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Un Dimanche, Une Critique : Super Inframan

Étant donné qu’on a beaucoup parlé d’animation ces dernières semaines (grâce à Arte) et que certains ici ont même chroniqué des films d’animation (merci Alex et Loic), j’ai décidé de changer un peu et, pour une fois, je vous parlerai d’un film live et afin de surfer sur cette vague de film de super héros (plus ou moins en armure), j’ai choisi…. Super Inframan !

Super Inframan – Date de sortie inconnue
Titre original : Zhong guo chao ren
Réalisé par Hua Shan
Avec Danny Lee
La planète est menacée par le réveil d’une étrange démone, prisonnière depuis plus de 10 millions d’années dans les entrailles de la Terre. Entourée de monstres maléfiques, elle s’apprête à conquérir le globe et à exterminer l’espèce humaine. Mais un groupe de scientifiques va s’opposer à eux en mettant au point une arme redoutable : Le super héros Inframan !

Si vous suivez un tant soit peu ces critiques du dimanche, vous savez que j’apprécie les films intelligents. Eh ben… pas tout le temps, en fait… ya bien des moments où il faut décompresser de toute cette intelligence et cette réflexion, des moments où ça fait du bien de poser son cerveau sur l’accoudoir du canapé et dans ces moments-là, il n’y a rien de mieux que de se mater un bon petit nanar des familles.

Oh mais attention, hein, « nanar » ne veut pas dire « mauvais film » ! ou du moins, pas « méchant », un nanar, c’est un film pas terrible, certes, mais qui est généreux, qui ne se moque pas de ses spectateurs. Et c’est bien le cas avec Super Inframan.

Super Inframan c’est la version seventies Hong-kongaise des super héros japonais en costume : les tokusatsus. (tokusatsu signifie « série avec des effets spéciaux »)
Je vais vous parler d’un temps que les moins de trente ans n’ont pas connu mais NOUS, les vieux, on a connu de VRAIS tokusatsus, pas ces ersatz américanisés fadasses qui sont des « rangers du pouvoir » mais des histoires avec des guerriers solitaires, en armure, prêts à se battre pour la planète contre des monstres d’une autre planète ou d’une autre dimension ! Ah… où sont donc passés tous ces Spectreman, X-or et autres Spielvan… et encore, les jeunes, je ne vous parle là que des rares exceptions qui ont eu la chance d’arriver dans nos vertes contrées occidentales, mais il faut bien vous dire que les tokusatsus existent depuis les années 60 au Japon ! Et que les petits nippons ont vu défiler les Ultraman, Kamen Rider et autre Goranger alors que nous on bouffait du manège enchanté et Saturnin le petit canard.

Attention aussi, je fais tout de suite le distingo entre tokusatsu et sentaï : les sentaï font partie des tokusatsus, ce sont les séries qui mettent en scène des groupes de jeunes gens colorés qui pilotent généralement un robot géant. Mais ici, on a affaire à un héros solitaire, un gars en armure volante, qui se bat pour sauver la Terre : super Inframan.
Dit comme ça, ça a de la gueule, hein, mais ne vous y trompez pas, tout dans ce film tient plus du pistolet à bouchon que de la mitraillette automatique.

Dès la première scène, le spectateur est mis à l’aise. Je vous campe le décor : un bus scolaire roule sur une petite route de montagne, soudain, un monstre en caoutchouc s’écrase sur la chaussée devant le bus (en ricanant « Mouhahaha ! »), puis il disparaît, du coup, la route s’effondre et le bus est précipité dans le ravin (les enfants s’en sortiront, hélas).


Splaf le monstre !


Craaaaac la route !

En voyant ça, le spectateur ne peut qu’esquisser un sourire mais ce sourire ne sera pas moqueur car la force et la poésie du film c’est que tout est au premier degré : les situations, les dialogues, les personnages, les décors, les costumes… tout est bidon et pourtant, les acteurs jouent avec une conviction au top de la certitude : la situation est GRAVE !


