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Critique : Here

Robert Zemeckis a toujours été fasciné par le temps. Retour vers le Futur permettait à son héros de voyager dedans, et Forrest Gump voyait le sien traverser les époques. Même le Drôle de Noël de Scrooge permettait au personnage de voir son passé et son futur.
Adapter la bande dessinée (six pages parues en 1989 puis une version augmentée en 2014) de Richard McGuire était une suite tout à fait logique, d’autant qu’elle permet au réalisateur de retrouver l’un de ses acteurs fétiches – Tom Hanks (Forrest Gump, Seul au Monde, le Pôle Express, Scrooge) – à différents âges, comme pour une dernière balade ensemble à travers les époques.

Here raconte l’histoire d’une maison. Ca parait simple comme ça mais c’est en réalité bouleversant. De la préhistoire à la crise du Covid, on va suivre les différents protagonistes ayant vécu là – en particulier une famille qui l’a longuement possédée. On va suivre leurs joies, leurs peines, des mariages, des décès, des choix. La vie. L’amour. La mort. Et on va suivre en particulier un couple (Hanks qui retrouve ici Robin Wright), depuis l’enfance de l’un d’eux au moment où, très âgés, ils retrouvent les murs pour se souvenir.

Pour mettre en scène son histoire se déroulant sur plusieurs siècles, Robert Zemeckis reprend le concept de la BD : un seul angle dans le coin d’un salon. Le décor change au fil des ans, de manière parfois très malignes pour montrer le temps qui passe, mais la caméra ne bouge jamais. Il reprend une autre idée, qui va faire le sel de sa narration : il inclut, comme des cases de BDs, des inserts de différentes époques. Chaque case est choisie avec soin et intelligence pour servir le récit. Imaginez par exemple que la scène principale se déroule dans les années 80 mais que la télévision soit celle des années 60, diffusant un morceau de musique raccord avec le récit. Ce mélange des époques par petites touches est la grande idée de mise en scène, permettant une narration jamais continue mais toujours maligne.

Le déroulé se fait plus thématique que chronologique, le cycle de la vie se répétant logiquement. Différentes générations ont fait les mêmes choses au même endroit. Mais Zemeckis et Eric Roth au scénario (Munich, Benjamin Button, Forrest Gump) slaloment entre les facilités. Il y a forcément quelques clichés mais les personnages présentés sont tous suffisamment particuliers pour s’en tirer. On pardonnera alors au réalisateur quelques errances numériques maladroites, comme des visages en gros plans ratés ou des animaux en full CGI bien mal foutus. A l’inverse, vous pourrez constater qu’Alan Silvestri est toujours en très grande forme.

Il y a forcément quelque chose qui vous touchera dans Here, quelque chose qui vous ramènera à votre propre vie. Le film est encore plus marquant si vous avez un foyer, un vrai. Une maison à laquelle vous tenez, dans laquelle vous avez grandi et dont les murs représentent quelque chose pour vous. Peut-être même qu’à l’instar des deux personnages principaux vous retournez de temps en temps voir cette maison, passer devant en vous demandant ce qu’y font les nouveaux occupants.

A la fois expérimental dans sa mise en scène et universel dans son propos est un film touchant. Comme la vie, finalement.

Here, de Robert Zemeckis – Sortie en salles le 6 novembre 2024

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