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Annecy 2012 : jour #3

Découvrir Annecy et son festival, c’est aussi découvrir ses traditions. Ainsi, chaque début de séance a droit à un rituel bien rodé : des avions en papier sont lachés du haut de la salle et s’ils touchent l’écran, ce qui est presque irréalisable depuis le lieu principal, le lanceur est chaleureusement applaudi.

De la même manière, chaque projection démarre par le jingle du festival où un homme des cavernes poursuit un dindon sur fond de sponsors. Et les festivaliers prennent du plaisir à le bruiter en direct et à applaudir avant de citer « Rrrrr » d’Alain Chabat quand les lumières s’éteignent pour de bon.

Ca a été le cas pour toutes les projections qui ont ponctué cette troisième journée au bord du lac.

On remarque une chose, à force de voir plusieurs films d’animation par jour : le fossé entre l’animation traditionnelle et l’animation 3D se referme. En effet, avec Paperman présenté mardi et deux autres films que j’ai pu voir aujourd’hui, on se rend compte qu’il est désormais possible d’appliquer des textures traditionnelles à un modèle 3D. Le personnage ne doit plus forcément être coloré simplement comme chez Dreamworks ou Pixar mais son rendu peut être peint à l’aquarelle par exemple. Ainsi, le spectateur voit bien de l’animation 3D mais dont le visuel fait de plus en plus penser à de l’animation classique.
De là à penser qu’on fera sans doute de moins en moins la différence, il n’y a qu’un pas.

Les deux films concernés sont tous les deux très différents.

Le premier, Asura, est un film japonais réalisé par Keiichi Sato.
Prévu pour septembre au Japon, et basé sur un manga des années 70 ayant fait polémique à sa sortie, il raconte l’histoire d’un très jeune garçon muni d’une hache qui tue des gens pour les bouffer. Tout un programme, justifié par le fait que sa propre mère a failli le manger juste après son accouchement. Le tout se passe au Japon, au 15e siècle, alors que le pays est ravagé par la famine.
Sanglant, brutal, difficile, sombre, le film l’est assurément. Néamoins, l’aventure du « héros », sa rencontre avec un moine puis une jeune femme qui lui feront chacun à leur manière découvrir ce qu’est l’humanité n’est pas inintéressant et même si beaucoup de scènes sont choquantes.
Techniquement, le réalisateur utilise une 3D en cell shading sur laquelle il a appliqué des textures en aquarelles permettant le rendu dont je parlais en introduction.
Le film aurait pu être qualifié de bon s’il n’avait pas été plombé par une morale finale absolument dégueulasse, disant clairement « qu’il faut tuer pour vivre. »

Le second, Couleur de Peau Miel, n’a aucun rapport. Son seul point commun est l’utilisateur de la 3D « recouverte de peinture » donnant un aspect très BD à ce qui est pourtant une image de synthèse.
Autobiographie réalisée par le dessinateur belgo-coréen Jung d’après ses propres albums, le film raconte comment il a été adopté par une famille belge à une époque où les adoptions de petits coréens étaient monnaie courante. Véritable tranche de vie, il passe par toutes les étapes dont on se doute : les relations difficiles dans une famille dont il n’est pas le fils naturel, le racisme des gens autour de lui qui le considèrent comme « un jaune », etc…
Mêlant images 3D, véritable animation classique mais aussi prises de vues réelles que Jung a tourné en Corée et quelques dessins de son cru, le film est mélancolique mais aussi beau et triste. La manière dont est racontée l’histoire, le mélange des techniques et le personnage de Jung en lui-même en font non seulement un must à aller voir en salles (seulement 63 en France, dépêchez vous) mais nulle doute qu’il repartira d’Annecy avec un prix.
En ce qui me concerne, le meilleur film de la compétition.

Entre les deux projections, je me suis rendu à la diffusion d’une série d’épisodes de dessins animés pour la télévision, en compétitien. Dans ce genre de regroupement de courts films d’animation, on voit forcément du bon et du moins bon.
J’y ai découvert la série de Cartoon Network Regular Show qui en est à sa troisième saison déjà. La galerie de personnages déjantés est savoureuse et les dix minutes que durent un épisode passent comme une lettre à la poste.
J’ai également retenu la série d’animation française Flapacha Où Es-Tu, développée par Xilam à qui l’on doit Les Zinzins de l’Espace ou encore Oggy et les Cafards.
La série se passe dans un camps de vacances dans une forêt où vit le Flapacha, créature mythique qui pourrait sans doute exaucer les rêves si on la voit. On suit Matt et et Lisa, deux cousins qui y passent leur été et à qui il va arriver des aventures. Dans celle-ci, ils vont trouver un arbre aux pouvoirs magiques et s’en servir à leur manière.
La série brille d’abord par son animation et la qualité de ses dessins. Les décors sont soignés, les couleurs bien choisies et les personnages bien animés. L’histoire est bien amenée, on rit beaucoup et les héros sont sympathiques. Du beau boulot. Nul doute que le Flapacha devrait cartooner auprès des plus jeunes. Et de vous ?
La série sera diffusée du lundi au vendredi sur France5 à 9h05 à compter du 2 juillet. Et une vidéo est à voir ici.

La journée s’est terminée sur la projection de Berserk Ōgon Jidai-Hen I: Haō no Tamago, d’après le manga éponyme de Kentaro Miura. Un ratage complet. L’animation est foireuse, le chara design différent d’une scène sur l’autre et la synchro labiale à la ramasse, même en version originale.
L’histoire n’a pas vraiment de sens et est surtout un enchainement de scènes de combats et de scènes à connotations sexuelles, d’abord entre un homme très efféminé (comme l’était Aphrodite du Poisson dans Saint Seiya) et le héros, avec bon nombre de dialogues crypto-gays puis entre le même homme et une princesse.
Aucun intérêt mais c’était tellement raté que la salle était hilare. Au moins, on s’est marré.

C’était la dernière projection de ce festival, la matinée de samedi sera consacrée à la conférence de presse d’Ernest et Célestine en présence des réalisateurs et producteurs de ce très beau film.
Le Festival Internation du Film d’Animation d’Annecy mérite largement sa réputation. Implanté dans un cadre idyllique, avec une programmation trop riche pour une seule personne, il est parfaitement organisé et permet de découvrir de très belles choses. On y sera donc, c’est certain, l’année prochaine !

A demain pour le palmarès !

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