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Critique : Da 5 Bloods

Depuis l’annonce de la date du 22 juin, on n’a plus d’yeux que pour la réouverture des salles de cinéma. Il ne faut pas pour autant bouder la vidéo à la maison, d’autant que 12 juin est lui marqué par la sortie du nouveau film de Spike Lee. Sur Netflix.

 

LA CRITIQUE

C’est quand Spike Lee est en colère qu’il est le meilleur. Vous vous souvenez sans doute de la fin de BlacKkKlansman sorti en 2018. Le réalisateur y avait glissé des images du drame de Charlottesville pour faire résonner son histoire avec l’actualité. On était tous sorti de salle frissonnants. En deux ans, rien n’a changé, au contraire la situation n’a fait qu’empirer et le mouvement Black Lives Matter n’a fait que prendre de l’ampleur. Et Spike Lee est toujours en colère.

Da 5 Bloods raconte l’histoire de vétérans du Vietnam qui retournent plusieurs décennies après la guerre pour retrouver des lingots d’or qu’ils avaient soigneusement enterrés. Le temps a passé et les hommes devenus vieux sont marqués par ce qu’ils ont vécu. Tout en revivant la guerre, ils retournent dans les forêts vietnamiennes dans un périple qui ne sera pas, une nouvelle fois, sans danger.

Le long métrage commence par une séquence dont le metteur en scène a le secret, mélangeant images d’archives du Vietnam et séquences contemporaines, mettant en parallèle les deux époques et le fait que rien n’a bougé en quarante ans quand on est noir et Américain. Difficile de faire plus puissant comme entrée en matière.
Puis le réalisateur passe à son histoire, alternant avec brio la présentation de ses personnages à travers des images du passé et celles du présent, changeant le format d’image et la manière de filmer d’une époque à l’autre. On se prend vite d’affection pour ces quatre papys à la « Space Cowboys » d’autant que leurs discours sur le rapport à la guerre, au racisme ou même à Donald Trump semble tout droit sorti de la bouche de Spike Lee. C’est d’autant plus réussi que les scènes de guerre sont de belles tenue, Lee sachant filmé ses fusillades. Le réalisateur a aussi eu la bonne idée d’y confier un rôle à Chadwick Boseman, qui y est particulièrement charismatique.

Le réalisateur mélange beaucoup de sujets, le racisme, la guerre, l’argent, le capitalisme… Il cite frontalement Apocalypse Now, Rambo et les films « avec le mec de Texas Ranger » mais pour autant il ne perd jamais le spectateur en route quand il s’agit de dénoncer. On retiendra en particulier le personnage incarné par un Delroy Lindo absolument impeccable. Victime du syndrome post-traumatique, il est le mec le plus intéressant de la bande, et il le prouvera dans une scène assez dingue où il brise le quatrième mur pour parler directement au spectateur.

Malheureusement, Da 5 Bloods se perd dans sa course au trésor, trop longue et un peu vaine, où les tunnels de dialogue sont légion. Le film souffre d’un ventre mou et n’est pas aidé par des personnages secondaires pas dingues (dont Jean Reno, qui a oublié de jouer). Cependant, le dernier acte en mode « full action » est largement satisfaisant. Et l’épilogue renvoie discrètement à l’introduction, et au mouvement Black Lives Matter.

Le film de Spike Lee est ponctué par quelques défauts qui rappellent que le réalisateur n’est vraiment très bon que quand il peut s’énerver, ce qui n’est déjà pas mal vu la puissance de certaines images. De fait, comme BlacKkKlansman, Da 5 Bloods est un film important. Surtout en ce moment.

Da 5 Bloods, de Spike Lee – Disponible sur Netflix

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