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Reims Polar : L’Ennemi, La Troisième Guerre, Vaurien

Après Cognac et Beaune, le Festival du Film Policier s’installe dans une nouvelle région viticole : la Champagne, et Reims en particulier. S’installera d’ailleurs, puisque l’édition 2021 était entièrement en ligne, ce qui nous a permis de voir quelques titres sans bouger de Paris.

Le festival s’est terminé ce dimanche, récompensant La Loi de Téhéran d’un Grand Prix et d’un Prix de la Critique. The Slaughterhouse a remporté le Prix du Jury et l’excellent Boite Noire de Yann Gozlan (dont nous reparlerons) a été couronné d’un Prix du Public.

Nous nous sommes intéressés à quelques longs métrages francophones.

L’Ennemi

Écrit et réalisé par Stephan Streker et tourné notamment à Ostende, en Belgique, L’Ennemi raconte le meurtre de sa compagne par un homme politique belge dans un hôtel au bord de la mer du Nord.

L’histoire est librement inspirée de celle de Bernard Wesphael, fondateur du parti écologiste belge, qui a assassiné son épouse en 2013 dans le même contexte. Tous les noms sont modifiés et aucune mention aux partis politiques locaux n’est faite. Pourtant, le déroulé et la conclusion sont à peu près les mêmes que ceux couverts par la presse belge il y a près d’une dizaine d’année.

Après une longue introduction qui montre le protagoniste principal, incarné par un Jérémie Rénier en feu, dans une relation d’amour/haine aussi passionnée que destructrice avec sa compagne (Alma Jodorowsky, formidable), le film ne va pas s’intéresser ni à l’enquête ni au procès ni même à la couverture médiatique mais à l’homme. On se retrouve donc plus devant un drame qu’un thriller, dans lequel le « héros » va s’offrir une quête personnelle, notamment en prison. Il ne se souvient de rien. A-t-il vraiment tué sa femme ? Quand il évoqué les faits, le réalisateur Stephan Streker évoque un suicide. Mais quand il plonge dans les rêves et les pensées de l’homme politique, il filme différemment les flashbacks.

Rénier joue parfaitement les connards et on ne ressent que peu d’empathie pour le personnage, au point que malgré la courte durée (moins de deux heures, un miracle en 2021), on finisse par s’ennuyer de trop longues scènes. Streker a un angle et une envie mais le sujet était-il suffisamment intéressant pour en faire un film ? Comme pour la culpabilité du meurtrier, on vous laisse choisir.

L’Ennemi, de Stephan Streker – En salles le 26 janvier 2022

La Troisième Guerre

A quoi sert l’Opération Sentinelle, créée suite aux attentas contre Charlie Hebdo ? Le 13 novembre 2015, on se posait aussi la question. Avec le film de Giovanni Aloi, on se le demande aussi.

La Troisième Guerre raconte le quotidien d’une unité de l’Opération Sentinelle. Les patrouilles dans Paris, les baraquements militaires, les retours dans les familles en province, le tout à travers le regard d’un jeune soldat dont c’est la première vraie mission.

A quoi sert l’Opération Sentinelle ? A part à occuper un jeune premier, on se pose encore la question. Pendant près de 90 minutes, on va les voir déambuler dans les rues de Paris et se rendre compte qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas intervenir sur tout un tas de situations normalement en charge de la police. Et de fait, malgré les prestations de Anthony Bajon et Karim Leklou, déjà formidable dans Hippocrate, on va s’ennuyer avec eux. En dehors de leur petit quotidien et de la volonté de montrer l’engagement d’un jeune soldat (et malgré une écriture de personnage assez bancale), il ne se passe rien.

Le dernier acte, pourtant, tente quelque chose. Mais la résolution est aussi stupide qu’abrupt, le choc ne servant qu’à nous sortir d’une douce torpeur. Tout cela semble bien vain.

La Troisième Guerre, de Giovanni Aloi – Sortie le 20 septembre 2021

Vaurien

Auréolé d’un logo « Sélection Officielle Cannes 2020 » puis présenté à Lyon, le premier long métrage écrit et réalisé par Peter Dourountzis arrive dans nos salles en juin prochain avec Pierre Deladonchamps (L’Inconnu du Lac) et la rayonnante Ophélie Bau.

Deladonchamps y incarne un personnage ambigu, mi connard, mi relou qui débarque dans une petite ville pour tenter de dénicher des petits boulots et de squatter chez les gens. Ca pourrait se limiter à cela, sauf qu’on va découvrir qu’en plus il tue. Des gens.

Tout repose sur l’écriture, réussie, d’un personnage complexe. Belle gueule, charmeur mais aussi harceleur et tueur. Tout un programme qu’on n’a plus trop l’occasion de voir en salles, à une époque où tous les héros sont justifiés, sur-écrits et manichéens. On ressent donc des sentiments conflictuels à le voir promener sa belle gueule, charmer tout ce qui bouge mais aussi tuer (hors champs) sans vergogne. L’interprétation est impeccable et les dialogues finement écrits. Certes, la résolution est un peu simple et évidente mais peu importe, ça a fait du bien de se faire bousculer par un personnage, ça change.

Grâce à l’écriture et à l’ambiance du monde de la rue qu’il nous montre, Peter Dourountzis livre un premier film réussi. On a désormais hâte d’en voir un peu plus.

Vaurien, de Peter Dourountzis – Sortie le 9 juin 2021

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