La première apparition de Parker, le personnage créé par Donald E. Westlake (sous le pseudonyme de Richard Stark) remonte à 1966 dans le roman Le Chasseur. Au cinéma, dès 1967, John Boorman adapte l’histoire avec Lee Marvin dans le rôle principal. En France, Alain Cavallier confie le rôle à Michel Constantin dans Mise à Sac (d’après The Score) et Mel Gibson l’a incarné dans Payback.

Mais la meilleure adaptation n’est pas un film, c’est une bande-dessinée signée du regretté Darwyn Cooke dont le trait, la narration, le choix des couleurs et des cadres en font un monument du 9e art. Quatre tomes (Le Chasseur, L’Organisation, Le Casse & Fun Island) sont sortis chez Dargaud.

Tout cela nous amène à la nouvelle adaptation de Parker pour le grand écran. Play Dirty est signé de Shane Black. Et on comptait beaucoup sur le scénariste de l’Arme Fatale et réalisateur de The Nice Guys pour faire le taf. Ce qu’il a fait.

Play Dirty se veut une histoire originale de Parker mais est en réalité un mélange entre plusieurs albums. Parker, un voleur spécialisé dans les casses, se fait doubler et prend une balle. Voulant retrouver la trace de la personne qui lui a tiré dessus, il voit un avantage à s’associer à elle pour voler un incroyable trésor retrouvé au fond de la mer. Et s’il monte une équipe pour le faire, il n’est pas le seul à vouloir le magot : il intéresse aussi l’Organisation, une version tentaculaire de la mafia, ainsi que le dictateur du pays d’Amérique du Sud d’où provient le butin.

Une chose est sûre : Shane Black a lu Westlake. Dans tous les sens. Piochant dans The Hunter pour la première partie puis dans The Score pour la seconde, il joue des personnages créés par l’auteur original, va en chercher dans d’autres bouquins et en mélangent certains pour faire les héros de son film. Les puristes constateront par exemple que Zen est un mélange entre Lynn et Mal (du roman Le Chasseur) et qu’un lieu de La Proie est repris dans le film. Du soin, donc, du travail pour respecter au mieux l’œuvre originale tout en cherchant à la moderniser (contrairement aux romans des 60s, les femmes ne sont plus hyper sexualisées).

Pour incarner Parker, Black devait faire appel à Robert Downey Jr (qui produit le film) mais travaille finalement avec Mark Walhberg. Le comédien n’est pas totalement à la hauteur, son jeu est correct mais il n’est pas assez charismatique. Heureusement, Black l’entoure d’une galerie de personnages qui viennent donner de la bouteille à l’ensemble, notamment Lakeith Stanfield impeccable dans le rôle de Grofield. On retrouve quand même les habitudes du scénariste. Play Dirty se déroule à Noël, et si Black tient la tonalité sérieuse des romans, il y injecte des petites touches d’humour bienvenue. Et trouve son bonheur dans les longues scènes de dialogues des bouquins d’origine.

Le résultat est bien filmé et généreux en action. Il se dégage un certain classicisme de ce Play Dirty, le charme d’un actionner à l’ancienne comme Blake les affectionne. Mais en faisant se dérouler son histoire à New York en 2025, le réalisateur perd en élégance. On pense aux planches de Darwyn Cooke, à ce soin porté à la couleurs, au style, et on se dit que Play Dirty aurait mérité d’être visuellement plus soigné. Il lui manque une jolie photo, une ambiance, quelque chose qui l’aide à se démarquer.

Peut-être un peu trop classique, un peu trop sage, ce Play Dirty est pourtant la meilleure adaptation d’un Parker depuis bien longtemps.

Play Dirty, de Shane Black – Disponible sur Prime Video le 1er octobre 2025

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