Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Manchester by the Sea

En 2015, aucun film n’avait vraiment osé se risquer à affronter Star Wars au box office. Cette année, Rogue One s’offre un outsider avec Manchester by the Sea, le nouveau film de Kenneth Lonergan.

Le film vient d’être nommé cinq fois aux Golden Globes : meilleur film dramatique, meilleur acteur dans un drame, meilleure actrice dans un second rôle, meilleurs réalisateur et scénario. Ca promet pour les Oscars.

 

LA CRITIQUE

Cela faisait quasiment une décennie que Kenneth Lonergan n’avait pas tourné de film. Son précédent long-métrage, Margaret, avait été une bataille sans fin au cours de son montage, auquel même Martin Scorsese s’était cassé les dents. « Manchester by the Sea », présenté cette année au London Film Festival et nommé aux Golden Globes, était censé être réalisé par Matt Damon, lequel s’est finalement retiré pour laisser la place à Lonergan. Il embarque Casey Affleck, Kyle Chandler et Michelle Williams, grande admiratrice de son travail, dans un mélo doux-amer sur la culpabilité.

Il faut l’avouer, la majeure partie de « Manchester… » repose sur les épaules de Casey Affleck, immense en ouvrier rongé par la culpabilité d’avoir commis accidentellement un drame abominable qui a détruit son existence – mais pas que la sienne. Le film montre comment gérer l’après, tenter de reprendre une vie normale au moment même où sa famille est confrontée au décès de l’un des leurs.

S’ensuit le début d’une relation entre un oncle et son neveu, chacun apportant dans l’existence de l’autre un peu de réconfort, même si temporaire, mais précieux. « Manchester… », grâce à un script élégant et pudique, réussit le pari, malgré ses sujets très lourds et larmoyants, de ne pas tomber dans le pathos et de montrer des personnages dignes, même dans le chagrin et l’erreur. Il faut voir l’échange final du couple Affleck/Williams pour comprendre que si le film retient ses scènes-chocs, c’est pour mieux les faire exploser dans des sommets d’écriture et de montage. La musique, tout en délicatesse et présente juste quand il le faut, joue à ce titre un rôle particulièrement important dans ces scènes-clés.

On pourra malgré tout rester perplexe devant le « gâchis » (à défaut d’un terme plus approprié) des personnages de Michelle Williams et Kyle Chandler : pas assez incarnés, leur temps de présence très court empêche que l’on s’attache à eux et que l’on soit en empathie avec les drames qui leur tombent dessus. Si Williams arrive à se rattraper lors du climax émotionnel du film (qui, sans doute, lui a valu sa nomination aux Golden Globes), Chandler est vraiment trop effacé pour que l’on puisse saisir la puissance du deuil de son fils, incarné par le très attachant Lucas Hedges, la grosse révélation du film dans un rôle pourtant très compliqué. C’est via son personnage que le film trouve ses respirations et fait preuve d’un humour inattendu mais bienvenu.

Car si le sujet de « Manchester by the Sea » le destinait à devenir un mélodrame sans nuance, c’est via l’humour que l’on réalise qu’en dépit de tout, la vie continue. Et que s’il n’y a pas de réponse définitive à comment gérer un deuil et la culpabilité qui va avec, l’espoir est bien présent. En tout cas, Kenneth Lonergan réussit son pari et nous offre un film touchant, sensible, humble, qui devrait valoir une pluie de récompenses méritées pour Casey Affleck.

Manchester by the Sea, de Kenneth Lonergan – Sortie le 14 décembre 2016

Voir les commentairesFermer

Laisser un commentaire