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Critique : Insidious 2

On a parfois l’impression que The Conjuring est sorti la semaine dernière et, pourtant, le nouveau film de James Wan arrive déjà sur les écrans.

Alors qu’il est en train de tourner les nouvelles aventures de Dominic Torreto et ses petits copains, le réalisateur revient avec la suite d’un film qui nous avait bien fait flipper en 2011 : Insidious. A l’époque, nous lui avions posé quelques questions et il évoquait d’ailleurs les suites et remakes précisant « il faut que je puisse y apporter quelque chose de nouveau, de différent.« .

A-t-il apporté des innovations dans ce deuxième volet ?

 

Il est à l’origine d’une des franchises les plus lucratives du cinéma d’horreur tout en ayant réussi à se renouveler à chacun de ses films, et pourtant, il se pourrait bien que ce soit là son dernier en la matière : il s’agit bien évidemment de l’ultra doué James Wan, qui signe la première suite de sa carrière avec Insidious Chapitre 2 !
A peine nous sommes nous remis de nos émotions devant le terrible The Conjuring que le réalisateur hyper actif remet le couvert 2 mois plus tard avec la suite de ce qui reste son œuvre la plus folle, du moins la plus extravagante. Dans des délais aussi rapides et alors que Wan est déjà parti faire Fast & Furious 7, est-ce que cette nouveauté dans sa carrière est aussi soignée que ces précédentes œuvres, ou est-ce un rapide coup dans le vent dont le succès est de toute façon assuré ?

Aussi glauque que décomplexé, Insidious premier du nom réussissait un double tour de force dans le genre éculé du film de maison hanté : non seulement était-il capable de sortir des jump scares réellement inattendus et ingénieux mais surtout ne reculait-il devant rien. La seconde partie creusait rapidement mythologie et univers dans de grands élans carnavalesques que beaucoup trouvèrent hors propos là où Wan les assumait totalement dans son optique de train fantôme.
Car si James Wan a bien compris quelque chose, c’est qu’il est question avant tout de plaisir, à l’instar des nombreuses ruptures de tons permettant au spectateur de souffler avant de ré-agripper son voisin de toute ses forces. C’est ce qui faisait de The Conjuring l’un des meilleurs divertissements de l’été et d’Insidious une expérience aussi fun que saisissante.
Cependant, on pouvait émettre quelques craintes vis-à-vis du Chapitre numéro 2 pour plusieurs raisons : d’abord parce que James Wan n’a jamais réalisé de suite et ensuite parce que la fin du premier opus était ouverte certes, mais surtout cohérente avec le projet global. La part de mystère restante n’avait pas forcément besoin d’être élucidée, surtout quand on sait combien l’inconnu peut être effrayant pour nos imaginations retorses.
Du coup, enchainer directement sur la suite de l’histoire semblait casse gueule, et on voyait mal comment le tout aurait pu être aussi bon que l’original avec des délais de production ridicules malgré un budget 5 fois supérieur.
Le résultat ne s’est pas fait attendre pour donner la température pour la simple et bonne raison qu’Insidious 2 n’a rien de glorieux, bien au contraire.

Je le confesse, c’est avec la main sur le cœur et la mort dans l’âme que je vous l’annonce : James Wan s’est finalement planté ! Se prenant en pleine poire tout ce qui le menaçait depuis le début, et qu’il avait su éviter avec brio, le réalisateur semble littéralement absent du projet tant cette suite s’avère pachydermique sur tous les plans. Dès l’introduction sous forme de flash-back, on est bien loin de l’atmosphère au cordeau du premier et de ces irruptions d’horreur frappantes. Concrètement, le souci vient d’abord d’un scénario qui n’a plus rien de surprenant et qui remâche la même structure scénaristique en inversant le problème. Papa & fistons sont bien revenus de l’au-delà non sans fracas, en amenant avec eux autant de soucis que précédemment, et du coup Leigh Whannell se perd à vouloir étendre l’univers en allant piocher dans des influences monstres qu’il recrache tel quel sans avoir eu le temps de les digérer suffisamment. James Wan a toujours fonctionné en prenant compte d’influences importantes pour les endosser avec humilité et jouer intelligemment avec les codes bien connus du genre. Sauf que ce coup-ci, les indices laissés çà et là sur le déroulement de l’histoire tiennent de l’évidence même, ce qui rend tout de suite la chose ultra prévisible sans pour autant créer une quelconque appréhension.

