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Critique : The Old Man & The Gun
Sorti dans les salles américaines en octobre dernier, The Old Man & The Gun est le nouveau film de David Lowery, réalisateur de A Ghost Story.
Le long métrage était prévu pour début 2019 dans les salles françaises juste à temps (comme beaucoup d’autres) pour surfer sur ses probables récompenses. Mais entre temps, Europa Corp a cessé son activité de distributeur. Le film sera donc dans les prochains jours sur Amazon Prime qui l’a récupéré.
LA CRITIQUE
Forrest Tucker est un criminel connu pour s’être échappé dix huit fois de prison dans les années 70. Entre chaque évasion, avec ou sans ses complices, il braquait des banques. The Old Man & The Gun est d’abord un article de presse paru en 2003 dans le New Yorker et dans lequel le journaliste David Grann dresse un portrait du bandit. C’est ce papier qui va servir à David Lowery pour ce qui pourrait bien être l’ultime long-métrage de Robert Redford.
Le film s’ouvre sur un braquage en 1981. Tucker a 60 ans. Il se présente tout sourire au guichet d’une banque, montre son arme et repart avec la caisse. Poursuiv par des flics, il s’arrête sur l’autoroute pour venir en aide à une dame en panne. Un prétexte pour échapper à la police et une rencontre qui va chambouler son quotidien.
Se focalisant sur la période de sa vie pendant laquelle il rencontre puis fréquente Jewel, la dame brillamment incarnée par Sissy Spacek, The Old Man & The Gun a le défaut de survoler son histoire. Tout tourne autour de ce bandit qu’on ne peut qu’aimer, au point de ne pas assez évoquer les rôles secondaires. Pourtant, le duo Tom Waits et Danny Glover (si si) aurait mérité plus de temps à l’écran. De la même manière, on ne sait finalement pas grand chose du passif de Forrest Tucker et il faut attendre la fin du long métrage pour que ses multiples évasions soient enfin évoquées.
A quand remonte la dernière fois que vous vous étiez pris d’affection pour un « bad guy » dans un film ? Le cinéma actuel a tendance à faire de vrais méchants purs et durs et il faut remonter le temps pour trouver des longs métrages où on prenait du plaisir à suivre des criminels. Oui, The Old Man a le charme du cinéma à l’ancienne. On n’est pas du tout dans l’hommage appuyé mais bien dans un long métrage qui aurait pu être produit quelque part entre la fin des années 70 et le début des années 80. Plutôt que de chercher la référence, David Lowery tourne son film à l’ancienne. Chaque cadre, chaque plan, chaque technique rappelle une époque révolue. La technique cinématographique a évolué. Plus personne ne fait de longs zooms en 2019, et on préfère le sur-découpage aux longues séquences tournées en décors réels. Lowery, lui, prend tout ça à contrepied, faisant de son petit dernier un film qu’on aurait presque pu découvrir en VHS.
Ce gentil méchant est porté par un Robert Redford au sommet. Comme toujours. A 82 ans, l’homme n’a rien perdu de son talent. Le personnage, charmeur, tout sourire, est taillé pour celui qui nous a fait rêver dans Les Trois Jours du Condor ou dans Out of Africa. Après avoir vu The Old Man & The Gun, on a tous envie d’être Robert Redford à son âge tant le comédien déborde de charisme à chacune de ses apparitions. C’est peut-être aussi pour ça que Lowery survole son personnage : il mise tout sur un acteur solaire pour nous faire accrocher, et ça fonctionne.
Avec The Old Man & The Gun, David Lowery nous offre une ultime virée dans le cinéma d’une époque révolue, celle où l’inspecteur ne renonçait jamais, quand John Shaft se promenait dans Harlem sur un air d’Isaac Hayes et que James Caan était solitaire. Et si Redford décidait vraiment d’arrêter là, il trouverait alors une formidable porte de sortie.
The Old Man & The Gun, disponible en janvier 2018 sur Amazon Prime
2 Comments
par Finn
Bonsoir,
Juste par souci d’exactitude : ne s’agit-il pas plutôt de « Les Trois Jours du Condor » ? … :)
Très beau film en effet et votre critique lui rend un hommage à la mesure de son charme suranné ; à peine a-t-il commencé que l’on regrette déjà qu’il ait une fin et que celle-ci signe également la retraite de celui grâce à qui nos plus belles années resteront à jamais un présent perpétuel … Certains acteurs ont la classe, Robert Redford est la classe !
par Marc
Ah oui. C’est corrigé.