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« Regarde ce qui brille, sur la plaine et sous le vent… »
Nous vous avions déjà parlé du Collège Noir, la nouvelle série du studio La Cachette en vidéo après une projection du premier épisode à la Japan Expo. Nous avons eu la chance de voir, depuis, les quatre premiers épisodes (sur six) du projet piloté par Ulysse Malassagne d’après sa propre bande dessinée.
A l’origine, le Collège Noir est une BD parue à un rythme régulier dans le magazine Géo Ado sortie ensuite en albums. On y suit Ulysse, l’auteur, né justement à Aurillac, avec ses potes d’internat au cœur du Cantal. Vaguement surveillés, ils vont, dans la série, enquêter sur la disparition de l’un d’entre eux. Et découvrir que les légendes locales sont la réalité.
Vous avez surement vu le travail du Studio La Cachette par le passé. On les a découvert notamment grâce à l’anthologie Love Death & Robots produite par David Fincher mais c’est Genndy Tartakovsky qui les a révélés en les embauchant pour faire l’animation de ses séries Primal puis Unicorn Warriors Eternal. Basé sur les récits de jeunesse de l’un de ses co-fondateurs, Le Collège Noir est le premier vrai projet 100% original d’un studio qui a fait ses preuves en travaillant sur des franchises de haut vol (jusqu’à livrer l’une des meilleures histoires de Star Wars Visions). On y retrouve un certain style commun à leurs productions : un amour pour l’animation traditionnelle, les décors ultra détaillés et des détails technique comme des traits de layout très marqués.
Mais on trouve aussi dans la série d’animation une véritable originalité, avec ses personnages « chibi » aux expressions inspirées de l’animation japonaise. On comprend donc tout à fait pourquoi la légendaire Toei (Dragon Ball, Sailor Moon) y a mis des billes : on y retrouve des choses qui plairont non seulement aux publics français et nippons mais qui fonctionneront surement dans le monde.
Et puis, difficile de ne pas voir des parallèles entre le Cantal superbement reconstitué et le Japon. Les créatures issues du folklore local sont nos « yokais » et on retrouve dans les deux pays des statues de pierres disséminées dans la campagne.
Originaire de la région, Ulysse Malassagne montre son amour pour sa région à travers moult petits détails qui vous toucheront si vous aussi vous avez grandi dans les belles forêts auvergnates. Les lieux utilisés dans la série sont réels et, comme on peut découvrir Tokyo via Nicky Larson, Le Collège Noir est une invitation au voyage dans les provinces françaises.
Introduite par une très belle chanson interprétée par Gabriel Yacoub et la voix off d’Ulysse, la série se démarque dès le premier épisode par ses différences avec la bande-dessinée. Le réalisateur l’a expliqué : on ne raconte pas de la même manière une histoire parue dans un périodique et une série d’animation. Le setup du Collège Noir, ses personnages et son univers sont donc identiques (jusqu’au chara design des personnages fantastiques) mais les lecteurs de la BD y trouveront une histoire différente, plus ample, plus marquée par la pop culture et les références (Tolkien et Zelda ne sont pas très loin) à l’adolescence. Certains aspects sont développés différemment, comme l’arrivée depuis la ville de l’un d’entre eux, créant un léger décalage par rapport aux Auvergnats bien installés. Tout cela pour un résultat qui, bien qu’intimement lié à la BD, est peut-être plus réussi ?
Le résultat est un ravissement. Porté par la très belle musique de Henri Pierre Pellegrin, venu du jeu vidéo, le Collège Noir est une franche réussite qui surpasse le matériau d’origine. Et qui prouve, comme s’ils en avaient besoin, que La Cachette peut tout défoncer sur un projet original. Vous aurez même envie (si si !) d’aller vous balader dans les forêts du Cantal.
Le Collège Noir, réalisé par Ulysse Malassagne – Diffusion sur ADN à partir du 31 octobre 2023