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Critique : A La Poursuite de Demain

Difficile de reprendre son souffle en ce mois de mai 2015.

Alors que la machine de guerre de George Miller est toujours dans les salles (et dans les esprits), c’est au tour de Brad Bird de dévoiler son nouveau long-métrage. Les deux films ont deux points commun : le premier est d’évoquer, chacun à leur façon, notre futur ; le second est d’être de vraies réussites bousculant ce qu’on a l’habitude de voir ces derniers temps au cinéma….

 

LA CRITIQUE

 

« Le futur n’est jamais écrit à l’avance pour personne ; votre futur sera exactement ce que vous en ferez alors faîtes qu’il soit beau pour chacun de vous. »
– Doc Brown, Retour vers le Futur III

Intitulé d’abord « 1952 », le second film live du génial Brad Bird avait longuement été teasé sur les réseaux sociaux, donnant lieu à quelques théories dignes des meilleurs rumeurs sur Star Wars. Aujourd’hui, le voile est levé et il n’est nullement question de soucoupes volantes ni même de la construction de Disneyland. Il est en fait surtout question de l’humanité, de nous-même.

Et à ce stade, je peux déjà le dire : non seulement A La Poursuite de Demain est d’une originalité rare mais c’est probablement l’un des meilleurs films que vous verrez cette année.

On va essayer de ne pas trop s’étendre sur l’histoire, qui mérite d’être découverte en intégralité. Disons juste que le personnage de George Clooney a fait en son temps partie des élus ayant le droit de visiter Tomorrowland. Cassey, l’héroïne incarnée par Britt Robertson, récupère le fameux pin’s longuement utilisé dans la promo du film pour avoir le même droit. Mais le chemin qu’elle va prendre pour s’y rendre ne sera pas sans embuche, d’autant qu’elle croisera Clooney d’abord pas très convaincu de l’intérêt d’y retourner.

Le film s’ouvre sur les deux héros, évoquant à tour de rôle leur enfance et leur vision du futur, face caméra. Il s’ouvre aussi sur deux visions bien différentes : d’abord celle des années 60-70 où le futur n’était que jetpacks, voitures volantes et autres maisons connectées. On rêvait « de l’an 2000 » comme quelque chose d’extrêmement positif, de « mieux » ; ensuite une vision bien plus contemporaine, aujourd’hui on voit le futur en noir. On voit les catastrophes en cours et à venir et on voit d’avantage la fin de l’humanité que l’espoir d’un monde meilleur. Heureusement, Cassey est une jeune femme non seulement brillante mais aussi résolument optimiste, du genre à chercher une solution à nos problèmes et à vouloir bouger les choses. C’est principalement autour de cette notion de vision du futur et de quête de demain (comme quoi le titre français n’est pas si idiot) que va tourner l’intrigue du film de Brad Bird.

Au delà de jongler avec nos convictions (qui n’a pas rêvé étant enfant de voitures volantes pour découvrir ensuite que l’avenir n’était pas ce qu’il imaginait ?), Brad Bird et Damon Lindelof mettent également un coup de pied au cinéma contemporain. A La Poursuite de Demain n’a, dans sa construction, aucun rapport avec les films habituels formatés qu’on a l’habitude de voir actuellement. S’il y a bien un final un peu plus spectaculaire que le reste du film, il n’y a pas vraiment de menace sur notre planète et les héros ne sont pas des champions d’arts martiaux. Ce sont des humains curieux, malins et voulant faire bouger les choses. On est ici face à une proposition nouvelle et, surtout, totalement originale.

Quand le cinéma n’est plus qu’adaptations, reboots de produits déjà construits et suites en tout genre, Brad Bird propose lui quelque chose d’intégralement inédit et rappelle par là qu’on est pas obligés de connaitre une série/un personnage/une franchise pour apprécier un film. On peut aussi se laisser porter par son imaginaire et rêver en grand. Il en profite également pour tacler discrètement ces films à série.
Mais une tape sur la nuque d’un Kevin Feige ne suffit pas au réalisateur qui a refusé Star Wars (quand même) tant Brad Bird a à offrir. Tomorrowland est un film d’une richesse incroyable en terme de mise en scène. Le réalisateur croit dur comme fer à son sujet, ne le lâche jamais et, plus on avance dans le récit, plus il propose de choses. On pourra citer par exemple la scène de la poursuite dans la maison de Clooney (visible dans la bande-annonce) mais aussi l’incroyable plan-séquence promenant Britt Robertson pin’s en main dans la ville du futur ou encore une démentielle scène dans une boutique de vieux jouets où l’on croisera notamment un Géant de Fer et l’Empereur Zerg sur un célèbre thème signé John Williams, jouant d’une manière différente sur la vision d’un futur meilleur qui nous était promis à travers les références montrées à l’écran.

