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Critique : Vaiana, la légende du bout du monde
Le 56e long métrage d’animation des studios Disney, et le retour aux affaires de John Musker et Ron Clements, arrive sur les écrans en cette fin d’année, renouant avec la tradition du « Disney de Noël » mise de coté le temps de sortir Big Hero Six et Zootopie. Nous en avions déjà parlé en vidéo, voici maintenant un avis un peu plus enjoué.
Le film est censé (sinon allez râler auprès de votre exploitant) être précédé du court-métrage Inner Workings réalisé par Leo Matsuda qui mérite à lui seul le coup d’oeil.
LA CRITIQUE
Après avoir ressuscité les films de princesse dans la grande tradition des Studios Disney ainsi que l’animation traditionnelle avec La Princesse et la Grenouille en 2009, les deux légendes de l’animation John Musker et Ron Clements ont tenté de monter une adaptation de « Mort » de Terry Pratchett, qui n’a jamais vu le jour pour des histoires évidentes de droits. Ils ont alors pitché plusieurs idées à John Lasseter, l’une d’entre elle étant de consacrer un long-métrage à une princesse du Pacifique.
Voici venue Vaiana (ou Moana en version originale, le changement étant lié là aussi à des problèmes de droits), un défi pour les deux réalisateurs qui passent pour la première fois à l’animation 3D.
Et une belle réussite.
L’histoire de Vaiana se déroule quelque part dans l’Océan Pacifique. Un millier d’années avant que les évènements qui vous intéressent ne commence, le Demi-Dieu Maui a volé le coeur de Te Fiti, l’île-mère à l’origine de toutes les autres, maudissant de fait les îles qu’elle a créé. Des siècles plus tard, de l’autre coté de la mer, la jeune Vaiana s’apprête à devenir la chef de l’ilot sur lequel elle réside avec sa famille. Mais le mauvais sort finit par toucher sa région. Et, s’opposant à l’avis de son père, elle prend un bateau, franchit la barrière de corail qu’il est interdit de passer et décide de partir en quête de Maui pour rétablir la situation.
Alors que les films de princesse Disney sont inspirés par des histoires déjà écrites et adaptées, Moana est une création originale pour laquelle Musker et Clements sont parti visiter Fiji, Samoa ou encore Tahiti pour s’immerger dans la culture du Pacifique Sud et en revenir avec des idées. Mais le parcours de Vaiana, jeune personne appelée par l’aventure, qui se fait aider par la magie de l’océan, conseiller par une vieille sage (ici, sa grand-mère qui réapparait plus loin dans le récit sous forme fantômatique) et qui a besoin d’un objet magique pour parvenir à ses fins doit vous rappeler quelque chose. Vaiana est une héroïne classique dans la lignée du « Héros aux Mille Visages » décrit par Joseph Campbell et dont Disney s’était déjà inspiré notamment pour le Roi Lion. On est donc ici dans le classicisme le plus noble, à coté de Star Wars et d’Avatar pour ne citer qu’eux. Et pour en rajouter, Musker et Clements évoquent frontalement Mad Max Fury Road de George Miller.
Vaiana se démarque de ses ainés par une galerie de personnages très modernes, à commencer par la jeune fille. Le duo qu’elle forme avec Maui est bien écrit et plutôt drôle, deux héros qui n’ont par leur langue dans leur poche et dont l’opposition va servir à pimenter le récit. Ils ne seront pas seuls puisque les deux réalisateurs ont également créé le personnage le plus stupide vu dans un long-métrage du studio : Hei hei, un coq complétement débile et hilarant. Évidemment, la fin du film est prévisible mais les péripéties sont suffisamment intéressantes et la paire de héros fonctionnant si bien qu’on prend du plaisir à suivre cette aventure.
Techniquement, le film aligne les prouesses. Les images sont belles. Certains cadres en gros plan sont à tomber à la renverse par la qualité des petits détails. Et il faut souligner le travail d’Eric Goldberg connu pour avoir réalisé Pocahontas qui fait bouger en animation traditionnelle les tatouages de Maui. Les chansons de Lin Manuel Miranda sont très présentes, peut-être trop, mais contrairement à la Reine des Neiges où ça ne servait pas à grand chose, elles font ici avancer le récit dans la plus pure tradition de Disney. Et Logo Te Pate composée par Opetaia Foa’i vous restera longtemps en tête.
Vaiana est au final une plongée dans une culture trop méconnue de ce coté-ci de la planète et qui méritait d’être mise en avant à travers une belle histoire. C’est aussi la quête d’une jeune fille qui cherche (et trouve !) sa place. Peut-être préférerez vous l’originalité d’un Zootopie à cette nouvelle princesse des studios. Mais Disney continue de faire ce qu’ils savent et ils le font toujours aussi bien.
Vaiana, de John Musker et Ron Clements – Sortie le 30 novembre