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Critique : Spider-Man No Way Home

Attention, la critique qui suit contient, dans sa deuxième partie, des spoilers.

Sacré bordel que les aventures du Tisseur au cinéma. Deux reboots en une période record pour aboutir à un rattachement à demi raté au fameux Marvel Cinematic Universe. Spider-Man est désormais à la maison mais à quel prix ? Celui de films trop longs, compensés par l’interprétation réussie de Tom Holland dans des scénarios frolant toujours la limite entre le divertissement honorable et le pur produit de marketing. No Way Home ne fait pas figure d’exception : la dernière aventure de l’Homme Araignée en salles est bancale, partagée entre beaucoup trop de défauts et des scènes vraiment percutantes.

Souvenez-vous : à la fin de Far From Home, l’identité secrète de Peter Parker était révélée au grand public à travers une vidéo l’accusant du meurtre de Mysterio. Pris pour cible par la population, Parker voit son quotidien bouleversé et se retourne vers Docteur Strange, demandant au Sorcier Suprême de lancer un sort d’amnésie sur la population. Mais l’opération tourne mal et les conséquences ont l’effet inverse : des méchants connaissant l’identité du super-héros se retrouvent dans notre univers. Spider-Man doit alors remettre les choses au propre.

Pendant 1h30, No Way Home est un film raté. On ne va pas se mentir là-dessus. Pas aidé par la réalisation sans aucun souffle de Jon Watts, le film aligne les scènes imaginées par un marketeux. Elles ne sont là que pour cocher une case, pas pour raconter quelque chose. Ainsi, Spider-Man change trois ou quatre fois de costumes, Sony pensant à son tiroir caisse et aux figurines que le studio va pouvoir faire produire. Et de nombreuses idées sont mises de coté pour aligner les tunnels de dialogue et quelques scènes d’action sans intérêt. La révélation de l’identité de Parker est brièvement traitée comme un fake news, où complotistes et réalistes s’affrontent. Mais Watts ne fera rien de ce concept pourtant intéressant, comme il se lave les mains de l’accusation de meurtre. Il préfère réunir des méchants venus des franchises précédentes, sans trop savoir comment les écrire, et des situations parfois grotesques.

Ici, Spidey décide de guérir les méchants plutôt que de les voir mourir. Il emmène donc les pires criminels dans son appartement pour bricoler des médocs, dans une trop longue scène où aucun comportement n’a de sens pour personne. L’ensemble est sauvé par la prestation de Tom Holland et par la présence d’Alfred Molina et Willem Dafoe, tous deux ravis de reprendre leurs rôles.

Rien ne fonctionne, tout est laborieux voir pénible et peut-être aurez-vous décroché quand le film bascule dans quelque chose de plus solide, qu’il se met à proposer quelque chose d’inattendu et de réussi, allant vers un final solide (à l’échelle de Jon Watts, soyons raisonnables).
A partir du paragraphe suivant, la critique va largement spoiler. Vraiment beaucoup. Si vous n’avez pas encore vu le long métrage, cliquez ailleurs. Sinon, on peut discuter.

La promo de No Way Home était faussement mensongère. Certains personnages étaient volontairement gommés mais à y regarder plus près, les scènes les plus marquantes y étaient à leur manière. On se doutait donc de ce qui allait arriver. Alors pourquoi spoiler ? Parce que la présence de Tobey Maguire et Andrew Garfield (et oui) sauve le film. Les deux précédents Tisseurs ont droit, après une entrée pas du tout charismatique, d’une petite heure de présence à l’écran. On s’attendait à des cameos façons Spider-Verse du pauvre mais Marvel a géré pour permettre aux héros de se rencontrer, à un moment pivot dans le parcours du personnage principal. L’alchimie entre les personnages fonctionne bien, parfois méta, souvent maligne, parfois forcée. Certes, il faut se taper des gags pas drôles et l’absence de mise en scène de Watts mais les acteurs sont manifestement très heureux d’être là, en particulier Andrew Garfield qui a droit à la meilleure scène de tout le long-métrage, une séquence faisant écho à ses propres aventures où l’acteur est tout simplement parfait. Le film décolle alors, porté par des personnages solaires. On se rappelle que Tobey Maguire a eu droit aux meilleures aventures quand Garfield, superbe acteur, n’a pas eu le décor que son Spider-Man aurait mérité.

Le Spider-Man version MCU, lui, aura eu besoin de trois films et de l’aide de ses deux camarades pour enfin devenir le héros qu’il doit être. Après avoir vécu dans l’ombre d’Iron Man puis de Nick Fury, Parker prend enfin ses décisions seul, et en assume les conséquences. Et il a enfin d’autres aux tropes qui définissent complètement son personnage. La fin semi-ouverte laisse penser qu’on n’en a pas fini avec lui.

Puisqu’on est ouvertement dans le domaine du spoiler, quelques mots sur les deux scènes post-générique. La première, avec Tom Hardy, montre que Sony n’est pas capable d’aller au bout de ses idées, passant à coté d’une réunion des Sinister Six pour le prix d’une vague référence à une hypothétique suite. La seconde, plus alléchante et quoique bordélique, est un long teaser introduisant le Docteur Strange de Sam Raimi, un film qui est manifestement connecté à la série What if.

Que retenir de tout cela ? Que No Way Home est un film bancal à l’image de toute sa franchise, n’arrivant jamais à égaler le boulot de Raimi datant d’il y a deux décennies. Tom Holland est très bien dans le rôle, le personnage est sympathique mais ça ne suffit pas. Ca suffit d’autant moins qu’il faut ramener deux vétérans et plusieurs Avengers pour lui tenir la main. No Way Home déborde de fan service, et le film a ses moments. Mais ça ne suffit pas, d’autant que le studio a Spider-Verse en embuscade.

Spider-Man No Way Home, de Jon Watts – Sortie le 15 décembre 2021

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