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Critique : West Side Story (2021)

Quand, quelque part au 16e siècle, William Shakespeare écrivit l’histoire d’amour d’un jeune couple italien, se doutait-il qu’il venait de mettre sur papier des thèmes encore d’actualité 500 ans plus tard ? Romeo & Juliette, classique parmi les classiques, est devenu West Side Story au milieu des années 50. Leonard Bernstein à la musique, le regretté Stephen Sondheim aux paroles et Jerome Robbins à la mise en scène et pour ne citer qu’eux ont en effet transposé l’histoire des Capulet et Montaigu à New York, en faisant s’affronter deux clans (des Européens installés et des Portoricains fraichement immigrés), les Jets et les Sharks. Robert Wise en fera un film culte et, cette année, Steven Spielberg reprendra la pièce originale pour un long métrage tout aussi réussi.

Steven Spielberg a toujours voulu réaliser une comédie musicale. Mais laquelle prendre de Broadway pour la porter sur grand écran ? Et pourquoi pas la plus emblématique, carrément ? West Side Story raconte le coup de foudre entre Maria et Tony lors d’une soirée dansante. Ils se croisent, dansent et savent qu’ils devront finir leur vie ensemble. Mais Tony est un des leader des Jets, et Maria la soeur d’un membre des Sharks, deux gangs rivaux qui s’affrontent dans les rues de New York sur fond de racisme et de problèmes avec la police.

Si Steven Spielberg a fait retravailler l’histoire originale par Tony Kushner, la pierre fondatrice du récit a soixante ans. Et pas une ride. Certes, il y a quelques aménagement, de lieux ou de genre : Rita Moreno, Anita dans la version de Wise, revient dans le rôle « gender-swappé » du Doc et s’offre un des moments les plus émouvants du film quand elle reprend Somewhere. Mais quoi de mieux qu’un récit intemporel pour raconter le monde d’aujourd’hui. S’ouvrant sur un sublime plan séquence au dessus d’immeubles en cours de destruction, West Side Story par le réalisateur de Jurassic Park n’a jamais aussi paru contemporain. Le film évoque l’accueil des immigrés, le racisme qui en découle mais pas seulement. Il montre aussi un monde qui change (littéralement quand il filme une boule de destruction), une jeunesse qui cherche sa place, qui affronte une police autoritaire… Impression de déjà vu, qui rappelle l’Amérique sous Trump mais aussi, plus récemment, des faits d’actualités de ce coté-ci de l’Atlantique.

Par dessus tout cela, il faut ajouter une histoire d’amour. Et, c’est bien trop rare, un coup de foudre filmé comme jamais. Spielberg met face à face Ansel Elgort et l’ébourriffante Rachel Zegler en champs contre champs, se regardant, presque immobiles en plein milieu d’un bal où des dizaines de jeunes dansent dans tous les sens. Comment ne pas tomber instantanément amoureux et vouloir finir sa vie à deux dans ce cadre ? Tony et Maria s’aiment, d’un amour qu’on peut trouver trop rapide mais qui est d’une beauté infinie.

Vous l’aurez compris, le réalisateur est dans une forme éblouissante. On sent que Spielberg adore son sujet, nous offrant quelques séquences visuellement incroyables. Les cadres sont parfaits, la danse est magnifiquement filmée. Et ses collaborateurs de longue date Michael Kahn au montage (ce rythme pendant les scènes chantées !) et Janusz Kamiński à la photo ne sont pas en reste. Aidé par les costumes et les décors, Kamiński joue avec les couleurs, opposant le bleu et le rouge pour représenter chacun des camps. Rien n’est laissé au hasard, jusque dans les tenues des personnages ou l’utilisation de la lumière, entre le soleil chaud et les lens flare froids.

Même si comme l’auteur de ces lignes vous n’avez jamais vu le film de Robert Wise, vous vous laisserez néanmoins porter par la musique de Bernstein, d’autant plus que vous connaissez forcément les paroles. Impossible de comparer avec le film précédent mais ce West Wide Story réactualisé est néanmoins un grand film, porté par l’intemporalité de ses thèmes et la maestria de son réalisateur.

Tonight, tonight…

West Side Story, de Steven Spielberg – Sortie le 8 décembre 2021

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