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Critique : Gibraltar

Après L’Assaut, que nous avions découvert il y a deux ans, Julien Leclercq revient à la réalisation avec un film intitulé Gibraltar.

Et si les premières images étaient sympathiques, le fait de voir Gilles Lellouche à nouveau devant une caméra pour un thriller musclé n’était pas sans rappeler son incroyable prestation dans A Bout Portant de Fred Cavayé (et bientôt dans Mea Culpa). Le comédien est en effet plus à l’aise avec les rôles musclés que les drames.

Reste donc à savoir si une ombre plane sur le roche, ou pas.

 

On dit que c’est Hercule qui a érigé Gibraltar, l’une des deux colonnes portant le nom du héros mythologique (l’autre étant le Jbel Musa, de l’autre coté de l’eau au Maroc), point d’entrée dans la mer Méditerranée. Ce bout de territoire à la position stratégique convoitée est devenu anglais au tout début du 18e siècle et l’est toujours 300 ans plus tard. Occupé principalement par une montagne, Gibraltar est un endroit du monde vraiment particulier, un petit morceau d’Angleterre dans une région très méditerranéenne, où la population s’entasse tellement qu’une des routes principales au rocher traverse la piste de décollage de l’aéroport !

De par sa situation géographique et politique, Gibraltar est aussi une plaque tournante où on laisse faire les petits trafiquants venus du Maroc et dont personne, ni Anglais ni Espagnol, ne veut vraiment s’occuper et où les plus gros sont l’objet de toutes les attentions.
C’est là bas qu’est installé Marc Duval, un Français venu se la couler douce dans le petit bar de quartier qu’il tient avec sa femme enceinte. Propriétaire d’un bateau, et tenant un bistrot où tout et n’importe qui circule, il va être approché par la douane française pour devenir un indic. L’argent promis l’aidant à couvrir des dettes importantes, il va accepter… et se retrouver pris dans une spirale infernale l’emmenant au cœur d’un trafic de drogue.

Inspiré de l’histoire vraie de Marc Fiévet qui l’a racontée dans un livre, Gibraltar aurait pu être un monument vu la teneur de l’histoire. Mais passe à coté.

Le film contient de nombreux problèmes, principalement en terme d’histoire et de narration. On se demande ce qu’est devenu le talent d’écriture d’Abdel Raouf Dafri, remarqué sur Un Prophète et Mesrine. Son travail sur la saison 2 de la série Braquo n’était déjà pas très bon, le scénariste utilise pourtant ici les mêmes ficelles. Le personnage incarné par Gilles Lellouche n’est qu’un pion mou et fade qui accepte tout sans broncher et se laisse promener. Imaginez des gens en cercle se passant un sac de sable et vous aurez l’épaisseur du personnage, bousculé par tout un chacun et sans la moindre once d’intérêt. Se faisant manipuler par les services douaniers de différents pays, il laisse les différents évènements lui passer dessus.

Le problème vient du fait que Gibraltar ne cherche qu’à enchainer les différents rebondissements de la même manière et se focalise sur la chronologie des évènements plus que sur le personnage. L’écriture de l’indic est totalement absente et on ne ressent jamais rien pour Lellouche. Pourtant, quand on résume toutes les étapes, on découvre qu’il est pris dans un incroyable tourbillon. Il faut dire que Julien Leclercq n’est pas très à l’aise avec sa narration, préférant lui aussi se focaliser sur des petites scènes qui s’enchainent, comme les épisodes d’une série télé et qu’il filme l’ensemble comme un film d’action à grand renforts de gueule de cinéma, de personnages armés et menaçant et de lieux exotiques.
Raouf et Leclercq passent donc à coté de leur sujet, traitant l’histoire de Marc Duval comme un vulgaire polar oubliant l’humain et la descente aux enfers subie. L’ensemble est alourdi par beaucoup de personnages et de rebondissements qui perdent parfois le spectateur en chemin ne comprenant plus vraiment où on est.
Gilles Lellouche y fait le boulot et la plupart des acteurs s’en sortent honorablement, malgré une post synchro et un doublage parfois à l’ouest (les dialogues en arabe par exemple sont incompréhensibles).

Tout cela est bien dommage. La vie de Marc Duval/Fievet aurait pû ressembler à l’histoire d’un homme passant du statut de simple barman à bras droit d’un trafiquant. Ça aurait pu être un mix magnifique entre Les Affranchis et Les Infiltrés. Malheureusement Julien Leclercq n’est pas Martin Scorsese et Abdel Raouf Dafri est encore moins Nicholas Pileggi.

 

Gibraltar – Sortie le 11 septembre 2013
Réalisé par Julien Leclercq
Avec Gilles Lellouche, Tahar Rahim, Riccardo Scamarcio
Afin de mettre sa famille à l’abri du besoin, Marc Duval, un français expatrié à Gibraltar, devient agent d’infiltration pour le compte des douanes françaises.
De petits trafics en cargaisons troubles, il gagne progressivement la confiance de Claudio Lanfredi, un puissant importateur de cocaïne associé aux cartels Colombiens. Cette immersion en eau profonde dans l’univers des narcotrafiquants lui fait courir des risques de plus en plus importants. Mais à mesure que Marc gravit les échelons du cartel, il découvre aussi le luxe et l’argent facile… En permanence sur le fil du rasoir, seuls ses mensonges le maintiennent encore en vie. Lorsque les douanes anglaises rentrent dans la partie pour arrêter Lanfredi, le jeu devient encore plus dangereux et sa famille risque d’en payer le prix.

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