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Critique : L’Homme qui voulait être Roi
LA CRITIQUE
Quand Sean Connery est -malheureusement- décédé en octobre dernier, L’Homme qui voulait être Roi est apparu dans la liste de ses films immanquables. Il se trouve que je ne l’avais jamais vu. Or, j’en avais entendu beaucoup de bien bien depuis très longtemps, et notamment par Michael Caine lors de son passage à Paris il y a quelques années. Le hasard du calendrier fait bien les choses : Wild Side sort le film pour la première fois en blu-ray en France dans une belle édition collector avec différents bonus dont un livre écrit par Samuel Blumenfeld sur la genèse du film.
Après avoir rencontre Rudyard Kipling dans un train quelque part en Inde à la fin du 19ème siècle et de se servir de lui pour être le témoin de leur pacte deux hommes décident de partir à l’aventure pour devenir les rois du mythique Kafiristan. La route sera naturellement semée d’embuches mais le jeu en vaut forcément la chandelle. « Fortune et gloire, petit, fortune et gloire ».
C’est toujours intéressant de découvrir un film tardivement et d’essayer de le replacer dans son contexte. Si j’avais découvert l’aventure de John Huston dans les années 80, j’aurai sans doute voulu être Peachy, le personnage de Michael Caine. Ou finir adulé comme le Roi Sean Connery. Mais j’ai découvert la réalisation bien des années après sa sortie, quand tout ou presque a déjà été fait en matière de film d’aventure. Indiana Jones est passé par là et on pense fortement, entre autres, aux scène égyptiennes des Aventuriers de l’Arche Perdue dans l’introduction du film de Huston tant l’ambiance est la même.
Le réalisateur a, majoritairement, posé ses caméras au Maroc, entre Marrakech et Ouarzazate pour filmer son royaume perse légendaire. Si on connait le pays et qu’on a vu quelques longs métrages tournés dans la région, on s’en REND compte au détour d’une casbah ou d’un décor local bien typique. Mais ça n’empêche pas le génial réalisateur de Moby Dick, aidé à la musique par Maurice Jarre et d’Oswald Morris (Les Canons de Navarone) à la photographie, de livrer un film de belle tenue. Les décors sont superbes autant que la direction d’acteur de haut vol. Par ailleurs, nous sommes en 1975, quelques années avant les premiers blockbusters officiels, une époque où tout est fait en vrai, à des années lumière du numérique actuelle. Vous voulez filmer un homme qui tombe d’un pont ? Ou deux gus dans un torrent agité ? Des cascadeurs s’en chargeront et le réalisateur se « contentera » de les filmer mouiller le maillot, rendant des scènes simples terriblement efficaces.
Alors, certes, en découvrant le film sur le tard, les scènes de bataille font un peu cheap tout comme la cité mythique sent bon le carton pâte mais on pardonne à Huston : il a confié ses rôles principaux à deux superbes acteurs, dont l’alchimie fait mouche à chaque réplique. Les deux comédiens prennent un plaisir manifeste à jouer ensemble dans des conditions pas toujours évidentes. Et la construction de leurs personnages est très réussie.
Si vous avez déjà vu L’Homme qui Voulait Etre Roi, voici donc une belle occasion de se replonger dans un grand film d’aventure. Si vous le découvrez en 2020, il faut le prendre pour ce qu’il est : un précurseur.
L’Homme Qui Voulait Etre Roi, de John Huston – Sortie initiale le 21 avril 1976