2247Vues 2commentaires
Luca, le premier long métrage du réalisateur Enrico Casarosa (La Luna) est disponible depuis ce 18 juin sur la plate-forme Disney+.
LA CRITIQUE
On mesure notre chance. Celle d’avoir pu découvrir Luca, le nouveau film des studios Pixar, dans une salle de cinéma pleine à craquer d’un public chaud bouillant. Disney a en effet fait le choix de sortir le premier long-métrage d’Enrico Casarosa en exclusivité sur sa plate-forme Disney+ et même si les salles rouvrent dans le monde entier.
Luca – c’est le nom du héros- est un jeune adolescent qui va faire une rencontre, celle d’un autre garçon comme lui un été dans la région des Cinque Terre en Italie, quelque part dans les années 50-60. C’est la saison de tous les possibles et l’âge où on a envie de liberté. Mais les deux gamins ont une particularité : ils sont tous les deux en réalité des « monstres marins » vivant sous l’océan et prenant forme humaine une fois à la surface.
Le film s’ouvre donc sous l’eau pour nous faire découvrir un monde très semblable au nôtre, celui où les parents surveillent un peu trop leurs ados ayant envie de faire des bêtises. L’univers présenté, bien que limité, permet quelques trouvailles assez drôles tout en mettant en avant les similitudes entre les deux mondes. Mais comme vos parents vous empêchaient d’aller dans tel quartier avec mauvaise réputation, les parents de Luca lui interdisent de sortir de l’eau car les humains sont tous de méchants pêcheurs. A la surface, la peur est inversée, les humains craignant les créatures vivant dans leurs profondeurs. Le parallèle est réussi : si vous avez déjà eu peur de nager en eaux profondes, dites vous que les créateurs du fond de l’eau ont les mêmes peurs que vous.
Ce qui surprend en premier avec Luca, c’est que c’est sans doute le premier Pixar où la patte du réalisateur se voit le plus. Le film a une identité, celle d’Enrico Casarosa qui, d’origine italienne, a vraiment passé ses vacances le long de la Riviera italienne. Cela se ressent dans les influences (Porco Rosso d’Hayao Miyazaki n’est pas loin, pas plus que Federico Fellini) mais aussi dans le style graphique. Les décors lorgnent toujours vers le photoréalisme (ces plages de galet, mamma mia…!) mais les personnages sont rond et « cartoonesques » dans le même esprit que ceux de La Luna, le très beau court métrage du réalisateur.
Le déroulé de l’histoire est très (trop) classique pour un Pixar. Les deux jeunes garçons vont découvrir un village et les humains, et ils vont faire la connaissance d’une jeune fille qui veut à tout prix remporter la course du village pour faire la nique à un gamin plus âgé et un peu trop « bully ». Une course, comme épreuve principale pour les héros et grande scène d’action, on a vu plus original chez Pixar. Pourtant, le film fonctionne grâce à son écriture minutieuse, à ses dialogues particulièrement drôles et aux situations que permettent la transformation homme/poisson des personnages (s’ils touchent de l’eau, même des gouttes, leurs écailles réapparaissent).
Malgré un certain classicisme, on se laisse donc prendre au jeu et on finit par abandonner la quête des easter eggs (des affiches de productions Disney d’époque, le Pizza Planet à priori sous une forme inattendue) pour plonger dans l’histoire. Il faut dire que sous ses airs un peu trop évidents, le dernier né des studios Pixar cache un sous-texte sur les différences. Le film est la rencontre de deux communautés, de gens qui sont en apparence différents et qui se craignent mutuellement pour … aucune raison. Nous, on a surtout envie d’y voir plus qu’une histoire d’amitié entre les deux garçons, mais un début d’histoire d’amour. Le premier Pixar gay ? Le film ne l’assume jamais pleinement mais certaines séquences, dont la très émouvante scène de fin, le laisse penser.
Même s’il n’est pas aussi inventif qu’un Soul, Luca reste le haut du panier des studios Pixar. un film qui donne envie de voyager, de découvrir d’autres cultures que la sienne, d’aimer. Et de manger des pâtes au pesto.
PS : restez jusqu’à la fin du générique.
Luca, d’Enrico Casarosa – Disponible sur Disney+
2 Comments
par Broack dincht
C’est vraiment une chance d’être dans une salle pleine à craquer d’un public chaud bouillant ? Ça parle, ça crie, ça mange des popcorn, ça donne des coups dans le siège devant…
On verra, ce film ne m’inspire pas spécialement, mais ces derniers temps, c’est les films dont je n’attendais rien qui m’ont me plus plu
par Marc
En festival, c’est pas le cas : ça crie avant et ça ne moufte pas pendant la séance.