gardera bien de spoiler ici, mais qui renvoie à cette notion de reflet de nous-même, littéralement, et sans oublier qu’on est face à un récit de science-fiction qu’il faut bien conclure de manière science-fictionnelle !

Le film dans son ensemble, et son dernier acte en particulier, vous demandera d’être attentif. Loin des blockbusters faciles, Alex Garland signe avec Annihilation un long métrage peu facile d’accès mais qui mérite que vous vous accrochiez pour faire le voyage avec Natalie Portman, une nouvelle fois éblouissante dans le rôle. Au final, on peut comprendre que Paramount ait été frileux à sortir le résultat en salles, parce qu’il vise un public de niche (vous !). Mais on peut aussi se réjouir qu’il arrive sur Netflix pour que tout le monde y ait facilement accès. Veillez juste à privilégier le plus grand écran possible pour découvrir ce très beau film.

Annihilation, d’Alex Garland – Disponible sur Netflix

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