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Critique : Il Etait Une Forêt
Ce mercredi sort dans les salles un documentaire distribué par Disney mais ne faisant pas partie du label Disneynature (pour lequel un nouveau long-métrage consacré aux grizzlis est attendus dans les prochains mois) : Il Etait Une Forêt.
Aux commandes, le français Luc Jacquet. Ce passionné de biologie a longtemps été chef opérateur sur de nombreux documentaires tout en tournant les siens. En 1992, il répond à une annonce et décroche un post en Antarctique où il découvrira les manchots, qu’il montrera ensuite au public quelques années plus tard.
Aujourd’hui il s’intéresse tout particulièrement à la genèse des premières forêts tropicales. Celles grâce à qui nous sommes là aujourd’hui. Rien de moins.
5 ans après sa première fiction, Le Renard et l’Enfants, Luc Jacquet revient au documentaire, genre qui l’a rendu célèbre avec la fameuse Marche de l’Empereur récompensée d’un Oscar en 2006. Et le metteur en scène s’intéresse cette fois au poumon de notre planète. Les forêts.
Mais à l’opposé des documentaristes se déplaçant dans une région du globe pour la filmer sans vraiment savoir à l’avance ce qu’ils ramèneront, Luc Jacquet offre avec Il Etait Une Forêt un film à la limite entre le documentaire et la fiction.
L’intention du réalisateur est bien de raconter une histoire. C’est pourquoi le film n’est pas un documentaire comme les autres. Il a été écrit et préparé à l’avance avec une idée derrière la tête : celle de raconter au spectateur la genèse d’une forêt tropicale, berceau de l’humanité. En association avec le botaniste Francis Hallé à l’origine de l’idée du film, Jacquet a donc posé ses caméras dans deux pays différents, le Pérou et le Gabon, pour livrer une histoire qui se veut sans barrière géographique et presqu’universelle.
Après un incroyable plan séquence d’ouverture qui part du sol, s’engouffre dans les bois et remonte à plusieurs dizaines de mètres au dessus du sol au sommet d’un arbre géant, l’histoire se met donc en place, montrant rapidement la déforestation voulue par l’homme, pour ensuite nous conter comment se crée une forêt. D’abord les abres primaires, hauts et majestueux, qui formeront une canopée, sorte d’immense toit végétal, puis tout l’univers de faune et de flore qui va s’installer en dessous. La vie va se (re)mettre en marche et à travers divers exemples, Jacquet va nous expliquer comment tout cela se met en place. Saviez vous par exemple que si les arbres tropicaux font des fruits, c’est d’abord et avant tout pour permettre à leurs graines, une fois mangées par les animaux, d’être transportées ?
Évidemment, la genèse d’une forêt ne se fait pas en 1h30 et le temps de tournage sous les tropiques ne peut suffire. Il fallait donc une astuce visuelle pour montrer à l’écran le temps qui passe. Jacquet utilise donc pour cela l’animation, en 2D et 3D. On va par exemple voir le sol s’ouvrir et une pousse végétale en sortir, pousse qui sera en animation. Cette manière de faire permet d’avancer rapidement dans le temps, de montrer les étapes mais donne aussi une dimension poétique au film. On n’est plus face à un documentaire mais bien face à une belle histoire, tout simplement. Luc Jacquet a en plus la bonne idée de d’inclure Francis Hallé dans son histoire et de le faire dessiner, faisant ainsi à travers ses croquis le pont entre les images réelles et les inserts animés.
Avec sa manière de faire différente, le réalisateur fait d’une forêt le personnage principal d’une histoire et préfère laisser parler les images plutôt que de chercher à apitoyer le spectateur en montrant des scènes culpabilisantes et des chiffres effrayants, comme le font nombre de ses collègues documentaristes.
Au final Il Etait Une Forêt est un beau voyage, un peu onirique grâce à différents procédés, le genre de voyage qui donne envie de faire encore un peu plus attention à une nature qui en a grand besoin.
Il Etait Une Forêt – Sortie le 13 novembre 2013
Réalisé par Luc Jacquet
Avec Francis Hallé
Pour la première fois, une forêt tropicale va naître sous nos yeux. De la première pousse à l’épanouissement des arbres géants, de la canopée en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui vont s’écouler sous nos yeux. Depuis des années, Luc Jacquet filme la nature, pour émouvoir et émerveiller les spectateurs à travers des histoires uniques et passionnantes. Sa rencontre avec le botaniste Francis Hallé a donné naissance à ce film patrimonial sur les ultimes grandes forêts primaires des tropiques, au confluent de la transmission, de la poésie et de la magie visuelle. « Il était une forêt » offre une plongée exceptionnelle dans ce monde sauvage resté dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme – du plus petit au plus grand – connecté à tous les autres, joue un rôle essentiel.