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Des histoires de voyageur temporel se rendant à notre époque pour éviter une catastrophe à venir, il y en a légion dans la pop culture. De Terminator au personnage de Trunks dans Dragon Ball Z. En France, on a le Visiteur du Futur, pur produit d’Internet puisque l’aventure de ses créateurs a commencé en 2009 sur Youtube. Après quatre saisons et quelques BDs, la saga arrive donc logiquement au cinéma, avec tout ce que ça peut impliquer d’ampleur et de changement.
L’auteur de ces lignes n’a jamais vu le moindre épisode de la saga sur Youtube. C’est donc avec seulement les images de la promo qu’il est allé découvrir le film sur grand écran. Le pitch en quelques mots : un député, incarné par Arnaud Ducret, s’apprête à signer un deal pour la construction d’une centrale nucléaire. Sa fille, militante écolo, s’y oppose comme elle peut. Leur route va croiser celle du Visiteur du Futur, un homme venu des années 2500. Ensemble, ils vont voyager dans le temps pour découvrir que la moitié de l’humanité s’est faite décimer par le nuage venu de la centrale. Il faudrait donc convaincre le politique de changer son fusil d’épaule.
Projet de longue date pour son créateur François Descraques, Le Visiteur du Futur version cinéma affiche une ambition à la hauteur de ses moyens. C’est une qualité de ne pas trop vouloir en faire, surtout si le budget ne le permet pas. Joliment filmé, Descraques sait tenir une caméra, l’ensemble est visuellement chouette et ponctué de belles idées, comme la téléportation instantanée au cours d’une bagarre.
L’autre qualité, c’est d’avoir fait du héros du titre un personnage presque secondaire, qui s’efface derrière la tête d’affiche. A fond dans son rôle, Arnaud Ducret porte littéralement le film sur ses épaules, aidé par Enya Baroux (la fille d’Olivier), jolie découverte.
Ne pas connaitre la série m’a fait passer, sans doute, à coté de 12000 références et cameos comme le fait que Simon Astier ne soit pas juste une apparition pour le plaisir mais bien un vrai personnage de la série originale. Il n’est pas le seul à avoir un cameo : les youtubeurs McFly et Carlito ont la lourde tâche d’introduire le film. Et ils donnent un ton dont le long-métrage aura bien du mal à se détacher par la suite : ce n’est pas drôle, et c’est mal joué. Toutes les apparitions d’humoristes façon Studio Bagel sont à coté de la plaque, et l’humour, omniprésent, est toujours raté. On peut même en rajouter : même les héros de la série originale ne jouent pas très bien.
Le résultat est d’autant plus raté qu’on reconnait complètement l’ambition du film, les idées qui le parcoure et quelques scènes particulièrement réussies. Sans connaitre la série, on se dit qu’une version de l’histoire orientée façon drame plutôt que comédie aurait mieux fonctionné tant ses acteurs principaux sont dans l’émotion. Et même si on a l’impression de tirer sur une ambulance qui ne le mérite pas, d’autant que les producteurs de SF en France sont rare, il y a des défauts indéniables qui font sortir le spectateur du film.
Les portes ouvertes à un second long-métrage permettront peut-être de corriger le tir… dans le futur.
Le Visiteur du Futur, de François Descraques – Sortie en salles le 7 septembre 2022