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NIFFF #2 : Green Room, The Falling, Footloose
La deuxième journée à Neuchatel a été marquée par la présence du réalisateur japonais Sono Sion, dont les films ont largement trouvé écho sur CloneWeb.
Venu présenter deux films, le metteur en scène de Tokyo Tribe, Land of Hope et Why Don’t You Play in Hell a également tenu une masterclass pour répondre aux questions de ses fans et évoquer ses jeunes années, quand il défilait dans le quartier de Shibuya, à Tokyo, avec des banderolles sur lesquelles étaient inscrits des poèmes.
Outre cette rencontre dont une vidéo officielle devrait être prochainement diffusée, nous avons vu plein de films dont The Falling avec Maisie « Arya » Williams et Green Room avec Patrick Stewart en neo-nazi et le culte Footloose
The Falling (2015)
Réalisé par Carol Morley
The Falling est le premier film où Maisie Williams (Arya Stark) tient le premier rôle depuis la hype de Game of Thrones, c’était donc un argument pour aller découvrir le métrage sur grand écran.
L’histoire se déroule dans un pensionnat anglais pour jeunes filles, avec uniformes, règles strictes, vieilles rombières et tout le tralala qu’on peut imaginer dans ce genre d’univers. Après le décès de l’une d’elle, enceinte alors que son quotidien ne lui permettait pas forcément de croiser des garçons, toutes les jeunes filles commencent à être victime d’une étrange maladie, à commencer par le personnage de Maisie Williams : elles tombent toutes régulièrement dans les pommes (au point que ça finit par devenir parfois comique). Beaucoup de questions jaillissent alors, au moins dans la tête du spectateur : est-ce qu’elles sont possédées ? est-ce que Williams possède un pouvoir ? est ce vraiment maladif ? Difficile de savoir tant la réalisatrice également scénariste brouille les pistes, commençant à justifier le phénomène par une approche fantastique pour basculer dans la folie, tout en tentant d’évoquer d’autres pistes – notamment la découverte de la sexualité par les jeunes pensionnaires qui semblent ressentir un besoin qu’elles ne peuvent pas exprimer vu leur environnement.
Porté par une actrice très douée, le film est trop lent et vire au fourre-tout pour être passionnant. Le début est intéressant mais une fois que les chutes se multiplient, Carol Morley ne sait plus quoi faire. A réserver aux amateurs de cinéma un peu trop contemplatif et aux amoureux d’Arya.
Green Room (2015)
Réalisé par Jérémy Saulnier
Présenté dans le cadre de la sélection internationale après avoir été montré à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, Green Room est le nouveau film du réalisateur de Blue Ruin qui, après avoir évoqué une ruine bleue, choisit de parler d’une pièce verte. Au delà de la référence de couleur, Green Room est une jolie réussite.
Le film raconte comment un groupe de jeune punks se retrouve à chanter dans une sorte de bar-club tenus par des néonazis. Au delà de la réaction que peut susciter la rencontre entre ces deux univers extrêmes, l’histoire évolue vers un huis clos d’action puisque les musiciens emmenés par Anton Yelchin (le Tchekov des derniers Star Trek) se retrouvent enfermés dans le club après avoir été les témoins d’un meurtre. Ils vont donc devoir chercher à en sortir vivant.
Plutôt que de faire dans l’horrifique lambda où les jeunes devraient se contenter de fuir face à la menace, Saulnier oriente d’avantage son histoire vers le film de guerre puisque les deux « clans » vont s’affronter, l’un avec ce qu’ils peuvent pour s’armer et l’autre avec de gros moyens sous la houlette d’un Patrick Stewart impeccable de froideur en vieux militant nazi.
Couillu, le film commence dans l’action pour évoluer assez vite dans du gore assez surprenant, voir inattendu pour le sujet, histoire de bien remuer le spectateur jusqu’au bout. C’est d’autant plus troublant et réussi d’ailleurs que le sort des personnages est loin d’être une évidence.
Il ne reste plus qu’à espérer que Green Room reparte avec un prix
Tokyo Tribe (2014)
Réalisé par Sono Sion
Dans une Tokyo dystopique meurtrie par les tremblements de terre à répétition, des gangs rivaux se partagent le contrôle de la capitale nippone qui ne se définit plus que par le sexe et la violence qui ont envahi les rues évoluant au gré des néons hallucinogènes emplissant les nuits. Dans ce monde où chaque personnage est condamné à être le fier représentant d’un gang ou à ne pas être tout court, le seul moyen d’expression intelligible demeure le gangsta rap japonais, à travers lequel s’articulent haines et obsessions. Du repère délicieusement barré de la version machiavélique et comcupiscente d’Elvis Presley au mobilier humain de son fils métrosexuel, en passant par le club de dominatrices d’un groupe rival, le rap omniprésent, à la fois intra et extra-diététique, est errigé en unique moyen de communication viable. Sous sa caméra à la photo renversante et vibrante, le génial Sono Sion transcende toute notion de vraisemblance ou de logique narrative/de spatialisation et donne à Tokyo les images d’une mythologie iconique avec laquelle il forge le futur ; un avenir qui sera rappeur ou rien, un avenir concerné par le futur de l’Asie vue par la nouvelle génération. Vous trouvez ça assommant ou quelque peu répétitif ? Bah tant pis pour vous, nous répondrait presque le cinéaste, je m’en balance bien comme il faut : demain sera fait de concours de bites, d’amour et de paix, d’arts martiaux et de beats d’enfer, ou ne sera pas. Tokyo Tribe, Never ever die!
