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Critique : Les Beaux Jours d’Aranjuez

Paris Texas. The End of Violence. The Million Dollar Hotel. Les documentaires Pina et le Ciel de la Terre. La carrière du réalisateur allemand Wim Wenders est aussi dense qu’éclectique.

Il revient avec un dialogue entre une femme (Sophie Semin) et un homme (Reda Kateb) tourné en 3D : les Beaux Jours d’Aranjuez.

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LA CRITIQUE

Avec son documentaire sur la danseuse Pina Bausch, le cinéaste Wim Wenders s’expérimenta à la stéréoscopie en 2011 et se promit de recommencer dès que possible d’associer à sa mise en scène les contraintes et avantages qu’apporte la 3-D. Son précédent film sorti l’an dernier, Everything Will Be Find avec James Franco et Charlotte Gainsbourg, le conforta dans son amour de cette technologie de l’image. Allié au génial directeur de la photographie Benoît Debie qui adore repousser les limites de son art (Spring Brakers, Love), Wim Wenders s’était alors juré de ne plus tourner qu’en 3-D.

En 2016, le cinéaste allemand se lance donc dans la transposition de la dernière pièce de théâtre signée Peter Handke intitulée Les Beaux Jours d’Aranjuez : un dialogue d’été. Il charge le talentueux Reda Kateb et Sophie Semin d’incarner sur le grand écran ce couple qui converse posément en terrasse, sous les derniers rayons du soleil d’été.

Tandis que la 3-D sublimait la mise en scène d’Everything Will Be Find malgré son rythme apathique et peu engageant, qu’apporte celle des Beaux Jours d’Aranjuez ? On ne peut être qu’ébahi devant les premiers plans incroyables du long-métrage. La promesse d’une parenthèse poétique et pleine de quiétude est là, devant nos yeux écarquillés, alors que se présente des quelques plans de hauts lieux de la ville de Paris, littéralement vidée de ses habitants. Wim Wenders nous fait redécouvrir ces endroits habituellement bondés et bruyants, pour mieux ensuite nous emmener loin de la capitale. Car l’action de son film se déroule à distance de Paris, au milieu d’une campagne verdoyante, à l’ombre des arbres qui bruissent sous une légère brise estivale. Pas mal hein ?

Cette solitude que le cinéaste nous impose sera d’abord troublée par un homme hantant les couloirs d’une belle petite auberge, tout aussi inhabitée. Assis derrière sa machine à écrire, on comprend l’auteur au travail. Auteur de cette même pièce qu’adapte Wenders et qui s’imagine ce dialogue avec ce couple qui contemple la nature qui l’entoure. Ils parlent de tout, de rien, d’amour, de sexe, de la première fois… On ne sait pas s’ils sont inconnus pour l’autre, amis ou amants. Bon, nous nous y attendions un peu. Mais où se trouve alors ce fameux plus qu’est censé nous apporter le metteur en scène de cinéma ?

Wim Wenders n’adapte pas vraiment la pièce de théâtre. Il se tient rigoureusement au texte, coinçant le talent d’incarnation de Reda Kateb à un jeu emprunté et mécanique pour respecter chacun des mots de Peter Handke. Femme de ce dernier et interprète sur les planches de la pièce originale, Sophie Semin ne nous convainc pas plus. Pour nous insuffler l’intérêt à suivre tout un film uniquement porté par un dialogue, une Fanny Ardant aurait été un choix plus approprié, donnant un véritable cachet avec sa voix magnifique. Wenders se piège lui-même où le texte donnait corps au décor abstrait de la scène théâtrale, donne lieu ici à des contre-champs désespérément vides et inutiles.

Le cinéaste aura beau faire tourner sa caméra stéréoscopique autour de ces deux protagonistes ou de jouer sur plusieurs effets de transition, Les Beaux jours d’Aranjuez manque véritablement de mettre en scène, pour le cinéma, l’œuvre de théâtre qu’il reprend. Et ce ne seront pas l’apparition en caméo de l’auteur de la pièce ou celle complètement hors-sujet de l’excellent compositeur Nick Cave qui nous sortiront de la vacuité générale du projet du long-métrage.

Les Beaux Jours d’Aranjuez, de Wim Wenders – Sortie en salles le 9 novembre 2016

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