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Critique : Les Frères Sisters
On l’attendait au printemps à Cannes. Il a préféré Venise et Toronto. Le nouveau film de Jacques Audiard a été présenté dans de prestigieux festivals en ce début septembre, avant de sortir dans les salles.
Ce western, genre bien trop rare, rassemble Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal, Riz Ahmedou encore Rutger Hauer pour une petite apparition…
LA CRITIQUE
Tout juste récompensé d’un Lion d’Argent au Festival de Venise, Jacques Audiard explique que l’idée de faire un western ne vient pas de lui mais de John C. Reilly qu’il a croisé à Toronto alors qu’il venait y présenter De Rouille et d’Os. Le réalisateur français a lu le roman de Patrick De Witt sorti en 2011 et l’a trouvé suffisamment bon pour le porter à l’écran, avec le comédien à l’origine du projet dans le rôle principal.
Les Frères Sisters s’ouvre sur un superbe plan nocturne. L’horizon au loin. Puis, d’un coup, au centre de l’écran, la lumière d’un échange de coups de feu vient éclairer la nuit. On fait alors la connaissance des frères Sisters, John C. Reilly dans un de ses meilleurs rôles et le toujours impeccable Joaquin Phoenix, deux tueurs implacables aux ordres du « Commodore ». Leur mission suivante sera de mettre la main sur un chimiste (Riz Ahmed, vu dans Rogue One), lui-même suivi par un détective (Jake Gyllenhaal). Une chevauchée à travers l’Ouest américain pour finalement retrouver un homme et l’abattre, tout simplement.
Pourtant, cette première tentative américaine de Jacques Audiard n’en est pas vraiment une. Le réalisateur également scénariste a tourné en Europe, en Espagne et en Roumanie parce qu’il veut les acteurs mais pas le système de production américain. Ca se voit à l’écran : on évite toutes les facilités en terme de décors, de villes western reconstruites et vues mille fois. Et on découvre un film où un soin incroyable a été apporté aux reconstitutions, aux lieux, aux costumes… On découvre aussi un film très beau, superbement éclairé par Benoit Debie, le directeur de la photo belge qui a travaillé sur les derniers films de Gaspard Noé ou sur Spring Breakers d’Harmony Korine.
L’histoire va mettre en parallèle deux duos de personnages. D’un coté, le détective et le chimiste qui vont se trouver pour faire un bout de route ensemble et de l’autre les deux frères. Les premiers sont en réalité « les gentils » de l’histoire. Les personnages sont cultivés, sympathiques, souriants et veulent bien faire. De l’autres, les frères Sisters sont des tueurs à la réputation bien trempée. Ce serait « les méchants » si on n’avait pas instantanément une profonde sympathie pour eux, et en particulier pour C. Reilly qui joue le cadet prêt à tout pour venir en aide à son ainé un peu trop porté sur les saloons.
Jacques Audiard ne peut esquiver ce qui fait le sel d’un bon western : de la fusillade de rue, des saloons où on picole sec, des grands espaces et du camping sauvage au coin du feu. En même temps, il cherche à faire quelque chose de différent. Suivre ces deux « couples » dans leurs aventures (qui finiront par se rejoindre) permet de longues scènes de dialogues et révèle une aventure profondément humaine, ce qui viendra confirmer une superbe scène finale. La relation entre les personnages de Joaquin Phoenix et John C. Reilly est vraiment très belle.
Et comme on n’a jamais assez de westerns, on passera sur quelques longueurs (parce qu’il faut bien caser tout le bouquin) et une bande originale signée Alexandre Desplats en dent de scie pour s’offrir une belle virée dans le grand ouest américain. Amenez-y votre frangin !