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20 ans après sa sortie salles, le Pacte des Loups a été restauré pour revenir dans les bacs en 4K. Phénomène à sa sortie, le film en est toujours un en le redécouvrant en 2022.
Le mythe de la Bête du Gevaudan a inspiré bien des œuvres. Au 18e siècle, un « monstre » terroriserait la campagne du Gevaudan. Un loup ? Un animal venu d’un continent lointain ? Un tueur en série ? Un mélange de tout cela ? Dans le film de Christophe Gans écrit par Stéphane Cabel, la Bête n’est montrée que tardivement. Le film s’ouvre sur une jeune femme qui se fait bouffer par « quelque chose ». Puis on va suivre dans la région le Chevalier de Fronsac, envoyé par Paris pour résoudre ce mystère. Autour de lui vont graviter tout un tas de personnages, et lui même étant accompagné d’un Indien d’Amérique maitrisant les arts martiaux.
Christophe Gans aime beaucoup le cinéma étranger et il apporte sa culture du genre dans le Pacte des Loups, citant notamment Matrix ou Predator mais aussi le wu xia pian, l’introduction du film où un héros solitaire vient résoudre un conflit et commence par s’attaquer à un groupe de bandits semble tout droit sorti du cinéma asiatique. En utilisant ses influences et le contexte historique, Gans va chercher à créer quelque chose de nouveau, un juste équilibre entre différentes cultures cinématographiques dont le résultat fonctionne. Ce n’était pas gagné pour autant en confiant le rôle d’un Indien à un acteur né à Hawaii et pratiquant des arts martiaux venus d’Asie, encore moins en montrant Samuel le Bihan (le héros, Fronsac, donc) pratiquant les mêmes techniques de combat.
Pour autant le résultat fonctionne, notamment grâce à sa galerie de personnages et aux justifications scénaristiques. L’influence asiatique vient des voyages des personnages, et le mélange des genres est appuyés par la bizarrerie des seconds rôles, personne ne semblant net. Et puis, Gans est un formidable conteur. Même si le film tire en longueur avec un enchainement de climax qui aurait mérité d’être réduit (surtout dans sa version longue) on ne peut s’empêcher de voyager avec les héros à travers le Gévaudan. Les décors et les costume sont sublimes. Et, en 2022, à l’heure du tout numérique on se prend à rêver à un retour du cinéma de ce genre.
D’ailleurs, voir le film vingt ans après sa sortie est encore plus intéressant : le rythme très posé et les longs temps de pause entre les scènes d’actions sont d’une époque révolue, tout comme le tournage dans des conditions réelles. Ici, pas ou peu de CGI, les quelques effets numériques du film (dont la Bête sur certains plans) ont été revus pour la version 2022, reléguant notre vieux souvenir d’images numériques qui piquent aux oubliettes. Tout cela est d’autant plus souligné par un casting qui, depuis, a pris un sacré coup de vieux (Jérémie Rénier n’a jamais paru aussi jeune !) et quelques acteurs malheureusement pas toujours juste. Le Bihan n’est pas très expressif mais il est aidé par la mise en scène et le choix des cadres pour que ça se voit le moins possible.
Le Pacte des Loups fait figure d’OVNI dans le paysage cinématographique français. Le film est superbe et, malgré ses défauts, une réussite globale comme on n’en voit peu. L’ambition et l’envie de Christophe Gans nous font d’autant plus regretter ses nombreux projets abandonnés (Bob Morane, Rahan, Nemo ou encore Corto Maltese auraient eu de la gueule – voir notre podcast sur le sujet avec François Baranger). On peut au moins se consoler un peu avec la ressortie du Pacte, en attendant le retour du réalisateur à Silent Hill.
Le Pacte des Loups, de Christophe Gans – Sortie initiale le 31 janvier 2001