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Critique : Another Earth

Another Earth est le premier film de Mike Cahill, un jeune réalisateur qui n’avait jusque là que fait du montage pour des documentaires. On lui doit notamment celui d’un film sur Leonard Cohen intitulé I’m Your Man.

Il livre un drame sous fond de science-fiction dans lequelle une jeune femme va s’introduire dans la vie d’un homme après avoir causé un accident dans sa vie. La jeune femme en question est interprétée par la très mignonne Brit Marling, également co-scénariste et productrice du film.

Autant dire que ces deux là étaient à fond sur leur projet commun. Mais est ce que ça en vaut la peine ?

 

Another Earth – Sortie le 12 octobre 2011
Réalisé par Mike Cahill
Avec Brit Marling, Matthew-Lee Erlbach, DJ Flava
Rhoda Williams, brillante jeune diplômée en astrophysique, rêve d’explorer l’espace. John Burroughs est un compositeur au sommet de sa carrière qui attend un deuxième enfant. Le soir une autre planète semblable à la Terre est découverte, la tragédie les frappe et les vies de ces étrangers deviennent inextricablement liées l’une à l’autre.

 

Comment réagiriez vous si vous deviez faire face à une personne qui n’est autre que vous ? Une question que tout le monde s’est sûrement déjà posée et que le cinéma traite régulièrement en explorant par exemple les thématiques du clonage, ou celles des jumeaux, posant donc toujours un certain intermédiaire ou une différence notable permettant de faire la distinction entre les 2 entités.
Mais que se passerait il si vous aviez réellement à faire à un autre vous même, en tout point similaire et sortant de nul part ? Tel est le point de départ de Another Earth, premier film de Mike Cahill qui débarque sur nos écrans avec toute son indépendance et après s’être fait remarqué devinez où… Et oui, au dernier festival de Sundance.

L’idée de faire face directement à nous même est synthétisée à son sens le plus simple ici puisque comme son titre l’indique, Another Earth raconte l’histoire de deux personnages dont l’existence va être quelque peu chamboulée suite à l’apparition dans notre système solaire et dans le ciel d’une 2ème Terre, à priori en tout point semblable à la nôtre.
Une ressemblance telle que la première tentative de communication avec cette dernière va être pour le moins troublante, puisque la responsable de cet appel va faire face à un interlocuteur perturbant : elle même. Même Terre à la même époque avec les mêmes habitants, de quoi faire perdre la boule à plus d’une personne, et en priorité à l’héroïne du film. Si je vous expose assez largement la toile SF de Another Earth, elle est pourtant peu présente dans le film et se révèle finalement sous-jacente tant l’intérêt pour le cinéaste n’est pas là de prime abord. Le cœur du film s’avère être donc le personnage de Rhoda, jeune adolescente passionnée d’astrologie qui va, le soir de l’apparition de la fameuse planète, est la responsable d’un accident de voiture privant un père de famille de ses biens aimés. L’irréparable est donc commis innocemment, laissant alors place à de nombreux troubles et dilemmes moraux sur la question du pardon, de la responsabilité, de l’acceptation…
Et là vous vous dites bingo : l’héroïne serait elle capable de se regarder dans la glace mais surtout de se voir en face à face pour oser de pardonner directement !
L’idée d’origine se retrouve donc au centre du long métrage, mais aussi se retrouve t’elle bien seule…

Incapable de construire un propos assez conséquent sur son sujet pour meubler une heure et demie durant, Mike Cahill va placarder cette thématique teintée de science fiction en arrière plan, pour laisser alors se dérouler une intrigue bien plus classique et redondante, dans laquelle l’adolescente déchue va s’infiltrer en tant que femme de ménage chez l’homme dont elle a brisée la vie pour en apprendre le plus possible sur ce dernier et qui sait, tout lui avouer. Another Earth n’a alors plus rien d’un trip SF indé, mais se transforme en drame contemporain classique de chez classique et n’ayant surtout pas grand chose à raconter, l’avancement de la relation entre les 2 êtres à fleur de peau allant évidemment tourner à la passion interdite. Le film va alors jongler de l’un à l’autre de ces éléments sans jamais vraiment quoi savoir en faire et en déroulant des mécaniques narratives non seulement éculées depuis un temps, mais n’ayant surtout jamais la volonté et la force nécessaires pour s’avérer poignant. Affublé d’un rythme lent permettant d’étirer en longueur des scènes dans lesquelles les acteurs regardent dans le vide en espérant que les spectateurs y verront la tristesse et le néant émotionnel qui les caractérise, Another Earth se retrouve le cul entre deux chaises, incapables d’élever une seule de ces parties. Une difficulté que l’on retrouvera jusque dans la mise en scène hyper hétérogène du film, ce dernier étant parsemé par instant d’éléments épileptiques se voulant pour le moins trip-esques dans la mollesse du reste ne vient pas achever le public. Car à trop vouloir dépeindre le vide existentiel de ses personnages, Mike Cahill finit quelque peu par ne rien filmer du tout, ou presque.
Il faut avouer que le bonhomme a eu énormément de chance en tombant sur l’actrice principale du film Brit Marling, car cette dernière relève le niveau à elle seule en réussissant à donner de l’épaisseur à son sujet. Peut être est-ce par son regard envoutant et incroyablement concerné par ce qu’il se passe, mais la jeune actrice parvient à dégager une aura malheureuse qui imprime certaines scènes d’une mélancolie inattendue et pour le moins bienvenue. De la même manière que Kirsten Dunst dans le dernier Lars Von Trier, l’actrice fait des étincelles et relève quelque peu la galère à elle seule, même si il faut bien admettre que pour le coup, le réalisateur ne l’aide vraiment pas. Remarque, c’est déjà ça.

Etrange, lunatique, lent et finalement aussi paumé que ses protagonistes, Another Earth se planterait la tête la première si il n’était pas sauvé par un ange dont le regard triste en dit bien plus que tout le scénario. Malgré une tentative de drame teinté de SF pour le moins intéressante sur le papier, le résultat peine sérieusement à trouver de la substance et ne reposera que sur l’effet hypnotique qu’il provoquera peut être chez certains spectateurs hallucinés pour maintenir sa petite réputation. Toujours est il qu’il aura servi de tremplin à Brit Marling, et c’est finalement là sa seule utilité.

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