Vous avez vu les jolies boules rouges et bleues ? devinez ce que c’est pour voir… c’est le…. le…..


Le système de télécommunications bien sûr !

Donc on est là, à voir des monstres en mousse et des nanas en bikinis métalliques essayer de conquérir la planète, quand le chef d’une bande de motards disco (tous vêtus d’argent, hmmm) décide de créer l’arme suprême : Inframan (une sorte de cyborg transformer) qui va mettre la raclée aux méchants démons.

Alors je vous passe les scènes de bastons évidemment nombreuses et variées (eh oh, c’est un film réalisé dans les studios de Shaw Brothers tout de même, c’est pas de la gnognotte, c’est genre le Hollywood des films de kung fu, okay ?) pour en venir aux symboles sous jacents du film.

Car en effet, sous des dehors assez primaires, le film illustre bien la dualité asiatique du yin et du yang : d’un côté, les hommes (et quand je dis « hommes », je veux bien dire les individus de sexe masculin, les fameux motards disco de tout à l’heure) qui sont bons, courageux, altruistes, chastes mais aussi progressistes (ils maîtrisent la technologie et les machines) et de l’autre, les femmes qui sont méchantes, dominatrices, sexy, animées par des pulsions animales et, en ce sens, proches de la nature (les monstres qu’elles utilisent sont principalement des créatures mi-hommes mi-animaux ou végétaux). La base des hommes est un complexe scientifique (et amusez vous à compter le nombre de plans faits sur des machines) alors que la base des démones est un volcan.


AAAArgh, un haricot vert géant !!!

Ce traitement des relations hommes/femmes ne ferait que rajouter au grotesque de la situation mais en réalité, il sert d’exutoire aux peurs de tout bon (jeune) homme des années 70/80 qui ne sait plus comment se comporter face aux femmes modernes ou bien qui subit le joug d’une mère castratrice omniprésente.
Certes, il y a d’autres personnages féminins du côté des héros mais ce ne sont que des jeunes filles à sauver, donc des victimes, et non pas des égales, des partenaires.

Et ce mode un peu régressif se retrouve aussi dans le traitement du film puisque de nombreux effets spéciaux renvoient aux tout premiers effets spéciaux du cinéma, ceux découverts et exploités par Georges Méliès entre autres (surimpression, jeu d’échelle, montage inversé, etc.) et du coup, ce film qui se veut l’apologie du modernisme technique se retrouve 70 ans en arrière. Un paradoxe de plus.

Bref, vous l’aurez compris, Super inframan est un nanar qui ne mange pas de pain et qui vaut le détour et si on rit en le regardant, ça n’est pas vraiment pour se moquer, c’est juste parce que c’est drôle et désuet. Mais de toute façon, le film était désuet, dès sa sortie. J’ai omis de vous parler de la bande originale qui vaut son pesant de gingembre confit mais je préfère vous laisser la surprise.

Vous pourrez facilement trouver le dvd (en vost uniquement mais il est très bien fait) sur des sites de ventes en ligne pour une somme modique alors si vous avez 5 euros à dépenser et qu’il pleut dimanche après-midi, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

– Guillaume

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3 Comments

  • par Arkaron
    Posté dimanche 25 avril 2010 10 h 15 min 0Likes

    Hahaha, très instructif. Je penserai à la regarder, à l’occasion.

  • par Hellboy
    Posté dimanche 25 avril 2010 11 h 11 min 0Likes

    J’espère bien ! j’ai oublié aussi de préciser qu’il y a une explosion toutes les trois minutes.

    Voici un trailer moderne qui montre un peu mais pas trop (le trailer original dure 3 fois plus longtemps !)

    http://www.youtube.com/watch?v=qz4rl0TwoKE

  • par loval
    Posté dimanche 25 avril 2010 14 h 13 min 0Likes

    Et la scène de transformation copiée/collée 12x dans le film… que du bonheur :D

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