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Critique : Astérix & Obélix, le Combat des Chefs

Alain Chabat est-il le René Goscinny du 21e siècle ? Après la tornade Mission Cléopâtre sorti il y a vingt-trois longues années (le meilleur Astérix live, comme le prouve ses vertigineux 14 millions de spectateurs), Chabat revient aux personnages créés par Goscinny et Albert Uderzo avec l’adaptation en série animée du Combat des Chefs. Un univers qu’il n’a jamais vraiment quitté lui qui a prêté sa voix au scénariste dans Le Petit Nicolas (2022) et qui a avoué avoir travaillé sur des scénarios pour le plaisir. Il déclarait alors (à la Cinémathèque en 2017) : « Goscinny est insurpassable« . Peut-être est-il égalable ?

Le Combat des Chefs est une énorme baffe, comme seul Obélix aime en donner. Nous en avons vu les cinq épisodes.

7e aventure d’Astérix parue en 1966, l’album raconte l’affrontement probable entre le chef du village gaulois et son adversaire gallo-romain Aplusbégalix. Si celui-ci remporte le match, il remporte aussi la tête du village. Et donc par conséquent, toute la Gaule se retrouve occupée par des Romains, puisque les irréductibles ont été conquis. Mais pour cela, il faut aussi capturer le druide Panoramix, privant de fait les villageois de la célèbre potion magique.

Du pitch de la BD, Chabat reprend l’intégralité. Il ajoute deux éléments : la présence de César sur les lieux de l’affrontement, dans un amphithéâtre créé pour l’occasion grâce à une jeune Romaine (Metadata), et un passé entre Aplusbégalix et Obélix, quand ils étaient enfants. Il ajoute, à partir de ces éléments, un final zinzin et un épisode introductif sous forme de flashback, reprenant en grande partie l’histoire de « Comment Obélix est tombé dans la marmite du druide quand il était petit » parue dans le journal Pilote en 1965 (puis en album en 1989).

Chabat disait dans son entretien à la Cinémathèque : Goscinny « avait ce talent très chic de faire des œuvres à double sens : des messages pour adultes cachés dans des albums pour enfants (…) J’adore partir du quotidien : imaginer la vie de tous les jours des Gaulois ou des Égyptiens il y a trois mille ans, ça m’amuse énormément. » On retrouve tout cela dans Le Combat des Chefs, une série finalement très différente de Mission Cléopâtre par son rythme (on vous conseille de ne pas binger les épisodes mais de les voir en deux ou trois fois) et par sa galerie de personnage. Si l’histoire se déroulant en Egypte faisait la part belle aux seconds rôles, celle-ci est une vraie histoire d’Astérix & Obélix, définitivement au premier plan et entourés de visages très familiers. Vrai passionné de Goscinny, Chabat va piocher dans plein de choses pour compléter son récit, y compris dans les films d’animation qui l’ont précédé sans oublier son humour si personnel, entre blagues sur le nazisme (si si), la pandémie ou même un clin d’oeil hilarant à Burger Quiz.

Il y a un joli crescendo dans cette histoire qui prend son temps, peut-être plus sérieuse au début et de plus en plus délirante. On est ici obligé de citer Thierry Lhermitte dans le rôle de Panoramix, plutôt sage dans les premières minutes mais qui semble s’être éclaté quand le druide devient cinglé et amnésique. Par ailleurs, Gilles Lellouche est impeccable en Obélix et Chabat s’amuse tout autant en Astérix, succédant au regretté Roger Carel (et à Christian Clavier dans le film d’Alexandre Astier).

Une série hilarante donc, portée par un casting quatre étoiles composé de tous les potes du réalisateur mais aussi une série visuellement très chouette. Le résultat est le fruit du travail de Kristof Serrand, qui avait déjà travaillé sur la Surprise de César et Astérix chez les Bretons du vivant d’Uderzo (avant de partir chez Dreamworks), d’Aurélien Prédal (Spider-Verse !) à la direction artistique, de Fabrice Joubert et les équipes de TAT Production à la réalisation et de Mathieu Alvado à l’excellente bande originale. C’est ce qui est cool, c’est de voir que le film ressemble à un Astérix, dans la veine de ce qu’avait initié Alexandre Astier tout en trouvant ses propres idées (ici, du glitch, des onomatopées sortie tout droit des cases de la BD, et une très jolie lumière).

Arrivé au bout des cinq épisodes, on se dit qu’Alain Chabat a bien bossé. La BD lui offre la possibilité d’écrire une vraie histoire gauloise (au final, Mission Cléopâtre est d’abord une histoire d’Egyptiens), plus riche mais pas moins drôle, le tout passé à la moulinette de ces vingt dernières années. Et quand on se demande comment le scénariste va faire pour conclure son histoire (rappelez-vous, le final est dingo), il en revient … à Goscinny, en toute logique. Et il ne s’arrête pas là puisque le dernier épisode bénéficie non pas d’une scène post générique, ce serait trop simple, mais d’un vrai court métrage entier en 2D (animé par Xilam !) pour se marrer une dernière fois.

On ne sait pas s’ils ont Netflix là-haut mais si René Goscinny voyait le résultat, il serait surement en train de se marrer.

Astérix & Obélix le Combat des Chefs, réalisé par Alain Chabat et Fabrice Joubert – Disponible sur Netflix le 30 avril 2025

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