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Critique : OSS 117 Alerte Rouge en Afrique Noire

Quand il a créé le personnage d’OSS 117 en 1949 (quatre ans avant James Bond !), Jean Bruce se doutait-il qu’on parlerait encore de son agent secret soixante ans plus tard ? Hubert Bonisseur de la Bath revient en 2021 pour une troisième aventure sous les traits de Jean Dujardin. Mais avec Nicolas Bedos derrière la caméra, après deux films réalisés par Michel Hazanavicius. On s’attendait à un film polémique, mais Alerte Rouge en Afrique Noire n’est que simplement raté.

Nous sommes au début des années 80, quand François Mitterrand s’apprête à succéder au Président Giscard d’Estaing. OSS117, lui, et après une dernière aventure en Afghanistan se voit reléguer au sous-sol de son agence. Un jeune espion (Pierre Niney) a pris sa place et notre héros se retrouve à entrer des données dans un ordinateur. Il est rappelé quand OSS 1001 manque à l’appel et part donc en Afrique avec sa valise de préjugés sous le bras.

Quand on a appris que Nicolas Bedos succèderait à Michel Hazanavicius, on s’est demandé quel serait le résultat. Le comédien/réalisateur et fils du célèbre humoriste a montré, notamment via les réseaux sociaux, qu’il avait bien du mal avec les changements qui traversent notre époque. OSS 117 3e volet allait-il être un film polémique ? Le réalisateur allait-il s’enfoncer dans de l’humour ouvertement raciste ou bien allait-il faire lancer des vannes horribles à son héros pour mieux les désamorcer ensuite ? Rien de tout cela, car Bedos ne sait pas quoi faire de de la Bath. Il ne comprend pas le personnage et n’a jamais le recul nécessaire pour l’approcher.

Techniquement, le film n’est pas vilain. Si les deux premiers volets cherchaient à rappeler les James Bond période Connery, celui-ci lorgne plus vers les films avec Roger Moore, comme le montre un méchant muni d’une grosse pince à la place de la main et rappelant Requin. Les cadres sont jolis, la photo pas vilaine et même s’il y a deux trois fonds verts qui piquent, la réalisation est agréable. Reste que Hazanavicius était plus malin, il mettait sa mise en scène au service de l’histoire pour offrir des scènes visuellement décalées aux spectateurs (souvenez-vous d’OSS se recoiffant dans le premier volet). Bedos, lui, reste au premier degré de la mise en scène.

Ce qui faisait le sel d’OSS, c’était non seulement les dialogues enlevés de Jean-François Halin (qu’on retrouve ici et là dans un récit réécrit par le réalisateur) mais aussi l’opposition entre l’espion et le monde qui l’entoure. Pour rendre le personnage drôle, le réalisateur et le scénariste des deux premiers volets utilisaient la contradiction. OSS était toujours accompagné d’un personnage, très souvent féminin en plus, qui était là pour le remettre à sa place. Ici, ce n’est pas le cas. Ca aurait pu venir du personnage de Pierre Niney mais son temps à l’écran est trop court. Pire, quand il décidé à engueuler notre héros, il est coupé dans son élan pour disparaitre jusqu’à la fin du récit. Bedos donne alors l’impression de ne pas vouloir être contredit, or c’est cette contradiction qui fait la réussite du personnage.
L’opposition au monde qui l’entoure ne fonctionne pas non plus, OSS étant d’abord modernisé (on en fait brièvement un ingénieur informaticien des 80s) pour ensuite tenter vainement de montrer que c’est un vieux con.

De fait, Alerte Rouge en Afrique Noire n’est jamais drôle. Les gags tombent à plat ou sont trop appuyés. La vanne sur « MeToo », rajoutée par Jean Dujardin lui-même, est plus navrante qu’autre chose et ne parlons pas d’une scène très gênante où il est question d’érection et d’un jeu de mot sur « gaule » (si si, on en est là). Le Caire et Rio étaient deux films dont certaines séquences sont devenues cultes, dont certaines lignes de dialogues sont entrées dans le langage courant. Vous ne retiendrez rien d’Alerte Rouge si ce n’est que le film tease un quatrième volet, qu’on n’a pas envie de voir et que la fin, beaucoup trop abrupte, laisse penser que la France soutient les dictatures.

Finalement, on aurait presque préféré voir un film ouvertement raciste, misogyne et choquant. On aurait au moins ressenti quelque chose. Mais ici, l’encéphalogramme reste plat du début à la fin. Le film n’est rien de ce qu’il aurait pu être. Il est juste raté.

OSS 117 Alerte Rouge en Afrique Noire, de Nicolas Bedos – Sortie le 4 août 2021

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2 Comments

  • par Ronton
    Posté vendredi 13 août 2021 12 h 58 min 0Likes

    Non. on n’aurait pas préféré « un film ouvertement raciste, misogyne et choquant ».

  • par Benjamin
    Posté mercredi 1 septembre 2021 8 h 56 min 0Likes

    Aïe:
    « et notre héros se retrouver à entrer » = Se retrouve
    « Si les deux premiers volaient cherchaient… » => Volets et non pas volaient du verbe voler
    « si si, on en n’est là » => La liaison…pas besoin de N apostrophe.
    « qu’on n’a pas envie » => qu’on a pas, pareil, liaison
    Bref, article se voulant très critique, mais se rate sur l’ortographe alors qu’en 2021, avec les outils disponibles ce n’est plus une excuse..

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