Non content de citer pêle-mêle Psychose ou Shining sans réorchestrer ses emprunts, cette suite tord son concept dans tous les sens et annihile ce qui faisait le charme du précédent. Les fantômes ont désormais un background bien terre-à-terre qui a tout d’une arnaque en plus d’être passablement faisandé, Patrick Wilson est forcé de jouer en roue libre totale un rôle qui ne lui va plus par son absurdité soudaine, et la volonté de justifier coûte que coûte les zones d’ombres du premier film chargent la meute en incohérences nombreuses. Avec son imaginaire soudainement limité, Insidious 2 s’avère attendu dans chacune de ses intrigues et chacun de ses effets de mise en scène. Il y a bien une idée intéressante avec une mise en perspective du premier film sous un angle nouveau, mais cela fini par tomber dans la réécriture express et la réutilisation de scènes entières du premier ! D’ailleurs, il est ahurissant de voir que dans cette foire au n’importe quoi sous couvert d’une imagerie usée jusqu’à la moelle avec hôpitaux psychiatriques et j’en passe, la scène la plus flippante du film est peut être celle reprise du précédent. Il faut dire que James Wan semble absent de l’entreprise, pas un seul plan de ce nouveau chapitre n’étant aussi soigné que ceux auxquels il nous a habitué. La caméra semble avoir soudainement perdu sa légèreté et sa mobilité tant le tout s’avère rigide, et il n’y a pas un seul jump scare ou effet de surprise inédit de tout le long métrage ! Tout sent le déjà vu en moins bien, en moins inspiré et en moins motivé, le film étant au précédent ce que les suites de Saw étaient à l’original : une resucée bordélique, opportuniste et désincarnée, dont on connait les trucs jusqu’au bout des doigts à tels points que ces derniers sont exécutés sans la moindre envie. Même le casting ne semble plus y croire, et on sort de la salle avec l’envie d’oublier le film pour garder le premier comme seul et unique souvenir de cette marque en devenir qu’est Insidious. Cependant, on vous l’avoue, oublier un film d’un tel ennui n’est pas franchement difficile.

De la même manière que Saw est passé d’excellente surprise à franchise franchement foireuse et opportuniste, Insidious s’étend dans le n’importe quoi involontairement grotesque et poussif. Tandis que James Wan est en mode automatique sans se fouler une seule fois, Leigh Whannell met en place une mécanique narrative qui pourra être reprise à l’infini tant elle se montre réellement opportuniste. Vu le succès du film aux USA, la machine semble lancée et en attendant In6dious, la suite légitime du premier s’appelle encore The Conjuring, et on espère de tout cœur que James Wan réussira à se faire pardonner avec Fast & Furious 7 tant il semble avoir torché ce Chapitre 2 pour faire plaisir à son copain scénariste avant de partir vers de nouveaux horizons. Avouant en interview que The Conjuring était son chant du cygne vis-à-vis du genre, ça ne fait même aucun doute.

 

Insidious 2 – Sortie le 2 octobre 2013
Réalisé par James Wan
Avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Barbara Hershey
Après les événements du premier film, la famille Lambert tente de reprendre une vie normale, mais le monde des esprits semble en avoir décidé autrement. Aidés de Lorraine, Josh et Renai vont tenter de découvrir le secret qui les relie au monde dangereux des esprits.

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2 commentaire

  • par Claudie
    Posté lundi 30 septembre 2013 11 h 21 min 0Likes

    Et merde, j’ai tellement adoré le 1er effrayant à souhait (pas comme The conjuring ;) ) que j’avais peur d’être déçu par la suite et c’est ce qui risque d’arriver :/

  • par Philippe
    Posté dimanche 20 octobre 2013 15 h 04 min 0Likes

    Vraiment dommage! J’avais adoré The conjuring et le premier Insidious, une frissonnante réconciliation avec le cinéma d’horreur récent et l’espoir que j’avais en Insidious 2 qui avait pourtant les moyens scénaristiques et financiers d’offrir une suite à la hauteur, s’effondre doucement au fil des critiques.

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