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Réalisateur, scénariste, musicien. John Carney a de nombreuses cordes à sa basse. L’ancien guitariste du groupe irlandais The Frames a dirigé Cillian Murphy et Stephen Rea dans La Vie à la Folie (sorti discrètement en salles en 2002) et showrunné la série inédite en France Bachelors Walk. Mais c’est pour ces films musicaux que Carney s’est fait remarqué, à commencer par Once qui a propulsé Glen Hansard sur le devant de la scène. Il a ensuite réitéré l’exploit avec Begin Again puis Sing Street. Alors, forcément, quand un nouveau film de John Carney sort, c’est un évènement.
Flora & Son s’intéresse à une jeune femme vivant avec son fils dans un immeuble dublinois. Lui fait des conneries et se fait régulier choper par la police. Voulant lui offrir une guitare pour qu’il se trouve une occupation légale, elle se prend un refus en face pour mieux apprendre elle-même l’instrument via des cours en ligne. Et grâce à la musique, elle va mettre de l’ordre dans sa vie.
Ce qui est intéressant avec le cinéma de John Carney (et même sa série pour Prime Video), c’est que le réalisateur parvient à faire des films très différents tout en travaillant les mêmes thèmes. La musique y est toujours aussi importante, tout comme les relations humaines. Avec Flora & Son, Carney prend le contrepieds de Once ou New York Melody : on suit une débutante en musique mais quelqu’un de déjà accompli dans les relations humaines. Le résultat est moins musical puisque Flora va passer 90 minutes à apprendre la guitare et, de fait, vous repartirez avec moins de chansons en tête qu’avec le bouillonnant Sing Street.
Carney mise donc tout sur le personnage de Flora, brillamment interprétée par Eve Hewson (Robin des Bois, la série Bad Sisters) qui semble taillée pour le rôle de cette mère célibataire un poil vulgaire. Il lui écrit des dialogues plus grossiers qu’à l’accoutumé, mais compense par de très belles scènes d’échange avec Joseph Gordon-Levitt (qui incarne le prof de guitare à distance). Leurs conversations sont très belles, autant que les idées de mise en scène qui les accompagne.
Ce qui est intéressant aussi, c’est que Carney a écrit un personnage complexe dont la trajectoire n’est jamais linéaire. Il évite les clichés de la découverte de la musique pour s’intéresser à une héroïne dont la quête n’est pas vraiment évidente. Cherche-t-elle l’amour ? A renouer avec son fils ? A améliorer son quotidien ? Un peu de tout cela à la fois ? Le scénariste ne lui trace pas de ligne droite, et c’est ce qui fonctionne le mieux.
Vous serez forcément moins marqué par Flora & Son que par Once ou Sing Street. Il lui manque, et c’est normal vu l’histoire, un morceau de musique entêtant. Pour autant les quelques compositions de John Carney, co-écrites avec Gary Clark sont très belles. Et on ne peut que vous recommander de rester pendant tout le générique pour l’écouter. Parce que, oui, le résultat final est une nouvelle fois chaudement recommandé.
Flora & Son, de John Carney – Disponible sur AppleTV+