Chaque plan, chaque séquence est une idée nouvelle, une proposition originale pour les spectateurs en mal d’émerveillement que nous sommes. Face aux propositions de héros réalistes pleurant dans la douche ou dans des vaisseaux spatiaux peuplés de robots carrés, Bird nous en donne encore et encore sans oublier personne en chemin puisqu’il y a -à l’instar des meilleurs Pixar- différents niveaux de lectures qui ont font le film le plus familial depuis bien longtemps. Il parvient à mêler Walt Disney, Jules Verne, quelques grands scientifiques modernes de notre époque avec de l’imagerie cartoonesque et des images de catastrophes naturelles. Vous vous souvenez de l’émerveillement ressenti devant l’apparition des premiers dinosaures de Jurassic Park, devant Eliott et son vélo s’envolant dans l’axe de la Lune ou devant les séquences de combat sur l’Ile des Indestructibles ? Il y a quelque chose de tout ça dans Tomorrowland, quelque chose qu’on ne voyait que très rarement dans le cinéma des années 2010.

Il serait dommage de passer à coté de la finalité de la dernière scène, résolument tournée vers l’avenir et bien loin de l’oegénisme qu’on peut y voir, il serait dommage de ne pas comprendre que c’est finalement au spectateur que Clooney s’adresse. A nous tous. Il n’y a donc rien à jeter du chef d’œuvre du réalisateur des Indestructibles, totalement ancré dans notre époque tout en nous rappelant la féérie des films estampillés Amblin. Brad Bird, s’il en fallait une nouvelle preuve, se pose en digne successeur d’un Steven Spielberg (et Michael Giacchino en hériter de John Williams), d’un Joe Dante ou d’un Robert Zemeckis. Quand Mad Max Fury Road dépeint un futur déjà foutu dans lequel les personnages tentent de s’en sortir, Bird propose l’optimisme qu’on ressentait déjà dans Les Indestructibles ou Le Géant de Fer.
Allez voir Tomorrowland à plusieurs, en famille, avec des amis, en groupe. On a tous besoin d’une telle bouffée d’air frais.

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4 Comments

  • par Thomas Gerber
    Posté lundi 18 mai 2015 15 h 25 min 0Likes

    « Certains vieux aigris trouveront surement à redire de la finalité de la dernière scène, ceux qui ont oublié qu’on peut encore rêver et croire en l’avenir et ceux qui n’ont pas compris que c’est directement au spectateur que Clooney s’adresse. Mais il n’y a pourtant rien à jeter du chef d’œuvre du réalisateur des Indestructibles, totalement ancré dans notre époque tout en nous rappelant la féérie des films estampillés Amblin. »

    Il y a quelque chose de vraiment minable (pour ne pas dire indigne) dans le geste du critique qui s’en prend au spectateur qui ne partage pas son point de vue et va jusqu’à l’insulter. En plus de s’octroyer le monopole du bon goût (puisque seuls les « vieux aigris qui ont oublié qu’on peut encore rêver et croire en l’avenir » trouveront à redire sur ce « chef-d’œuvre »)il se trompe de cible. Quel est l’objet du débat ? Le film et son discours ou le caractère aigri du spectateur qui n’a pas aimé ce dernier ? On lit une critique de cinéma pour apprécier un regard et une analyse d’un film et peut-être en débattre, pas pour se faire insulter ou psychanalyser. À vous de savoir ce que vous préférez faire. Moi j’aime parler de cinéma.

  • par Marc
    Posté lundi 18 mai 2015 15 h 54 min 0Likes

    SPOILERS
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    Je suis peut-être un peu dur mais j’ai entendu, à la sortie de la projection à laquelle j’ai assisté, des commentaires qui comparait la fin avec le nazisme. Au delà du point Godwin atteint gratos, c’est dommage de passer à coté de ce que Brad Bird a voulu faire en « distribuant les pin’s finaux » (pour ne pas spoiler) : montrer que tout le monde et n’importe qui pouvait être sélectionné, sans différenciation de genre, de race ou de que sais-je. On finit donc dans l’optimisme pur, et c’est ballot d’y voir autre chose.
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    Edit : Mais tu as raison. Mea culpa, c’était un peu dur comme formulation. J’ai donc retouché la phrase.

  • par Thomas Gerber
    Posté lundi 18 mai 2015 19 h 23 min 0Likes

    Ah ben oui, c’est mieux :)

  • par Paprika
    Posté lundi 1 juin 2015 11 h 40 min 0Likes

    Ne trouves-tu pas que justement, cet amoncellement d’éléments originaux, quand tu dis que « Chaque plan, chaque séquence est une idée nouvelle, une proposition originale », finit par être écrasant pour un public qui se perd dans la surenchère ? Comme si Bird avait essayé de trop en mettre dans un seul film et qu’il avait du par la suite condenser quitte à ce que certains éléments perdent de leur sens et/ou de leur impact ?
    En tout cas, merci pour cette critique constructive. Toujours un plaisir de te lire.

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