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Critique : Carême

La cuisine française moderne doit beaucoup à Marie-Antoine « Antonin » Carême. Celui qui a travaillé pour aussi bien en France pour Talleyrand et même Napoléon, qui a voyagé en Angleterre et servi le Tsar de Russie a fait incroyablement évoluer la pâtisserie, créant les premières pièces montées. Inventeur de la toque, encore portée en cuisine, il a fait évoluer l’art de la table, amenant le service à la russe (dans l’ordre d’un menu et pas tout en même temps) et beaucoup écrit sur la cuisine – des textes encore utilisés aujourd’hui. Désormais, Antonin Carême a les traits de Benjamin Voisin.

Produite par Dominique Farrugia pour Apple TV+, mise en scène par Martin Bourboulon, la série Carême rappelle quelques noms ayant travaillé sur les Trois Mousquetaires – dont Lyna Khoudri au casting. Elle compte huit épisodes et nous en avons vu trois.

La série n’est pas vendue comme une biographie fidèle du personnage historique mais bien comme l’adaptation du bouquin Cooking for Kings: The Life of Antonin Carême, The First Celebrity Chef de Ian Kelly qui signe aussi le scénario. On va donc suivre un jeune cuisiner, passionné de pâtisseries et d’architecture, s’allier à Talleyrand, homme politique français et ministre sous Napoléon Ier. Nous sommes à la fin du 18e siècle, quelques années après la Révolution. Pour faire libérer son père adoptif, opposant probable au régime, Carême va accepter de travailler dans les cuisines de Bonaparte pour mieux l’espionner.

Benjamin Voisin, sur qui tout repose, incarne un Antonin Carême moderne et rock n’roll, du genre à s’en foutre des conventions et à vivre sa vie comme bon lui semble. On est sans doute très loin du personnage historique qu’on peut imaginer mais pourquoi pas… Le comédien se donne à fond et son charme opère. Et même si la série cherche à mettre d’avantage en avant l’espionnage et la politique, on y trouve des touches de cuisine assez précises (des gâteaux pyramidaux, l’utilisation de meringues dans ses desserts) qui sont parfaitement exacts.

Les costumes sont soignés et la mise en scène honorable, Bourboulon rappelle ce qu’il a fait sur les Trois Mousquetaires – jusqu’au gimmick de réutilisation des décors historiques (la majorité des scènes d’extérieur dans Paris sont tournées dans un seul endroit). Et Lyna Khoudri tient à nouveau un rôle dans l’esprit de celui de Constance : on ne comprend pas toujours pourquoi elle est là mais elle l’est et son charme opère.

Tout n’est pas toujours malin (des scènes de sexe oral parce que le cuisiner aime le gout des choses…) mais il se dégage un certain charme du premier épisode, où tout repose sur le coté bad boy charmeur du personnage. Mais ensuite la série dégringole. Certes, nous n’avons vu que trois épisodes mais c’est en général bien suffisant. Le second est moins écrit, Carême ayant une réaction étrange débouchant sur une résolution encore plus bizarre (même si basée sur un fait historique). Et le troisième ressemble aux précédents : un peu de cuisine, mais pas trop, une intrigue de cours dans laquelle Talleyrand complote sans trop qu’on sache sur quel pied il danse et une résolution via un banquet pendant lequel notre héros doit encore voler un document.

Techniquement propre, la série se démarque des Trois Mousquetaires par sa liberté. Malheureusement, les auteurs font tout et n’importe quoi, tenant absolument à transformer le chef en espion. La série aurait pourtant mérité qu’on s’intéresse d’avantage à son parcours de cuisiner – très important dans l’histoire de la cuisine française plutôt qu’à une tentative un peu vaine de faire autre chose. On reste donc sur notre faim.

Carême, réalisée par Martin Bourboulon – Disponible sur AppleTV+ à partir du 30 avril 2025

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