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Critique : Zulu

Critique initialement publiée le 29 mai 2013 dans le cadre du Festival de Cannes.

Étonnant choix de celui de conclure le Festival de Cannes 2013 par un film de Jérôme Salle. Même si Cannes se veut le festival de tous les cinémas, c’est plus en séance de minuit ou sur le marché que les habitués de la Croisette ont l’habitude de découvrir du polar pur et dur.

Difficile également d’évoquer un film dont vous n’avez entendu que brièvement parlé -aucune bande annonce n’est à l’heure actuelle disponible- mais Salle et Rappeneau avaient suffisamment fait parler d’eux en adaptant l’excellente bande dessinée de Van Hamme et Francq au cinéma, Largo Winch, pour que votre serviteur ayant voir le film dans une salle parisienne en même temps que les festivaliers.

 

Deux ans après Largo Winch 2, brillant surtout pour sa réalisation plus que pour son scénario trop éloigné de l’original et moins bien gaulé que le premier volet, Jérôme Salle s’associe à nouveau à Julien Rappeneau, scénariste capable d’écrire des choses aussi diverses qu’un Ticket pour l’Espace, Cloclo et Largo donc, pour adapter un bouquin. Après la bande dessinée de Jean Van Hamme, leur choix s’est donc porté sur l’écrivain français Caryl Ferey, auteur de Zulu, polar récompensé de plusieurs prix littéraires.

Zulu raconte l’histoire de deux flics en Afrique du Sud en 2013. L’un d’eux est noir et a été marqué par un évènement -qui fait la scène d’ouverture du film- étant plus jeune, en plein Apartheid. L’autre est un jeune blanc, sorte d’épave humaine, avec des cernes jusque par terre, addict aux médocs, à l’alcool et aux filles. Ils ont en commun d’être de bons flics qui, suite à un meurtre tout ce qu’il y a de plus « banal » pour ce métier, se retrouvent au coeur d’une histoire de trafic de drogues qui remontent comme on l’imagine jusqu’au passé peu glorieux du pays.
Si sur le papier, l’histoire a l’air très classique, c’est sans doute parce qu’elle le serait transposée dans un autre pays. Mais nous sommes en Afrique du Sud quelques années après la fin de l’Apartheid, et, au milieu de magnifiques paysages, la population en garde des cicatrices bien profondes et pas prêtes de s’effacer.

Malheureusement, cet aspect n’est que survolé. Certes, le film transpire l’Afrique du Sud par tous les pores et pas seulement parce qu’il a partiellement été tourné en Afrikaans (et en Anglais). Mais à l’instar des aventures du milliardaire en jeans et baskets, le scénario a quelques lacunes, la première étant de n’utiliser le contexte historique que pour justifier certains éléments de l’histoire sans aller jusqu’à l’approfondir. Il y avait pourtant, et sans pour autant verser dans le film politique, moyen de faire quelque chose de plus ambitieux à ce niveau-là. Qui plus est, quelques facilités scénaristiques viennent ponctuer un récit dont le début de l’enquête est construit sans complexité, comme le serait un épisode d’une série télévisée policière américaine. On ne s’ennuie jamais mais certains détails auraient mérité d’être peaufiné et d’autres plus développés (notamment le traumatisme du personnage de Whitaker, finalement pas utile, et tout le background de Bloom dont l’état n’est pas justifié).

Mais au delà, Zulu est un film qui se suit avec beaucoup de plaisir. Forest Whitaker est très bon, mais c’est une habitude chez le comédien d’etre au dessus de la mêlée. C’est plus étonnant de la part d’Orlando Bloom, vraiment excellent dans son rôle de flic à sale gueule un peu badass, à tel point qu’on prend à rêver à une suite pour le revoir clope au bec et gun en main. Et puis Jérôme Salle, non content de savoir s’entourer notamment d’Alexandre Desplats à la musique, n’est pas un manchot. La réalisation est très propre, alternant beaux plans larges d’Afrique du Sud et scènes d’action musclées à la caméra portée mais lisible. Le rythme est soutenu, l’histoire suffisamment bien racontée et on prend du plaisir.

Au final, ce dont souffre Zulu, c’est d’une histoire trop simpliste, trop linéaire. Tout fonctionne et on s’amuse mais malgré la qualité de ses interprètes et la force de sa mise en scène, le film de Jérôme Salle n’est qu’un polar parmi d’autres, alors qu’il avait tous les moyens de rester dans les mémoires.

 

Zulu – Sortie le 6 novembre 2013
Réalisé par Jérôme Salle
Avec Orlando Bloom, Forest Whitaker, Conrad Kemp
Dans une Afrique du Sud encore hantée par l’apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d’une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.

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