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Critique : Godzilla II Roi des Monstres

Godzilla revient. Dans une suite cette fois signée de Michael Dougherty et alignant à son casting Kyle Chandler, Vera Farmiga, Millie Bobby Brown, Charles Dance, Ziyi Zhang ou encore Ken Watanabe, rescapé du premier volet.

 

LA CRITIQUE

En 2014, Gareth Edwards relançait Godzilla à la sauce américaine en y appliquant la recette de Monsters. En résultait un film tourné vers l’humain, débordant de respect pour l’œuvre japonaise originale, et parfois bancal dans son traitement. Hollywood des années 2010 oblige, le film était le préambule d’un nouvel univers partagé où les kaijus nippons auraient la part belle. A cela venait se greffer Kong Skull Island, gros divertissement qui tâche mis en scène par un Jordan Vogt-Roberts bien moins inspiré que son prédécesseur. On avait du mal à voir où les deux métrages allaient mener. On a désormais la réponse : à l’un des pires films de 2019.

Godzilla II reprend là où le film d’Edwards s’arrêtait : sur un monde en ruine où des titans se réveillent. Vera Farmiga y incarne une scientifique qui a perdu son fils dans la première bataille et qui a passé cinq ans à monter une machine capable d’établir une communication avec les créatures. Elle et sa fille se font enlever par Charles « Tywin Lannister » Dance, sorte de mercenaire écolo qui veut l’appareil. Le mari/père va s’allier à l’organisation Monarch pour retrouver sa famille. Et, comme vous vous en doutez, sauver le monde.

Du moins, tout ça, c’est sur le papier. Parce que le résultat est tout autre. A l’écran, on va surtout assister à de longues scènes mettant en avant des humains qui s’interrogent, sur eux-même et sur les créateurs dont ni eux ni les scénaristes ne savent que faire. On assiste donc au réveil des monstres à travers de très longs tunnels de dialogues dans des bases et des vaisseaux militaires, entourés d’écrans qui clignotent et de gradés qui donnent des ordres. Ponctuellement, un monstre ou deux apparaissent pour repartir aussi tôt. Si vous avez eu du mal avec les ellipses du récent Game of Thrones, accrochez-vous : ici, tout le monde traverse la planète en un clin d’oeil, sans logique aucune. Les personnages prennent des décisions pour mieux revenir dessus la scène d’après et le spectateur s’ennuie. Il ne se passe pratiquement rien d’intéressant pendant deux heures. Le choc des titans, celui pour lequel vous avez laché une dizaine d’euros, n’arrive qu’à la toute fin et ne dure qu’une quinzaine de minutes. Saluons néanmoins la photographie de Lawrence Sher qui permet des plans de combat de toute beauté. Ils sont tous dans les bandes-annonces.

On sait que faire un film est un art compliqué. On sait que les réalisateurs, rarement maitres de leurs projets, doivent lutter face à des producteurs ayant des visions totalement différentes. Michael Dougherty, embauché parce qu’il savait gérer des créatures en nombre dans le très fortement sympathique Krampus, admet avoir lutté. Il évoque « une immense pression » et une évolution du scénario pendant le tournage. Ca se ressent évidemment à l’écran tant le film a évolué depuis sa première bande-annonce (où toute la scène où Millie Bobby Brown parle à la radio a été coupée). Mais parfois, les productions chaotiques et aux reshoots finissent par s’en sortir pour donner des résultats satisfaisant (comme Rogue One, récemment). Ici, ce n’est pas le cas. Non seulement on s’emmerde mais les incohérences sont légion. Sur IMDB, on apprend que Ziyi Zhang était censé tenir le rôle de deux jumelles. L’une d’elle a été coupée au montage, mais pas entièrement. Elle apparait encore dans certaines séquences sans la moindre explication, exemple-type du jemenfoutisme d’une production qui a été bordélique. Evoquons aussi le cas du personnage de Kyle Chandler, cliché ambulant, qui décide à un moment dans le film de lâcher Monarch pour chercher sa fille tout seul pour mieux revenir au sein de l’organisation dans le plan suivant.

Bref, on pourrait continuer longtemps à énumérer les défauts de cette purge à 200 millions de dollars. Une jolie photo, une musique qui tient la route et quelques plans qui finiront en gif sur les réseaux sociaux ne font pas un film.
Comment des producteurs peuvent-ils laisser sortir en salles un film aussi foutraque autrement qu’en s’en battant la ratte ? Comment peut-on partir d’un projet sympathique comme celui de Gareth Edwards pour ensuite faire n’importe quoi ? La réponse est sur vos écrans. La lutte, entre auteurs-réalisateurs et producteurs, elle, n’a pas fini de faire parler d’elle.

Godzilla II Roi des Monstres, de Michael Dougherty – Sortie le 29 mai 2019

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