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Critique : Place Publique
Bacri et Jaoui ont écrit et tourné neuf films ensemble, depuis l’excellent Smoking No Smoking d’Alain Resnais sorti en 1993 jusqu’à Place Publique. Cinq César et autant de nominations pour un duo qui plait au cinéma français.
Les revoici donc avec Place Publique, film qui se déroule temps d’une soirée, avec aussi Léa Drucker et Kévin Azaïs.
LA CRITIQUE
Place Publique est le nouveau film d’Agnès Jaoui, co-écrit avec Jean-Pierre Bacri. Le duo est toujours aussi drôle, cinglant, lucide et intelligent. C’est en quatre adjectifs que se résume le film, dont les principaux sujets sont cette fois-ci : la célébrité, ce qu’elle cause et provoque, les fans, les YouTubeurs, les animateurs de télévision, ringards ou presque mais toujours sans scrupule. Mais également, les relations familiales. Les espoirs, amoureux, professionnels, qui n’en seront plus.
On a tous eu cette idée, un petit matin, « que cette soirée, que cette nuit, était folle, il s’en est plus passé plus qu’en des semaines, j’aurais du la filmer. » Car c’est incroyable tout ce qui se joue, lors d’une soirée, des couples se font, se défont, s’enfilent et ne rappelleront plus, d’autres se créent, certains pleurent, pendant que d’autres, rieurs, dansent en toute insouciance, nos vies ne s’arrêtent pas le temps d’une nuit, elles s’amplifient. Agnès Jaoui a capté tout ce qu’un soir peut contenir d’espoirs et de désespoir, de réflexion et de mise au point.
C’est un excellent moment. On ne voit absolument pas le temps passer. On est pris d’affection pour chacun d’entre eux, aussi agaçant, méprisant peuvent être certains. Certainement du au fait que ce duo, « Jaoui-Bacri » est attachant. Attachant et intelligent. Il se dégage comme une lucidité transcendante de ce film. Malgré tout, c’est drôle, et c’est comme si on nous balançait des vérités dont on avait besoin d’avoir pleinement conscience ; ce sont des choses qu’on sait, mais dont on se rend pas vraiment compte. Comme de petits récits qui délivrent de certaines vérités. Personne n’y est jugé, tout le monde y est décrit, pas pardonné non plus, juste tels qu’ils sont. C’est drôle, c’est bien joué, c’est comme une ronde. C’est juste : bon.
Et même cet insupportable animateur de télévision, has-been, peu sympathique, sans aucun idéal si ce n’est celui de sa personne, est amusant, agréable à regarder, voire attachant – mais ceci doit avoir à voir avec le fait qu’il est joué par Jean-Pierre Bacri et que cet acteur est le favori, il est charmant, et je vais écrire je car : je l’adore. Tout autant qu’Agnès Jaoui. Ce duo, je l’adore, dans tous les sens que ce verbe comprend : à la fois aimer, apprécier grandement, follement, mais également, aduler, élever au rang du quasi-sacré. On a envie de leur offrir des fleurs, pour les remercier, de leur brillante intelligence, de leur lucidité, de leur regard sur nous tous, mais sur eux aussi. Et puis, il existe des gens, on ne sait pour quelles raisons – et c’est certainement pour celle-ci, de raison, car absence de cette dernière – qui sont magnétiques. Un peu comme les Champs, un peu à la manière de Breton, de ce même acabit, qu’on ne veut plus, qu’on ne veut pas expliquer. Alors, on se contente d’aimer, d’adorer, d’aduler, de kiffer comme on dit entre nous, jeunes de l’internet. Place Publique est un film vraiment kiffant. Vive Jaoui, Vive Bacri, mais surtout vive ce duo – et pardon de ne savoir dissocier ces deux noms.
Simplement quelques lignes sur tous les autres acteurs, tous aussi justes, bons, et charmants. Plaisir de découvrir Nina Meurisse, la fille du couple qui n’en est plus un, ravissement de retrouver Léa Drucker, définitivement grande actrice, et puis Kévin Azaïs, touchant, mignon, avec son petit air qui malgré tout, ne se laisse pas faire. Héléna Noguerra, sublime. Toute la ronde est chouette, on voudrait connaître la suite et ce qu’il advient de tous.
Place Publique, d’Agnès Jaoui – Sortie le 18 avril 2018