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Critique : Strip Tease Intégral

Strip Tease fête ses quarante ans. Quatre décennies, plus de huit cents émissions et deux excellents longs métrages (Ni Juge Ni Soumise et Poulet Frites) que le thème « Batumambe » par l’orchestre bruxellois Combo Belge résonnent dans nos oreilles. Quarante ans que Jean Libon et ses comparses observent, déshabillent, voire dissèquent la société franco-belge.

Le principe est simple : filmer les gens. Sans mise en scène forcée. Sans voix off en commentaire. Sans artifice. Juste des gens, dans leur environnement. Strip Tease n’émet d’ailleurs aucun jugement, seuls les spectateurs s’en charge. Mais l’émission filme forcément des gens qui ont des choses à raconter, que ça soit une jeune fille aupair chinoise qui a bien du mal à s’intégrer, Jean-Pierre Mocky ou un habitant de Charente-Maritime qui construit une soucoupe volante dans son jardin.

Après deux indispensables films consacrés à la juge d’instruction belge Anne Gruwez, Strip Tease revient à ses fondamentaux : des courts portraits, parfois sans conclusion façon tranche de vie, pour raconter des gens très différents.
On va donc suivre, en vrac, une « influenceuse » française installée à Dubai qui se fait blanchir les dents et documente tout pour Tiktok, une quinquagénaire qui se lance dans le spectacle dans le cadre du festival d’Avignon, un toubib hypocondriaque, une famille catholique dont la mère est fascinée par le « zéro déchet » et une séquence qu’on se gardera bien de spoiler.

Et vous en penserez ce que vous voulez mais il y a quand même des constations à faire. La vie de l’influenceuse est bien superficielle et et ne vend pas le rêve imaginé. Le toubib qui se croit cancéreux a une émouvante raison d’avoir ce comportement pénible, dévoilée grâce à la magie du montage en fin de séquence façon twist de cinéma. La famille catholique est, elle, la préférée de l’auteur de ces lignes : elle mêle ce qu’on peut imaginer de mélange de tradition et modernité. L’expression n’est pas galvaudée, la mère, instagrameuse à ses heures perdues, saoule sa famille avec ses manies écologiques très contemporaines (jusqu’à du papier toilettes lavable, si si) tout en se réfugiant dans les valeurs traditionnelles du catholicisme, chants de messe et invitations au curée en bonus. Quand à la quinqua qui veut faire du one woman show, elle fait de la peine (ou inspire de la moquerie) : entre son spectacle qui n’a l’air de faire rire personne, le minuscule placard dans lequel elle fait sa représentation ou l’inattendu caméo d’un Francis Lalanne trop enthousiaste (merci la présence de la caméra), on ressent forcément quelque chose pour elle.

Les séquences ne durent que quelques dizaines de minutes mais l’exercice demande du temps. Il faut que les sujets finissent par oublier la caméra. Comme Jean Libon l’explique ici, le quart d’heure dubaïote a nécessité une semaine de tournage.

Vous pourriez croire que les sujets sont hors du commun mais Strip Tease existe depuis 40 ans et plus de 800 émissions ont été tournées. Le résultat est sous nos yeux : Strip Tease nous met à nu comme nous sommes. Drôles, émouvants, touchants, mais aussi absurdes ou complètement cons. Des humains, en somme.

Si vous voulez revoir l’émission, des épisodes sont disponibles sur Auvio, le portail de la télévision belge, sur Youtube et sur Amazon Prime.

Strip Tease Intégral, de Jean Libon, Clémentine Bisiaux, Régine Dubois, Stéphanie De Smedt, Mathilde Blanc & Yves Hinant – Sortie le 12 février 2025

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