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Critique : le Livre des Solutions

C’est son film le plus personnel. A soixante ans, Michel Gondry revient avec Le Livre des Solutions et Pierre Niney dans un rôle proche de sa propre personne. Ce n’est pas pour autant la première fois que le réalisateur parle de lui. L’Épine dans le Cœur (2010) était un documentaire sur sa propre famille et, comme il l’explique lui-même, Microbe & Gasoil (2015) contenait déjà des éléments autobiographiques. Mais avec Le Livre des Solutions, la donne est différente.

On suit Marc, un jeune cinéaste qui décide, après s’être pris une soufflante de la part de ses producteurs, de fuir à la campagne pour finir le montage de son film. Dans les Cévennes, avec sa monteuse (Blanche Gardin) et ses techos, il va chercher à finir son long métrage. Mais lorsqu’il va arrêter ses médicaments, sa créativité va se décupler autant que ses problèmes.

Sur le tournage de l’Ecume des Jours, Gondry découvre qu’il est bipolaire. Comme il l’explique dans le magazine Première (septembre 2023) : « Je prenais des médicaments pour l’humeur et des obsessions intenses qui m’empêchaient carrément de vivre. Durant le tournage, ça s’est dégradé. (…) On a commencé le montage et j’ai arrêté mon traitement. Là, mon esprit a explosé. Un mélange de mégalomanie et de peur, avec des moments super intenses où j’avais l’impression de faire partie de l’Histoire, de créer des choses totalement innovantes. Je le dis sans honte car je n’étais pas vraiment moi-même. »
Cette confession résume assez bien le personnage du Livre des Solutions, jeune réalisateur dont les névroses vont se dévoiler au fur et à mesure que le récit avance. On commençait sagement pour finir dans ce qui aurait pu être un drame.

Mais Michel Gondry n’est pas un cinéaste comme les autres. Le réalisateur d’Eternal Sunshine utilise donc l’humour. A fond. Aidé par un Pierre Niney au meilleur de sa forme, doté d’un timing comique parfait, Gondry livre des scènes souvent décalées mais toujours incroyablement drôles. Derrière ses bizarreries, Marc est un metteur en scène dont le vernis craque petit à petit. On le trouvait sympathique, on se demande s’il n’est en fait pas un connard. Mais quoi qu’il en soit, la recette prend grâce à un personnage qui ressemble au réalisateur « à 70% ».

Gondry oublie néanmoins en chemin son titre, reléguant le fameux livre (inspiré de ses propres écrits rédigés pendant le tournage de Human Nature en 2011) à pas grand chose. Mais peu importe, ce qui intéresse le réalisateur ici c’est d’aboutir à un film fini. Le sien et celui de l’histoire, un long métrage absurde qui ressemble à ce que le metteur en scène a expérimenté en court métrage. Débile jusqu’au dernier plan, Le Livre des Solutions va se révéler petit à petit riche en émotions.

Le résultat est une jolie réussite, certes pas au niveau de l’impeccable Eternal Sunshine, mais au moins un film super drôle qui explique sans doute un peu pourquoi l’un de ses précédents longs (L’Ecume des Jours, 2013) avait ses défauts.

Le Livre des Solutions, de Michel Gondry – Sortie en salles le 13 septembre 2023

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