Deathgasm (2015)
Réalisé par Jason Lei Howden
Séance de minuit dans toute sa splendeur, présentant les défauts et qualités inhérents aux petites productions comico-gore, Deathgasm est une amusante petite expérience qui parlera surtout aux amateurs de métal capables de reconnaître les nombreuses références. S’intéressant à un groupe de jeunes métaleux invoquant un démon en jouant une partition de magie noire, le film est construit autour de la culture métal et de ses codes communautaires : fraternité, règles vestimentaires, musique, satanisme… Contenant quelques bonnes idées de mise en scène et beaucoup de morts joyeusement dégueulasses, ce mortgasme constitue un parfait visionnage de soirées bis entre pote malgré quelques redondances.
I Spit on Your Grave (1978)
Réalisé par Meir Zarchi
Dans le cadre de la sélection Guilty Pleasures, le NIFFF offrait la possibilité de revoir I Spit on Your Grave, l’un des films les plus célèbres dans le genre du Rape & Revenge, en tout cas l’un de ceux qui l’a vraiment popularisé. Comme le genre l’indique, on y suit une jeune femme en vacances seule dans le bayou américain, qui va malheureusement faire une rencontre un peu brutale avec un groupe de locaux la violant avant de la laisser pour morte. Sympa les mecs.
La suite, vous la connaissez, la demoiselle n’est pas morte, et elle compte bien rendre la monnaie de sa pièce à ses messieurs.
Le problème avec un film pareil, c’est qu’une fois passé son statut important, et le fait qu’il pose définitivement les bases du genre aux USA (d’autres pays s’y étaient déjà donnés auparavant), et bien… Il n’y a pas grand-chose à voir ! Etirant ses dialogues jusqu’à épuisement, mal joué, avec une mise en scène pauvre et des situations ridicules (la nana laissée pour morte retourne voir cordialement chaque monsieur pour les séduire et ceux-ci n’y voient que du feu !), I Spit on Your Grave tire longuement sur sa formule et peine à faire monter la tension ne serait-ce qu’une seconde. Vu le sujet, c’est quand même un comble.
Spider (2002)
Réalisé par David Cronenberg
La réalisatrice Ursula Meier (l’Enfant d’en Haut) s’est vu offerte une carte blanche au NIFFF dans un nouveau programme qui tente de tisser les liens entre fantastique et cinéma au sens général. Et ça tombe bien, puisqu’en parlant de tisser des liens, un film comme Spider tombe à point nommé. Dans cette adaptation d’un roman de Patrick McGrath qui a aussi écrit le scénario, Ralph Fiennes incarne un homme dérangé et handicapé social qui va revisiter ses souvenirs pour reconstruire le drame de sa vie en quête de rédemption. Jouant sur une ambiance enlevée et aussi nébuleuse que sombre, David Cronenberg livrait là une œuvre envoûtante, dont les indices progressivement dévoilés donnent envie d’en savoir plus tout en redoutant la suite grâce à une identification au personnage qui tourne à plein régime. Emportant le spectateur dans une sorte de voyage mental ténébreux et triste, Spider était une jolie réussite dont on ressort un peu perdu, grâce à une perte de repères sur le rêve et le réel bien palpable.
Il Grande Racket (1976)
Réalisé par Enzo Castellari
Dans la série Guilty Pleasures, on peut trouver cette année au NIFFF une partie de films italiens. Et qui de mieux qu’Enzo Castellari, l’auteur du Inglorious Bastards original, pour présenter lui-même son Il Grande Racket ? Un polar urbain où un flic se démène pour faire tomber un gang qui maltraite les commercants et met le système à ses pieds. Mais face à une administration dépassée et à la corruption, la mission sera mouvementée et violente, ce qui est l’occasion parfaite pour le réalisateur de jouer à fond la carte du bad ass à l’italienne. Devenant progressivement un film d’équipe, Il Grande Racket est un crescendo de violence qui culmine dans des fusillades généreuses, le tout sur fond de funk à l’italienne pour une œuvre assez irrésistible, non dénuée de tares mais très plaisante.
FootLoose (1984)
Réalisé par Herbert Ross
En 1984 aux USA, les ados sont soudain épris d’une irrésistible envie de bouger leur corps dans tous les sens, de taper du pied et de malmener leurs chaussures. Les ados étaient fans de Footloose, l’un des teen movies cultes de son époque, avec un jeune Kevin Bacon qui déménage dans une ville où la loi et la religion proscrivent le rock et la danse. Durant sa première heure, il faut bien admettre que le film d’Herbert Ross est sacrément cool, avec ce personnage qui découvre horrifié ce microcosme pourtant très américain où les libertés sont bafouées. Ode à la rébellion et à l’émancipation, le film incite les jeunes à se cultiver et à ne pas s’enfermer dans des schémas préconçus rabâchés par leurs prédécesseurs, le tout couvert de pures scènes de teen movie et de quelques passages musicaux sur les tubes de l’époque. C’est pimpant, c’est un peu subversif mine de rien et ça possède un charme fou, bref c’est cool ! Malheureusement, le tableau est loin d’être aussi idyllique tout du long, et la dernière partie tombe sous des tonnes de guimauve et de sérieux plombant, même pas rattrapée par la scène musicale finale censé être une explosion dansante en réalité très décevante et convenue.
C’est dommage car ça réduit considérablement l’aura d’un film qui, avec plus de courage et un meilleur rythme, aurait pu presque chatouiller la pertinence d’un John Hughes mais préfère tomber dans les bons sentiments façon Dirty Dancing.
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