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Critique : Joker, Folie à Deux

Disclaimer : au sein de l’équipe CloneWeb, les avis divergent autour du premier volet des aventures du Joker. Mais l’auteur de ses lignes aime vachement le long métrage de Todd Philips sorti à une époque où les films de super-héros commençaient à devenir lassants (coucou Captain Marvel). Imparfait, piochant un peu trop dans l’oeuvre de Martin Scorsese, le film parvenait à trouver un ton, aidé par le soin de sa mise en scène et l’interprétation impeccable de Joaquin Phoenix.

Folie à Deux fait donc l’effet d’une douche froide.

Arthur Fleck/le Joker est donc en prison pour les meurtres qu’il a commis. Grâce à un maton qui l’inscrit à un atelier de chant, pour en profiter lui-même, il va rencontrer Lee, ou plutôt Harleen Quinzel et trouver en elle quelqu’un qui ne le prend pas pour un fou dangereux. Le tout en affrontant son procès.

Aidé par Lawrence Sher à la photographie, Todd Philips livre une nouvelle fois un film techniquement soigné. Les cadres sont propres, la lumière très belle et le réalisateur prend le temps de penser ses plans. Ca devrait être normal mais à l’heure des blockbusters tournés pour répondre à un algorithme, ça tient du miracle. Certes, on aurait aimé voir plus de décors réels et moins de studios, mais le réalisateur s’est un peu retrouvé coincé par son histoire, se déroulant au trois quart dans une prison et pour le reste dans un tribunal.

S’ouvrant sur une séquence animée façon vieux cartoon et réalisée par Sylvain Chomet, le Joker s’affronte lui-même. Pour qu’on découvre ensuite un Joaquin Phoenix très amaigri et bousculé en prison. Le comédien continue de faire ce qu’il fait de mieux : multiplier les émotions en une seule séquence.

On est donc en terrain connu. Mais on va vite se rendre compte que Philips ne sait pas quoi raconter. Les séquences musicales, avec certes des chansons bien choisies, sont parfois intradiégétiques et parfois issues de l’imagination du personnage principal sans que ça ait de sens. Et elles ne marquent pas pour autant le récit. A croire que le réalisateur a décidé d’utiliser l’aspect musical parce qu’il avait casté une chanteuse talentueuse.

Mais il ne sait pas quoi faire non plus du personnage d’Harley Quinn. Respectant les origines écrites par Paul Dini, il n’en fait pas grand chose, si ce n’est un faire-valoir pour le Joker. Leur relation n’est montrée que de son point de vue à lui et jamais du sien à elle. Or, Lee est plus intéressante que Fleck et son obsession pour le tueur aurait mérité d’être mise en avant. De fait, Lady Gaga se retrouve à jouer un peu trop sagement un personnage qui n’a rien à dire.

Du vide donc, sous une jolie couche de peinture. On n’est pas aidés non plus par le procès lui-même, qui est forcément plan-plan vu les éléments pour lesquels le Joker est jugé, jusqu’à un verdict cousu de fils blancs depuis le début. Les quelques questions soulevées par le récit (Arthur Fleck et le Joker sont-ils une seule et même personne ?) ne trouveront pas de réponse.

Joker était sorti quand la concurrence réalisait des films creux et sans intérêts. Il nous avait surpris par son originalité et son envie de faire autre chose. Cinq après l’original et comme un écho à la séquence animée de Cholet, la suite n’est plus que l’ombre d’elle-même. Relisez donc plutôt Mad Love.

Joker Folie à Deux, de Todd Philips

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