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Retour sur La Nuit Excentrique
Cela fait maintenant une décennie que la Cinémathèque avait pris l’excellente habitude avec Nanarland tous les ans d’organiser une soirée devenue sacrée pour tous les amateurs de déviances cinématographiques : La Nuit Excentrique !
Sauf que son succès grandissant n’était plus forcément compatible avec la grande salle de ce lieu emblématique du 7ème art qui contient seulement 600 places, toutes réservées en moins de temps qu’il ne faut pour le dire chaque année à la mise en vente. L’opération prend une nouvelle ampleur désormais en débarquant au Grand Rex et sa salle de 2400 places, de quoi partager bien des émotions primaires !
Et sans prendre de risques, la transition s’est faite avec succès pour cette salle emblématique puisque le programme était ultra rôdé avec quelques classiques du genre que les connaisseurs connaissent par cœur. Parmi eux, Troll 2, considéré ni plus ni moins comme le pire film de l’histoire du cinéma ! On n’irait pas jusque-là, déjà parce que c’est un vrai nanar et qu’un bon nanar, c’est toujours sympathique ! A l’heure des Sharknado et autres comédies foirées qui tente de faire leur nullité extrême pour de la nanardise de premier ordre, les films de cette soirée nous rappelle que la quintessence du genre, c’est l’inconscience totale avec laquelle ces productions fonçaient dans le ridicule, en croyant pourtant faire des choses extraordinaires !
L’autre classique de la péloche détraquée et fendarde le prouvait bien puisque c’était Les Nouveaux Barbares, énième rip-off italien de Mad Max, orchestré par Enzo G. Castellari (Inglorious Bastards, c’était lui !). Avec sa production design prônant le mélange carton/aluminium, la présence du génial Fred Williamson toujours parfait dans le rôle du black classe et cool et deux trois pétages de câble mémorables (le châtiment suprême du méchant restera gravé dans les annales…), voilà une production fauchée et dévergondée comme on les aime, avec son avalanche de mannequins en mousse explosés et un jeu d’acteur forcément au top !
On pourrait aussi revenir longuement sur Mad Foxes et ses bikers nazis violeurs et violents qui vont se confronter à un bourgeois pas aussi coincé que prévu, ou encore Miami Connection qui se déroule entièrement à Orlando comme son titre ne l’indique pas, et qui met en scène l’une des plus grandes icônes de l’aberration filmique : le NINJA ! Si une course poursuite avec des ninjas en patins à roulettes ne nous suffisait pas, le film s’offre en plus un hymne à l’amitié so 80’s du plus kitsch effet, et une morale finale prônant la paix dans le monde avec un gros carton alors que l’on vient de voir des dizaines de mecs se faire dégoupiller le crâne à l’écran !
Enfin, pour rythmer ses 11h et quelques de programmes (!), la Nuit gâte ses spectateurs en intercalant entre les films des extraits tous plus WTF les uns que les autres et des bandes annonces explosant la stratosphère du n’importe quoi. D’ailleurs, la cerise sur le gâteau en fin de nuit pour les survivants reste une série de bandes annonces porno histoire d’achever ce qu’il pouvait rester de bon goût en vous, même si il faut bien admettre qu’à ce niveau-là votre cerveau a déjà fondu considérablement.
Et si il faut bien admettre que cette entreprise est parfois difficile à suivre en restant éveillé tant on nage jusqu’au bout de la nuit dans les bas-fonds de la création, l’enthousiasme constant dont font preuve les films comme les spectateurs et le caractère résolument bon enfant de l’évènement font mouche ! Comme quoi, quand c’est maladroitement fait avec la plus grande volonté du monde, se prendre un torrent de saloperies dans la tronche s’avère assez revigorant.
Plus c’est con, plus c’est bon comme dirait l’autre, ce que cette Nuit Excentrique prouve avec brio !
Maintenant qu’elle est à nouveau accessible sans prier pour avoir des places, on s’y croise l’année prochaine ?