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Il y a déjà vingt trois ans, Danny Boyle et Alex Garland bousculaient le film de zombies avec 28 Jours Plus Tard. Récompensé du Prix HR Giger au Festival de Neuchâtel (notre chouchou le NIFFF), le film nous montrait Cillian Murphy errant dans un Londres vide avant d’échapper à des hordes de zombies. On pensait la franchise terminée avec la suite de Juan Carlos Fresnadillo. Mais en 2025, tout est désormais possible quand il s’agit d’une franchise à succès. Et Boyle & Garland avaient encore des choses à raconter.
28 ans après le début de la contamination, l’Angleterre est devenue une ile sous quarantaine. Un village résiste, sur l’ïle de Lindisfarne, qui a la particularité d’être connectée à l’Angleterre uniquement à marée basse, protégeant le lieu des invasions. Là-bas, un jeune garçon fait sa première sortie avec son père. Mais une fois de retour, il va se rendre compte que les gens lui mentent. Et qu’il pourrait venir en aide à sa mère malade.
Le cinéma de 2025 nous a donné de mauvaises habitudes : de fausses suites déguisées en reboot, des productions titillant la nostalgie du spectateur à grand coup de clins d’oeils et des histoires simples misant sur l’action. A près de 70 ans et toujours punk, Danny Boyle n’en a pas grand chose à foutre. 28 Ans Plus Tard est l’histoire qu’il a voulu raconter, faisant fi des habitudes et livrant un film déroutant. Ne vous fiez donc pas à sa promo, qui pioche majoritairement dans le premier acte.
Vous pensiez suivre un père et son fils, un duo fast Last of Us, mais le film va se révéler d’être le parcours initiatique d’un gamin – une histoire quasi issus du monomythe cher à Jospeh Campbell – porté par le jeune et absolument impeccable Alfie Williams. Boyle et Garland, eux, à travers ce garçon qui grandit trop vite nous parle de la vie et de la mort à travers différentes séquences surprenantes et un rythme en dent de scie. Le boss de fin est au milieu du récit, l’histoire s’adoucit à la fin de son second acte pour offrir une conclusion anti-spectaculaire mais tout fonctionne et sert l’histoire. Seul le spectateur, qui a de mauvaises habitudes modernes, est pris à rebrousse poil.
Filmé à l’iPhone (auquel ont été branché tout un tas de trucs) par un réalisateur qui a envie se faire plaisir, le film alterne images de Boyle et séquences d’archives (dont la lecture d’un poème de Rudyard Kipling en voix off) pour souligner un propos mais aussi quelques plans superbes. Ces séquences de tir à l’arc où l’action se met sur pause, wow. L’image est parfois crasseuse, parfois maculée de glitchs et surtout soulignée par une très chouette bande-son composée de par Young Fathers, très punk elle aussi.
Et si vous veniez pour les zombies, sachez qu’ils sont bien là. Tous nus et souvent dégueus. Dans des moments de grande tension comme Boyle nous y avait habitué dans le premier volet. En attendant d’en voir d’avantage dans la suite, puisque le film est la première pierre d’une trilogie. La seconde partie, sous-titrée The Bone Temple, a été tournée par Nia DaCosta avec le même casting dans la foulée du premier volet. Avec toujours Alex Garland à l’écriture.
Et au vu de ce qu’on vient de découvrir, on est forcément curieux, voire enthousiaste.
28 Ans Plus Tard, de Danny Boyle – Sortie en salles le 19 juin 2025