1447Vues 1commentaire
Critique : Mother & Child
Mother & Child est un drame choral écrit et réalisé par Rodriguo Garcia, produit par Inaritu.
Garcia y évoque les rapports entre mères et enfants au travers de trois portraits de trois femmes différentes, incarnées par Naomi Watts, Annette Bening et Kerry Washington.
Critique du film sortant le 17 novembre prochain.
Mother & Child – Sortie le 17 novembre 2010
Réalisé par Rodrigo Garcia
Avec Naomi Watts, Annette Bening, Kerry Washington
Karen est tombée enceinte à l’âge de quatorze ans, à l’époque, elle n’avait d’autre choix que d’abandonner cet enfant. C’était il y a trente-cinq ans… Aujourd’hui, Elizabeth, sa fille, est une
brillante avocate. Elle n’a jamais tenté de retrouver la trace de sa mère biologique jusqu’au jour où elle tombe enceinte. De son côté, Lucy voit enfin son rêve d’adopter un enfant se réaliser. Confrontées simultanément à d’importants choix de vie, ces trois femmes verront leurs destins se croiser de manière inattendue.
Mother & Child n’est pas le genre de film qu’on a l’habitude de critiquer sur CloneWeb puisque des premiers films étant des drames choraux, on en voit des centaines tomber sur nos écrans chaque année et il faut bien avouer qu’ils finissent par tous se ressembler. Mais deux éléments ont su capter notre attention dans le cas présent : tout d’abord un casting loin d’être inintéressant et la présence à la production du maître du film choral, j’ai nommé Alejandro Gonzalez Inarritu, réalisateur fortement apprécié ici même malgré le fait que son dernier film nous avait laissé de marbre, justement parce qu’un changement de méthode diminuait la puissance de son œuvre.
Faut-il croire alors qu’Inarritu a passé le flambeau ?
Celui qui a le bonheur de le recevoir n’a en tout cas rien d’un novice, puisque Rodrigo Garcia a déjà un CV joliment rempli, avec trois longs métrages (« Ce que je sais d’elle… d’un simple regard », « Nine Lives » et « Les Passagers ») au compteur et la réalisation de plusieurs épisodes de séries plus que prestigieuses (La Caravane de l’Etrange et Six Feet Under, on fait difficilement mieux…).
Clairement le genre d’homme auquel on filerait un sujet sans se soucier une seconde de la qualité du résultat, d’autant que Mother & Child traite un thème plutôt proche du cinéma d’Inarritu, à savoir le destin de trois femmes : une mère ayant abandonné son bébé il y a 37 ans, sa fille dans sa vie de tous les jours et une autre femme en pleine procédure d’adoption.

Destins croisés, douleurs enfouies et drames en vue, une recette qui a fait des merveilles chez le producteur de la chose mais qui ici affronte d’emblée 2 obstacles et non des moindres.
Nous sommes face à un type de sujet méritant une finesse d’écriture immédiate étant donné qu’il y est très facile de tomber dans le pathos ou le moralisateur, impliquant d’ailleurs la présence de cette subtilité de traitement aussi chez les acteurs et le réalisateur.
Un sujet aussi délicat que les origines doit donc être travaillé par une équipe sure d’elle et un metteur en scène sachant où il va et comment créer l’alchimie pour offrir un traitement humaniste et émotionnel sans trop en fait. Sauf que devinez quoi ? Ce n’était pas vraiment le cas…
Rodrigo Garcia ne semble pas très à l’aise avec son sujet ou ne pas porter une croyance suffisante dedans pour se démener et la première chose qui ressort du film, c’est la platitude d’ensemble et l’académisme latent qui en émane. Tout d’abord parce que les différentes intrigues du film et leur évolution sont extrêmement prévisibles et sans originalité aucune pour qu’on veuille faire l’effort de s’y plonger à cœur joie, mais aussi parce que le point de jonction de ces différents destins ne change pas la donne et se révèle lui aussi trop vu pour que la sauce prenne.
Concrètement, ça donne des dialogues assez lourds de sens et des situations se cachant mieux derrière les clichés pour toucher les cordes très sensibles, comme le personnage d’Annette Bening qui va soudain se prendre d’amitié pour la femme de ménage et sa fille maintenant qu’elle est bien obligée de les considérer vu que sa mère, ancien centre de toutes les attentions, est passée dans l’au delà. Si certains trouvent ça déjà fortement embarrassant, le reste des histoires est malheureusement du même acabit, entre la fille abandonné à sa naissance qui va aujourd’hui faire face à une grossesse mystérieuse après quelques coucheries à droite et à gauche tandis que la jeune femme ayant désespérément voulu un bébé va retourner pleurer dans les bras de sa maman (le titre annonce la couleur tout de même) face aux difficultés de l’éducation.
N’apportant rien de nouveau et utilisant avec tant de maladresse une formule éculée qu’on en vient à se demander quand est ce qu’un enjeu va finalement éclore de ce joli tas de guimauve mangé jusqu’à écœurement, le film est rattrapé de justesse par une galerie de comédiens chez qui on trouve toujours un éclair de génie dans le jeu.

Certes, Naomi Watts semble signer là une composition maintes fois vue dans sa carrière auparavant tout comme Annette Bening ce qui n’est pas si grave en soit face puisque les actrices s’en sortent toujours aussi bien, mais l’honneur revient à Samuel L Jackson, qu’on n’avait pas vu comme ça depuis des lustres. Abonné depuis un certain temps aux rôles barrés et ne refoulant pas le surjeu qu’il apprécie tant, l’acteur fini par briller tant son interprétation toute en sobriété lié à son charisme débordant laisse place à une aura réconfortante et des plus agréables. Espérons qu’autant au niveau des castings que des choix du bonhomme, l’avenir saura lui trouver des rôles comme celui çi, dans des films plus inspirés cependant.
Mother and Child fait partie, tout comme le récent Droit de Passage, de ces films choraux à la formule trop éculée pour étonner et qui préfèrent se réfugier sous un amas de bonne conscience limite nauséabonde et pas toujours des plus justes pour assurer le service minimum plutôt qu’à risquer de se casser le nez en imposant un traitement plus frontal et surtout, inspiré.
Tout comme nous, vous risquez de sortir de la salle avec l’impression d’avoir déjà vu le long-métrage plusieurs fois, tout en ayant atteint l’overdose depuis un certain temps…
1 commentaire