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David Fincher est un cinéaste très éclectique. Celui qui a commencé sa carrière sur le troisième volet d’une grosse franchise a mis en scène des biopics, des thrillers, des adaptations de romans et des histoires fantastiques. Le voici désormais aux manettes de l’adaptation ciné d’une BD française, Le Tueur, de Matz et Jacamon. Treize albums sont parus chez Casterman, dans lesquels Fincher pioche allégrement, pour un résultat aussi inédit que spectaculaire.
Installé dans un immeuble en travaux dans l’axe du Panthéon à Paris, le Tueur attend sa cible. De retour chez lui après avoir tiré le coup de feu, il découvre qu’une de ses proches a été violemment agressée. Il va alors sortir de son habituelle réserve pour la venger, et retrouver à différents niveaux les auteurs de cet acte barbare. On n’en dira pas davantage pour ne pas spoiler les quelques rebondissements qui parcourent le scénario d’Andrew Kevin Walker, que David Fincher retrouve de longues années après Seven.
Le réalisateur de Fight Club l’a expliqué lors de son passage à la Cinémathèque Française à Paris : il s’intéresse aux personnages plus qu’à l’intrigue. A Mark Zuckerberg dans Social Network, aux flics de Seven, à ce qui se passe dans la tête d’Edward Norton dans Fight Club ou encore au couple de Millenium. La bande dessinée Le Tueur était alors du pain béni, du matos prêt à devenir un exercice de style.
En effet, le personnage porté par Michael Fassbender, impérial, ne parle que très peu. Tueur ultra méthodique, il répète inlassablement ses méthodes dans sa tête. Et on suit ses pensées. Le réalisateur traduit cela, notamment, en utilisant une musique diégétique dont le volume sonore varie, que l’on soit dans la tête du tueur ou que la caméra soit tournée vers sa cible. Mieux encore, il s’attache à ce que son personnage doive remettre en cause ses certitudes sans pour autant sortir de sa méthode (contrairement à la plupart des personnages de fiction dans le même genre – Leon de Luc Besson par exemple – qui abandonnent vite leurs principes).
On ne peut s’empêcher de penser à David Fincher lui-même devant The Killer. Réalisateur rigoureux, voulant tout contrôler, il est celui qui a fait assembler numériquement des prises différentes du tournage de Mindhunter pour afficher le meilleur de ses comédiens. Alors, forcément, on se dit qu’il y a surement un peu de lui dans le personnage incarné par Fassbender tant l’un comme l’autre sont méticuleux à l’extrême. Et quand l’un et l’autre sortent de leurs rails, c’est pour mieux livrer une scène de baston d’anthologie.
Le résultat mérite à la fois le grand écran et en même temps on comprend mieux pourquoi Fincher s’est tourné vers Netflix dans The Killer ressemble à la fois à un exercice de style et à une production à plus petite échelle que ses longs métrages précédents.
Le résultat donne à la fois envie de découvrir la BD et de se replonger dans les « petits » films de David Fincher, comme The Game. Mais un « petit » film de David Fincher c’est forcément du grand cinéma. Alors, ne boudez pas votre plaisir et foncer voir The Killer.
The Killer, de David Fincher – Disponible sur Netflix le 10 novembre 2023