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Critique : Un Raccourci dans le temps

Parmi les sorties importantes de ce mercredi 14 mars, Un Raccourci dans le Temps est l’un des rares projets Disney de l’année 2018 qui ne soit pas la suite d’une franchise déjà en place (avec aussi Casse Noisette, prévu pour la fin de l’année).

Le très attendu film d’Ava DuVernay rassemble Storm Reid, Oprah Winfrey, Reese Witherspoon, Gugu Mbatha-Raw ou encore Chris Pine. Mais pour quel résultat ?

 

LA CRITIQUE

Un Raccourci dans le Temps est d’abord un livre écrit par Madeleine L’Engle et paru en 1962. Récompensé de nombreux prix, adapté pour la télévision en 2003 et même en bande dessinée par Hope Larson, le bouquin est le premier d’une série de cinq dans lesquels de jeunes enfants vivent des histoires fantastiques, dans l’esprit des Chroniques de Narnia de C.S Lewis parues quelques années plus tôt. Pour porter ce classique à l’écran, Disney a fait appel à la réalisatrice de Selma, Ava DuVernay, et à Jennifer Lee bien connue pour avoir écrit La Reine des Neiges.

Le film raconte l’histoire d’une jeune fille et de son petit frère, partis à travers la galaxie pour retrouver leur père scientifique disparu, lui-même ayant trouvé une manière de voyager dans l’espace. Pour cela, ils se font aider par trois femmes aux personnalités contrastées et qui rappellent les traditionnelles fées des contes de fée. Ensemble, ils vont voyager de planète en planète pour retrouver leur paternel.

Ca, c’est pour le pitch dans les grandes lignes. A l’écran, ce n’est pas si simple, et même pas si compréhensible. A Wrinkle in Time cumule les défauts d’écriture et de narration. Tout va à la fois trop vite (on ne comprend pas vraiment les explications données) et trop lentement (les scènes sont d’une longueur affolantes pour souvent pas grand chose). Est-ce le montage à la serpe trop foutraque ou l’écriture de Jennifer Lee qui pose problème ? Quoiqu’il en soit, beaucoup de choses ne fonctionnent pas, à l’image de la rencontre entre les jeunes héros et les adultes aux pouvoirs magiques. Dans le roman initial, elles sont décrites comme des voisines excentriques, ce qui n’est pas montré à l’écran. Elles se contentent d’apparaitre et les gamins les suivent sans se poser de questions. Vous pourrez rétorquer qu’il s’agit d’un conte moderne, mais l’héroïne est une cartésienne pure et elle ne s’interroge jamais sur ces trois inconnues.

Parlons d’ailleurs de l’héroïne. Si la jeune Storm Reid fait le boulot dans le rôle de Meg Murry, on se demande ce qu’Ana DuVernay a voulu en faire. On aurait aimé une héroïne forte, un personnage auquel les petites filles peuvent s’identifier, surtout celles qui sont malheureuses à l’école. On aurait en fait aimé voir un film qui s’adresse aux gens, aux femmes, aux personnes de couleur. Un film à la Black Panther qui rassemble. Mais rien de tout ça n’arrive à l’écran et c’est bien malheureux. Le personnage de Meg Murry ne s’interroge pas, n’évolue pas et se contente mollement de mener la barque.

La projection du film à laquelle l’auteur de ces lignes a participé était précédée d’un talk diffusé sur le web et organisé par Google (voir le replay). Oprah Winfrey, très très écoutée aux USA, y expliquait que les jeunes filles doivent trouver qui elles sont par elles-même, ne pas se laisser influencer par le mal qui peut les entourer, et embrasser l’amour qu’on leur porte. Un bien beau message qui n’est pas dans le film, lui se contentant d’aligner des slogans comme on en verrait peints sur les murs de coffee shops pour hipsters (« be yourself, drink coffee ») sans jamais chercher à creuser quoi que ce soit. Il y avait pourtant tant à faire avec un sujet pareil !

Vous ne vous raccrocherez pas non plus aux péripéties des acteurs, à cause d’une mise en scène souvent à la ramasse, de problèmes de rythmes et de fonds verts bien visibles. Beaucoup misaient sur Ava DuVernay. Lui confier un Marvel ? Un Star Wars carrément ? Il est encore temps de nous épargner une nouvelle catastrophe. N’est pas Brad Bird qui veut.

Un Raccourci dans le Temps, d’Ava DuVernay – Sortie le 14 mars 2018

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