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Critique : Loin de la Foule Déchaînée

Révélé par Bullhead de Michaël R. Roskam, Matthias Schoenaerts tourne beaucoup. Il est cette année à l’affiche de pas moins de cinq long métrages dont celui qui nous intérese, Les Jardins du Roi ou encore Maryland prévu pour la fin de l’année où il donnera la réplique à Diane Kruger.

Il sera ce mercredi dans Loin de la Foule Déchainée et se retrouvera en compétition face à Ex-Machin d’Alex Garland ou encore Manglehorn avec Al Pacino…

LA CRITQUE

Féminisme. Voilà un mot à la bouche de tout le monde depuis quelques mois, utilisé à toutes les sauces, dans tout et n’importe quoi. Mais si l’on peut dire une chose, c’est que 2015 semble être marqué par des films résolument féministes et/ou avec des personnages (féminins donc) à fort caractère.  On pense à Tomorrowland, à Mad Max, à Jupiter Ascending ou encore à Vice-Versa. Il n’est donc pas étonnant de voir sur nos écrans l’adaptation du quatrième roman de Thomas Hardy : Loin de la foule déchaînée.

Le roman n’en est pas à sa première adaptation. On a pu en effet y voir 4 long-métrages dont le premier datant de 1915. Il a également largement inspiré le comics (et forcément film) Tamara Drewe. C’est le danois Thomas Vinterberg, réalisateur de l’acclamé La Chasse avec Mads Mikkelsen, qui s’est attelé à cette lourde tâche.

On y suit les aventures de Bathsheba, devant diriger une immense ferme (un métier d’homme en 1870). Indépendante, à forte caractère, elle se voit courtiser par trois différents personnages : Gabriel Oak, le beau berger, William Boldwood, le riche veuf, et Francis Troy, le sergent prétentieux. Elle devra faire face à ces trois forts caractères et surtout se faire une place dans la société du XIXème siècle, très masculine et machiste.
Loin de la foule déchaînée est un classique. Il aborde les thèmes forts qu’on a pu lire régulièrement dans les romans du XVIII/XIXème et rappelle de nombreux films, des adaptations d’Emila Zola à Jane Austen. Le quatuor amoureux est cousu de fil blanc, déjà-vu voire même un peu cliché (à l’heure actuelle j’entends) mais les thèmes abordés sont tout de même très forts et toujours d’actualité. Le scénario dans sa globalité est bien construit et semble respecter à la lettre le livre dont il est adapté.

Si Loin de la foule déchaînée ne brille pas par son originalité (la faute au matériel de base et à tous les films passés avant lui), Thomas Vinterberg en revanche, confirme encore une fois tout son talent. Livrant une vraie fresque comme on n’en fait que trop rarement maintenant, il excelle dans sa mise en scène. Aidé par les superbes paysages anglais, le film et sa photographie sont esthétiquement très très beaux, et la mise en scène parfaitement en adéquation avec le récit et sans défaut. Il ose même certains plans à la Spielberg et l’ensemble n’est pas sans rappeler par moment Cheval de Guerre.
Si le carré amoureux est au coeur de l’intrigue, le duo Bathsheba-Gabriel Oak semble bien plus intéressant que le reste. Le traitement de ces deux personnages est fait tout en subtilité, contrairement aux deux autres hommes. Si le talent de Michael Sheen n’est plus à prouver tant il est impeccable de retenue, Tom Sturridge (que l’on avait pu voir dans Good Morning England) excelle dans son rôle de connard prétentieux.

Mais la vraie force du film, au delà de son esthétique, réside dans le couple principal. Carey Mulligan n’aura jamais été aussi bien filmé et surtout jamais aussi brillante. Elle balaie d’un revers de la main toutes les autres prestations du film (Juno Temple est d’ailleurs inexistante) et brûle la pellicule de part sa prestance, son charisme et son excellent jeu. L’alchimie qu’il y a entre elle et Matthias Schoenaerts est plus vraie que nature tant ses regards vers le beau belge semblent remplis d’amour. Lui, débordant de charisme, incarne à la perfection ce bel homme mystérieux et mutique. A eux deux, ils portent clairement le film sur leurs épaules.

Loin de la foule déchaînée est une fresque réussie. Si l’histoire d’amour s’avère assez classique pour une adaptation littéraire, elle aurait pu être franchement ratée. Ce n’est ici pas le cas. Subtil, parfois drôle, émouvant et dur, Vinterberg livre ici un long-métrage clairement féministe, s’inscrivant parfaitement dans le XXIème siècle, avec des personnages forts, une sublime photographie et deux acteurs incroyables.

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