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« Talk to me, Goose »
Tom Cruise aurait-il cédé aux sirènes des « legacyquels », ces suites plusieurs décennies après l’original mettant en scène le héros original et un probable successeur ? Trente-six ans après Top Gun version Tony Scott, Tom Cruise retrouve le blouson de cuir de Pete « Maverick » Mitchell. Pour un projet non seulement plus malin que ce qu’il n’y parait mais surtout particulièrement réussi.
On ne sait pas grand chose du passé de Maverick. L’ancien élève de l’école Top Gun, formant les meilleurs pilotes de chasse américains, vit désormais seul dans un hangar entouré de ses souvenirs d’une époque meilleure. Mais lorsque le programme de pilotage expérimental auquel il appartient disparait, il retourne à ses premiers amours. L’enjeu ? Choisir les meilleurs parmi les meilleurs pour une dangereuse mission au-delà des lignes ennemies.
Après un carton d’introduction identique à l’original et quelques plans d’un porte-avions rappelant Tony Scott, le réalisateur Joseph Kosinski nous plonge dans les années 2020. Maverick n’a pas beaucoup changé en apparence. En réalité, il porte le poids des années. Pour Cruise, c’est l’occasion d’assumer enfin son âge avec un personnage qui évoque le temps qui passe, le monde d’avant et même la paternité. En cela, Maverick est un film presque testamentaire, renforcé par la présence de Val Kilmer dont la maladie a été inclus dans l’écriture et dont les apparitions sont douloureuses.
Pendant un premier acte finalement assez simple et partageant des similitudes avec l’original (avec Jennifer Connelly et Jon Hamm dans des rôles similaires à ceux de Kelly McGillis et Tom Skerrit), Top Gun Maverick va être survolé par les fantômes du passé. La présence dans l’ombre de Kilmer, certes, celle de Tony Scott à qui le film est logiquement dédié mais aussi, et surtout, celle de Goose. Le personnage d’Anthony Edwards est tout le temps présent. Par des souvenirs, par l’obsession de Maverick pour la disparition de son camarade et par la présence, des décennies plus tard, d’un fils marchant dans les traces de son père. La rivalité entre Maverick et « Goose Jr » (Miles Teller, impeccable) sera au coeur de plusieurs séquences d’entrainement, portées par un Tom Cruise plus charismatique que jamais et manifestement ravi de retrouver son personnage. Et si les dialogues sont parfois trop répétitifs, la puissance de feu de Kosinski à la réalisation donne une force incroyable au film. De pas grand chose, il arrive à générer un tourbillon d’émotions. Une scène dans un bar en particulier et le regard de Cruise a fait verser des larmes l’auteur de ces lignes. Le personnage de Teller n’est d’ailleurs pas là pour servir de successeur mais bien pour permettre au héros principal, au coeur de l’histoire, de combattre les démons du passé pour mieux tourner les pages.
Avec sa structure quasi-identique à l’original, ses personnages secondaires presque absent et son héros de tous les plans, on pouvait s’attendre à ce que Top Gun Maverick se contente d’une unique scène de vrai combat. Mais c’était sans compter sans le trio Kosinski/McQuarrie/Cruise qui, au delà d’époustouflantes scènes tournées dans les conditions réelles (ce catapultage d’un porte-avion sans aucune trace de CGI, wow), voulait pousser les limites encore plus loin. Les avancées technologiques en près de quarante ans permettent de filmer plus facilement qu’avant. Alors le réalisateur et ses comparses se lancent dans un triple climax d’envergure, qui nous a littéralement scotché sur nos sièges tels des pilotes se prenant des G dans la tronche.
A l’heure des comparaisons, difficile de dire si Maverick est meilleur que l’original. Le film est tellement lié à son prédécesseur, tellement dépendant de ses évènements qu’il est peut-être supérieur par bien des aspects (le final !) mais aussi un digne hériter, tout comme Jo Kosinski marche dans les pas du légendaire Tony Scott. Ce qui est certain, c’est qu’au moment où le milieu s’inquiète de la fréquentation en nette baisse des salles, Tom Cruise livre avec Top Gun Maverick le produit idéal pour que vous y retourniez. Le film doit se voir dans votre salle obscure préférée, sur le plus grand écran possible et dans le noir complet. A l’instar de son héros qui retrouve son cockpit, vous ne regretterez pas d’y retourner.
Top Gun Maverick, de Joseph Kosinski – Sortie en salles le 25 mai 2022